Succession

Acte de notoriété : à quoi il sert et quand il devient obligatoire

Estelle Marant
Collaboratrice
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Prouver sa qualité d’héritier : l’utilité de l’acte de notoriété

Lors du décès d’un proche, les héritiers doivent accomplir une série de démarches pour faire valoir leurs droits sur le patrimoine du défunt. Parmi ces formalités, l’acte de notoriété occupe une place centrale.

Ce document notarié atteste juridiquement de la qualité d’héritier et permet d'intervenir dans les procédures liées à la liquidation de la succession. Sur le site defendstesdroits.fr, nous vous aidons à comprendre l’enjeu de cet acte à travers une analyse juridique approfondie fondée sur les textes du Code civil.

Sommaire

  1. Définition de l’acte de notoriété
  2. L’acte de notoriété est-il obligatoire
  3. Utilité de l’acte de notoriété pour les héritiers
  4. Procédure d’établissement de l’acte de notoriété
  5. Coût de l’acte de notoriété
  6. Litiges liés à l’acte de notoriété
  7. FAQ

Qu’est-ce qu’un acte de notoriété ?

L’acte de notoriété est défini par les articles 730 à 730-3 du Code civil, introduits par la loi n° 2006-728 du 23 juin 2006. Ce document, rédigé par un notaire, établit l’existence et l'identité des héritiers légaux ou testamentaires du défunt.

Conformément à l’article 730-1 du Code civil, l’acte de notoriété constate la qualité d’héritier « par tous moyens, notamment par les déclarations faites devant notaire par les personnes qui s’en prétendent ». Il s’agit donc d’un acte authentique à forte valeur probante qui permet aux héritiers de faire valoir leurs droits auprès des tiers (banques, administrations, assureurs...).

L’acte de notoriété est-il obligatoire ?

L’établissement d’un acte de notoriété n’est pas systématiquement requis par la loi. Toutefois, il devient indispensable dans plusieurs hypothèses, prévues par la pratique et le besoin de sécurisation juridique :

  • Le patrimoine du défunt excède 5 000 euros (seuil retenu par les établissements bancaires pour débloquer les fonds).
  • Le défunt possédait des biens immobiliers, ce qui implique l’intervention d’un notaire pour les formalités d’attestation immobilière.
  • La présence d’un héritier mineur, impliquant des garanties spécifiques.
  • L’existence de libéralités, telles que des testaments ou donations, ou d’un contrat de mariage pouvant influencer la dévolution successorale.

Même en dehors de ces cas, de nombreux organismes exigent la production de l’acte de notoriété pour traiter avec les héritiers, ce qui rend cet acte quasiment incontournable en pratique.

À quoi sert l’acte de notoriété ?

L’objectif principal de l’acte de notoriété est de prouver votre qualité d’héritier, élément indispensable pour procéder aux démarches liées à la succession. En possession de ce document, vous pouvez notamment :

  • Retirer des fonds sur les comptes bancaires du défunt, dans la limite de votre quote-part.
  • Clôturer ces comptes une fois la succession réglée.
  • Modifier l’immatriculation d’un véhicule du défunt à votre nom.
  • Résilier des contrats (énergie, téléphone, Internet) au nom du défunt.
  • Faire suivre le courrier du défunt à une nouvelle adresse.
  • Faire valoir vos droits auprès des organismes sociaux (allocation veuvage, capital décès, pension de réversion, assurance-vie…).

L’acte est donc un instrument de légitimation juridique et un outil de simplification administrative dans un contexte souvent émotionnellement éprouvant.

Comment l’acte de notoriété est-il établi ?

Seul un notaire est habilité à établir un acte de notoriété. La procédure est encadrée par les règles du Code civil et par le décret n° 78-262 du 8 mars 1978 fixant le tarif des notaires.

Étapes de l’établissement de l’acte :

  1. Choix du notaire : vous pouvez vous tourner vers votre notaire habituel ou désigner un autre professionnel.
  2. Réunion des héritiers : le notaire reçoit les personnes se disant héritières et les invite à produire les justificatifs (livret de famille, acte de décès, acte de naissance, etc.).
  3. Consultation du Fichier Central des Dispositions de Dernières Volontés (FCDDV) : pour vérifier l’existence éventuelle d’un testament enregistré.
  4. Vérification du contrat de mariage, s’il y a lieu, pour déterminer les droits du conjoint survivant.
  5. Rédaction de l’acte : le notaire dresse l’acte, qui mentionne :
    • l’identité complète des héritiers ;
    • leur lien de parenté avec le défunt ;
    • leur quote-part dans la succession, déterminée selon les règles des articles 734 à 755 du Code civil.

Chaque héritier reçoit une copie authentique de l’acte, utile pour toutes les démarches ultérieures.

Quel est le coût d’un acte de notoriété ?

Le tarif de l’acte de notoriété est réglementé. Selon le barème fixé par l’article A. 444-53 du Code de commerce, le coût en 2024 est de 57,69 euros hors taxes, auxquels s’ajoutent la TVA ainsi que les frais annexes éventuels (recherches au FCDDV, copies, débours…).

Ce montant peut varier légèrement selon les actes complémentaires nécessaires, mais le tarif de base est fixe : il est donc inutile de comparer les prix entre notaires.

Que faire en cas de contestation de l’acte ?

Il peut arriver que la rédaction de l’acte de notoriété soit contestée, notamment si un héritier est omis ou si la répartition des parts est litigieuse.

Dans ce cas, plusieurs recours sont possibles :

  • Saisine du juge du contentieux de la protection, ou du tribunal judiciaire compétent, sur le fondement des articles 1004 et suivants du Code de procédure civile.
  • Assistance d’un avocat spécialisé en droit des successions, qui peut :
    • solliciter l’ouverture judiciaire de la succession ;
    • demander l’annulation ou la rectification de l’acte de notoriété ;
    • accompagner dans les négociations en cas de désaccord entre cohéritiers.

Un litige sur l’acte de notoriété peut aussi révéler une contestation plus large sur l’ensemble de la dévolution successorale, notamment en présence de testaments litigieux, de donations déguisées ou de libéralités indirectes.

Conclusion

En définitive, l’acte de notoriété constitue un outil juridique fondamental pour sécuriser l’ouverture et le règlement d’une succession. Il permet d’établir officiellement la qualité d’héritier, de faciliter les démarches administratives, et d’éviter tout litige quant à l’identité des ayants droit.

Bien qu’il ne soit pas toujours obligatoire, sa valeur probante en fait un document essentiel dans la majorité des successions.

En cas de doute ou de conflit, le recours à un avocat en droit des successions reste fortement recommandé pour faire valoir vos droits et préserver vos intérêts. Pour toute question ou besoin d'accompagnement, vous pouvez consulter les ressources juridiques fiables disponibles sur defendstesdroits.fr.

FAQ

À quoi sert un acte de notoriété dans une succession ?

L’acte de notoriété sert à prouver juridiquement la qualité d’héritier d’une ou plusieurs personnes après un décès. Il est établi par un notaire et permet aux héritiers désignés d’agir au nom de la succession. Grâce à ce document, ils peuvent notamment :

  • débloquer les fonds bancaires du défunt dans la limite de leur part d’héritage ;
  • effectuer des démarches administratives (clôture de contrats, changement de titulaire de carte grise, demande de pension de réversion, etc.) ;
  • prouver leur qualité d’héritier auprès des organismes publics et privés (assurances, caisses de retraite, notaires tiers…).

Il constitue un acte authentique de grande valeur probante et est souvent exigé même lorsque la loi ne le rend pas obligatoire.

L’acte de notoriété est-il toujours obligatoire après un décès ?

Non, l’acte de notoriété n’est pas obligatoire dans tous les cas, mais il est souvent exigé en pratique, surtout lorsque :

  • le patrimoine du défunt dépasse 5 000 € ;
  • la succession comporte un ou plusieurs biens immobiliers ;
  • un héritier est mineur ;
  • il existe un testament, une donation ou un contrat de mariage.

En réalité, même en l’absence d’obligation légale, les établissements bancaires, les compagnies d’assurances ou les administrations publiques réclament quasi systématiquement cet acte avant d’effectuer la moindre opération sur le patrimoine du défunt.

Comment le notaire établit-il un acte de notoriété ?

Le notaire établit l’acte de notoriété après avoir vérifié plusieurs éléments. Il reçoit les héritiers présumés, collecte les pièces justificatives (actes d’état civil, livret de famille, acte de décès), et consulte le Fichier Central des Dispositions de Dernières Volontés (FCDDV) afin de vérifier l’existence d’un testament. Il peut également consulter les actes de mariage pour déterminer l’impact du régime matrimonial sur la succession.

Le notaire dresse ensuite un acte listant :

  • l’identité des héritiers ;
  • le lien de parenté avec le défunt ;
  • la quote-part de chacun dans la succession, selon les règles du Code civil.

Chaque héritier reçoit une copie officielle de cet acte pour l’utiliser dans ses démarches.

Quel est le prix d’un acte de notoriété chez le notaire ?

Le tarif de l’acte de notoriété est réglementé par l’État. En 2024, le coût s’élève à 57,69 € hors taxes (environ 69 € TTC), conformément à l’article A. 444-53 du Code de commerce. Ce montant inclut uniquement l’établissement de l’acte lui-même.

Des frais annexes peuvent cependant s’ajouter, notamment pour :

  • la consultation du FCDDV ;
  • l’obtention de copies d’actes d’état civil ;
  • les frais de formalités supplémentaires en cas de succession complexe.

Il est important de noter que les émoluments notariés sont les mêmes quel que soit le professionnel choisi, car ils sont fixés par décret.

Que faire si un héritier est oublié ou conteste l’acte de notoriété ?

En cas d’erreur ou d’omission d’un héritier, ou si un litige survient concernant la qualité ou la part d’un héritier, plusieurs recours sont possibles. L’héritier lésé peut :

  • demander au notaire une rectification de l’acte, s’il s’agit d’une simple erreur matérielle ;
  • saisir le tribunal judiciaire compétent pour faire reconnaître sa qualité d’héritier ou contester celle d’un autre (conformément aux articles 730 et suivants du Code civil) ;
  • se faire assister par un avocat en droit des successions, notamment si un conflit sérieux oppose plusieurs ayants droit.

Dans certains cas, il peut être nécessaire d’intenter une action en pétition d’hérédité pour faire reconnaître sa part légitime dans la succession.

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