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Travail

Absence de travail attribué : Quels sont mes recours ?

Estelle Marant
Collaboratrice

Que faire quand votre employeur ne vous donne pas de travail ?

Dans le milieu professionnel, l'existence d'un contrat de travail engage non seulement le salarié à accomplir les tâches requises, mais impose également à l'employeur l'obligation de fournir un travail conforme aux compétences et au poste défini dans le contrat.

Cette relation contractuelle, fondée sur la réciprocité des engagements, garantit la stabilité et l'équité professionnelle.

Toutefois, des situations où l'employeur ne remplit pas cette obligation fondamentale peuvent survenir, laissant le salarié face à un manque d'activité non seulement frustrant mais aussi préjudiciable à son développement professionnel.

Cet article se propose d'explorer les différents recours légaux et pratiques disponibles pour un salarié confronté à une telle négligence de la part de son employeur, afin de rétablir ses droits et de corriger cette situation délicate.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Le principe du contrat de travail
  3. Obligation de l'employeur de fournir du travail
  4. Recours en cas de non-attribution de travail
  5. FAQ

Le principe du contrat de travail

Le principe du contrat de travail est essentiel pour comprendre les dynamiques et les obligations qui régissent les relations entre employeurs et salariés.

Ce contrat, bien plus qu'un simple document, agit comme le socle sur lequel repose la structure organisationnelle et fonctionnelle de l'entreprise en ce qui concerne ses employés.

Juridiquement, le contrat de travail est encadré par des normes précises du Code civil, spécifiquement les articles 1103 et 1194. L'article 1103 établit que toute convention légalement formée doit être tenue comme une loi pour ceux qui l'ont établie.

Cela implique que dès qu'un employeur et un salarié signent un contrat de travail, ils sont tous deux liés par une obligation de force, c’est-à-dire une obligation contractuelle qui les contraint à respecter scrupuleusement les termes convenus dans le contrat.

L'article 1194 du Code civil vient compléter cette disposition en stipulant que les contrats doivent être exécutés de bonne foi.

Cette clause de bonne foi oblige les parties à agir avec honnêteté et loyauté l'une envers l'autre, et à s'assurer que leurs actions ne vont pas à l'encontre des intérêts légitimes de l'autre partie.

Cela signifie, par exemple, que l'employeur doit fournir du travail conforme aux compétences du salarié et en rapport avec sa position dans l'entreprise, tandis que le salarié doit exécuter ses tâches avec diligence et intégrité.

Ainsi, le contrat de travail n'est pas seulement un accord sur le travail à effectuer et la rémunération à recevoir; il est aussi un accord qui engage les parties à coopérer de manière constructive pour atteindre les objectifs de l'entreprise tout en respectant mutuellement leurs droits et responsabilités.

En cas de non-respect de ces engagements, des recours légaux peuvent être envisagés pour résoudre les conflits, garantissant ainsi que justice soit faite, conformément aux principes établis par le Code civil.

L'obligation de l'employeur de fournir du travail

Bien que le Code du travail français ne mentionne pas explicitement l'obligation pour l'employeur de fournir du travail à son employé, cette responsabilité est fermement établie par la jurisprudence.

Un arrêt significatif de la Cour de cassation, en date du 3 mai 2012 (n° 10-21.396), a clairement positionné que l'employeur ne peut pas se soustraire à cette obligation essentielle.

Cet arrêt souligne que fournir du travail au salarié n'est pas une option mais une obligation légale, indispensable à l'équilibre contractuel et à la justice sociale au travail.

La non-fourniture de travail peut être perçue comme une faute de l'employeur, ayant des conséquences directes sur la situation du salarié.

Notamment, cela perturbe non seulement la carrière professionnelle du salarié mais aussi sa rémunération, étant donné que celle-ci est directement liée à l'activité laborieuse.

Dans ce contexte, le salarié est en droit de réclamer des dommages-intérêts pour compenser le préjudice subi du fait de cette carence.

À noter : Si l'employeur donne des instructions à un employé pour ne pas se présenter au travail, cette directive doit être formalisée par écrit.

Une instruction verbale pourrait être interprétée comme un abandon de poste, ce qui, aux yeux de la loi, pourrait être assimilé à une démission implicite.

Cette situation peut gravement désavantager le salarié, notamment en ce qui concerne ses droits aux allocations de chômage et autres indemnités de départ.

Recours en cas de non-attribution de travail

Engagement de la responsabilité contractuelle

Lorsqu'un employeur manque à son obligation de fournir du travail, le salarié est en droit d'engager sa responsabilité contractuelle.

Cette démarche juridique permet au salarié de réclamer des dommages-intérêts pour le préjudice subi, notamment la perte de salaire et les impacts négatifs sur sa carrière professionnelle.

L'action en responsabilité contractuelle repose sur la violation des termes convenus dans le contrat de travail, où l'employeur a failli à sa mission principale de fournir un emploi conforme aux compétences et au poste du salarié.

Prise d'acte de la rupture

Un autre recours ouvert au salarié est la prise d'acte de la rupture du contrat de travail.

Cette procédure assez radicale permet au salarié de rompre unilatéralement son contrat de travail, sans préavis, en raison de manquements graves de l'employeur à ses obligations.

La prise d'acte de la rupture est déclarative et doit être suivie par une saisie judiciaire pour être validée.

Elle est considérée comme un licenciement si les manquements de l'employeur sont reconnus comme légitimes par le juge.

Saisie du conseil de prud'hommes

Suite à une prise d'acte de la rupture, le salarié doit impérativement saisir le Conseil de prud'hommes pour faire reconnaître la validité de son action et pour que la rupture soit jugée comme un licenciement sans cause réelle et sérieuse.

Le Conseil de prud'hommes évaluera les preuves présentées par le salarié et déterminera si les manquements de l'employeur justifient la rupture.

Si le jugement est favorable au salarié, ce dernier peut se voir attribuer des indemnités compensatoires qui incluent les salaires dus jusqu'à la fin du préavis, les dommages pour licenciement abusif, et parfois d'autres formes de réparation selon les circonstances.

En conclusion, face à la non-attribution de travail, le salarié dispose de plusieurs moyens de pression et de recours légaux pour faire valoir ses droits et obtenir réparation des préjudices subis.

Ces actions doivent être considérées sérieusement et menées avec prudence, idéalement avec l'assistance d'un avocat spécialisé en droit du travail pour garantir le respect des procédures et optimiser les chances de succès.

Conclusion

Il est essentiel pour les salariés de connaître leurs droits et les moyens d'action disponibles lorsque confrontés à une carence de travail de la part de leur employeur.

La législation et la jurisprudence offrent des protections solides, mais la connaissance de ces dernières est indispensable pour naviguer efficacement dans ces situations complexes.

Pour plus d'informations sur vos droits et les démarches à suivre, consultez defendstesdroits.fr.

FAQ

1. Quels sont mes droits si mon employeur ne me donne pas de travail ?

Il est essentiel de savoir que l'employeur a l'obligation légale de fournir du travail à ses employés. En cas de non-respect de cette obligation, plusieurs recours sont disponibles.

2. Puis-je demander des dommages-intérêts si mon employeur ne me fournit pas de travail ?

Oui, vous pouvez engager la responsabilité contractuelle de votre employeur et demander des dommages-intérêts pour le préjudice subi du fait de la non-attribution de travail.

3. Qu'est-ce que la prise d'acte de la rupture du contrat de travail ?

La prise d'acte de la rupture permet au salarié de rompre unilatéralement son contrat de travail sans préavis, en cas de manquements graves de l'employeur à ses obligations contractuelles.

4. Comment fonctionne la saisie du Conseil de Prud'hommes dans ce contexte ?

Après une prise d'acte de la rupture, le salarié doit saisir le Conseil de Prud'hommes pour faire valider la rupture comme un licenciement sans cause réelle et sérieuse, ce qui peut entraîner des indemnités.

5. Que faire si on me conseille de ne pas venir travailler ?

Ne suivez pas cette instruction sans un accord écrit. Une absence non justifiée peut être interprétée comme un abandon de poste, équivalant à une démission implicite.

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