Consommation

Arnaques publicitaires sur les réseaux sociaux : Quels recours contre Facebook et Google ?

Estelle Marant
Collaboratrice
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Facebook et Google face aux accusations de publicité frauduleuse

Sommaire

  1. Introduction
  2. La répression des publicités mensongères
  3. Les plateformes en ligne : hébergeurs ou éditeurs ?
  4. Le devoir de vigilance et la neutralité des intermédiaires techniques
  5. Les implications pour Facebook et Google
  6. Conclusion
  7. FAQ

Les publicités en ligne, omniprésentes sur les plateformes comme Facebook et Google, sont devenues un élément incontournable du paysage numérique.

Toutefois, parmi ces publicités, certaines sont trompeuses, voire frauduleuses, soulevant la question de la responsabilité des géants du web.

Peut-on engager leur responsabilité lorsqu'une publicité s'avère être une arnaque ? Cet article explore les contours juridiques de cette problématique en s'appuyant sur les références légales applicables en France.

La répression des publicités mensongères

Le cadre juridique français réprime sévèrement les publicités mensongères, définies comme des pratiques commerciales trompeuses par l'article L.121-1 du Code de la consommation.

Selon cet article, une publicité est qualifiée de trompeuse lorsqu'elle repose sur des allégations fausses ou de nature à induire en erreur. Ces allégations peuvent concerner divers aspects du produit ou service promu, tels que l'existence, la nature, la composition, les avantages, les risques, la quantité ou encore l'origine géographique.

La responsabilité principale de cette publicité trompeuse incombe à l'annonceur, c'est-à-dire la personne physique ou morale pour le compte de laquelle la publicité a été faite. Même en l'absence de mauvaise foi, l'annonceur peut être tenu responsable.

L'article L.121-2 précise en effet que la preuve de la mauvaise foi n'est pas nécessaire pour établir cette responsabilité, ce qui signifie que l'annonceur peut être condamné, qu'il ait ou non l'intention de tromper.

Quant au publicitaire, c'est-à-dire celui qui réalise ou diffuse la publicité, il peut également voir sa responsabilité engagée s'il est prouvé qu'il a participé à la diffusion de la publicité mensongère. Dans ce cas, il peut être poursuivi en tant que complice ou coauteur.

Cette possibilité de poursuite souligne l'importance de la vigilance à laquelle sont tenus les publicitaires dans la réalisation et la diffusion des annonces.

Ils doivent s'assurer que le contenu qu'ils produisent ou diffusent ne contient pas d'éléments de nature à tromper le consommateur, sous peine d'être tenus responsables pénalement ou civilement.

Le régime de répression des publicités mensongères vise donc à protéger les consommateurs en imposant une responsabilité stricte aux annonceurs et publicitaires. Il place sur eux la charge de vérifier que les informations diffusées dans les publicités sont exactes et ne sont pas de nature à induire en erreur le public.

Les plateformes en ligne : hébergeurs ou éditeurs ?

La question de la responsabilité des plateformes comme Facebook et Google est complexe en raison de leur statut juridique ambigu. Ces plateformes sont-elles des hébergeurs ou des éditeurs ? Cette distinction est importante car elle détermine le régime de responsabilité applicable.

Selon l'article 6 de la loi pour la confiance dans l'économie numérique (LCEN) du 21 juin 2004, un hébergeur est défini comme un prestataire offrant un service de stockage de contenu pour le compte d'autrui.

En d'autres termes, l'hébergeur se contente de stocker des informations fournies par un tiers sans intervenir sur leur contenu. Ce statut permet aux hébergeurs de bénéficier d'un régime de responsabilité allégé.

Les juges européens et français, notamment dans l'affaire Google AdWords, ont confirmé que la commercialisation de publicités par ces plateformes n'altère pas leur statut d'hébergeur, tant qu'elles n'interviennent pas activement dans le contenu des publicités diffusées.

Cette interprétation signifie que tant que les plateformes se limitent à un rôle technique et passif, elles continuent à être considérées comme des hébergeurs, et non comme des éditeurs.

La Cour de justice de l'Union européenne a précisé que les hébergeurs ne peuvent être tenus responsables que s'ils ont eu connaissance effective du caractère illicite des données stockées et qu'ils n'ont pas agi promptement pour les retirer.

Cette disposition vise à protéger les hébergeurs contre une responsabilité excessive, tout en leur imposant un devoir d'intervention dès lors qu'ils sont informés du caractère illégal d'un contenu.

Ainsi, les plateformes comme Facebook et Google, bien qu'elles commercialisent des espaces publicitaires, continuent à bénéficier du statut d'hébergeur tant qu'elles n'interviennent pas de manière active dans la création ou la modification du contenu publicitaire.

Toutefois, ce statut n'exonère pas totalement leur responsabilité : dès lors qu'elles sont informées de l'illicéité d'une publicité, elles doivent agir rapidement pour la supprimer, sous peine de voir leur responsabilité engagée.

Le devoir de vigilance et la neutralité des intermédiaires techniques

La loi pour la confiance dans l'économie numérique (LCEN) a introduit un régime de responsabilité allégé pour les hébergeurs, fondé sur le principe de neutralité du réseau internet.

Ce régime vise à protéger les hébergeurs contre une responsabilité excessive, en reconnaissant leur rôle de simples intermédiaires techniques. En vertu de ce régime, les hébergeurs ne sont pas tenus à une obligation générale de surveillance des contenus qu'ils stockent pour le compte d'autrui.

Ce principe de neutralité signifie que les hébergeurs ne doivent pas être considérés comme responsables des contenus illicites hébergés sur leurs serveurs, à moins qu'ils n'aient eu connaissance effective de leur caractère illicite.

Cependant, une fois qu'un hébergeur est informé du caractère illicite d'une publicité, que ce soit par une notification d'un utilisateur ou par une décision judiciaire, il a l'obligation légale d'agir rapidement pour retirer ce contenu. À défaut, sa responsabilité peut être engagée.

Le Conseil constitutionnel a renforcé cette position en émettant une réserve d'interprétation quant à la LCEN. Il a précisé que l'hébergeur peut voir sa responsabilité engagée s'il ne retire pas une publicité dont le caractère illicite est manifeste ou si un juge a ordonné son retrait.

Cette disposition vise à garantir que les hébergeurs ne puissent pas se soustraire à leurs responsabilités en invoquant leur neutralité technique, tout en leur évitant une charge excessive de contrôle préventif des contenus.

Ainsi, bien que les hébergeurs bénéficient d'une protection juridique les exonérant d'une surveillance généralisée, ils sont tenus à un devoir de vigilance dès lors qu'ils sont informés de la présence de contenus illicites.

Ce devoir de vigilance est essentiel pour garantir que les hébergeurs jouent un rôle actif dans la lutte contre les publicités mensongères et les autres formes de contenus illicites en ligne.

Les implications pour Facebook et Google

Dans ce contexte, Facebook et Google bénéficient du statut d'hébergeurs lorsqu'ils diffusent des publicités pour le compte d'annonceurs tiers. Ce statut leur permet de profiter d'un régime de responsabilité allégé, fondé sur le principe de neutralité des intermédiaires techniques.

En tant qu'hébergeurs, ces plateformes ne sont pas tenues de surveiller activement les contenus publicitaires qu'elles hébergent. Cependant, ce principe de neutralité connaît des exceptions importantes.

La responsabilité de Facebook et Google peut être engagée si, après avoir été informés du caractère illicite d'une publicité, ils n'agissent pas pour la retirer rapidement. Cette obligation d'intervention est essentielle pour garantir que les contenus illicites ne continuent pas de circuler sur leurs plateformes.

En ne retirant pas une publicité illégale après en avoir été informés, ces plateformes peuvent être tenues responsables des préjudices subis par les consommateurs, selon les dispositions de la LCEN et la jurisprudence.

Ainsi, les consommateurs victimes d'une publicité mensongère peuvent engager la responsabilité de ces plateformes sous certaines conditions. Toutefois, cette responsabilité reste limitée par le cadre juridique actuel, qui protège les hébergeurs tant qu'ils respectent leurs obligations spécifiques.

En pratique, cela signifie que tant que Facebook et Google agissent rapidement après avoir été informés du caractère illicite d'une publicité, ils ne peuvent être tenus pour responsables des dommages causés par cette publicité.

Cependant, si ces plateformes échouent à respecter ce devoir d'intervention, elles risquent de perdre la protection accordée par leur statut d'hébergeur.

Il est donc important pour Facebook et Google de maintenir une vigilance constante et de mettre en place des mécanismes efficaces pour traiter rapidement les signalements de contenus illicites, afin de minimiser les risques juridiques.

Dans un environnement juridique en constante évolution, où les consommateurs deviennent de plus en plus conscients de leurs droits, ces obligations spécifiques prennent une importance croissante pour les plateformes en ligne, qui doivent concilier leur modèle économique avec les exigences légales de protection des consommateurs.

Conclusion

En somme, le cadre juridique actuel encadre strictement la diffusion de publicités mensongères, imposant une responsabilité claire aux annonceurs et aux publicitaires.

Cependant, les plateformes comme Facebook et Google, bien que protégées par leur statut d'hébergeurs, doivent respecter des obligations spécifiques pour éviter toute responsabilité en cas de contenus illicites.

Le respect de ces obligations est essentiel pour maintenir l'équilibre entre la neutralité des intermédiaires techniques et la protection des consommateurs contre les arnaques en ligne.

FAQ

Qu'est-ce qu'une publicité mensongère sur Facebook ou Google ?
Une publicité mensongère est une annonce qui véhicule des informations fausses ou trompeuses, visant à induire en erreur les consommateurs. Sur des plateformes comme Facebook et Google, ces publicités peuvent prétendre offrir des produits ou services qui ne correspondent pas à la réalité, exagérer les bénéfices ou cacher les risques associés. En France, de telles pratiques sont encadrées par le Code de la consommation, qui les considère comme des pratiques commerciales trompeuses et les rend passibles de sanctions pénales et civiles. La loi impose aux annonceurs de s'assurer que leurs publicités sont honnêtes et transparentes, sous peine de poursuites.

Comment les consommateurs peuvent-ils signaler une publicité frauduleuse en ligne ?
Les consommateurs qui identifient une publicité frauduleuse peuvent la signaler directement via les options de signalement intégrées sur Facebook et Google. Ces plateformes disposent de mécanismes permettant aux utilisateurs de dénoncer les contenus qu'ils estiment trompeurs. Une fois signalée, la publicité est examinée par l'équipe de modération, qui peut décider de la retirer si elle enfreint les politiques de la plateforme. En complément, les consommateurs peuvent porter plainte auprès de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), qui est habilitée à enquêter sur les pratiques commerciales déloyales. Enfin, il est possible d'engager une action en justice pour obtenir réparation du préjudice subi.

Facebook et Google peuvent-ils être tenus responsables des arnaques publicitaires ?
Bien que Facebook et Google bénéficient du statut d'hébergeur, leur responsabilité peut être engagée sous certaines conditions. Selon la loi pour la confiance dans l'économie numérique (LCEN), ces plateformes ne sont pas responsables des contenus qu'elles hébergent à moins qu'elles n'aient eu connaissance du caractère illicite d'une publicité et qu'elles n'aient pas agi pour la retirer rapidement. En d'autres termes, si une publicité frauduleuse est signalée et que la plateforme n'intervient pas pour la supprimer, elle peut être tenue responsable des dommages subis par les utilisateurs. La jurisprudence a également renforcé cette obligation d'intervention, soulignant que la neutralité des intermédiaires techniques ne doit pas être un prétexte à l'inaction face à des contenus manifestement illicites.

Quels sont les recours juridiques contre une publicité mensongère vue sur Facebook ou Google ?
Les victimes de publicités mensongères disposent de plusieurs recours juridiques pour faire valoir leurs droits. Elles peuvent d'abord signaler la publicité directement sur la plateforme concernée, ce qui peut entraîner son retrait. Si le signalement reste sans effet ou si le préjudice est important, elles peuvent déposer une plainte auprès de la DGCCRF, qui a le pouvoir de mener des enquêtes et de sanctionner les pratiques commerciales trompeuses. En parallèle, une action en justice peut être engagée pour obtenir des dommages et intérêts en réparation du préjudice subi. Cette action peut viser tant l'annonceur que la plateforme si cette dernière n'a pas respecté ses obligations de retrait. Enfin, une plainte pénale peut être envisagée pour poursuivre les responsables des pratiques trompeuses.

Comment les hébergeurs comme Facebook et Google doivent-ils réagir face à une publicité illicite ?
Les hébergeurs comme Facebook et Google ont l'obligation de réagir promptement lorsqu'ils sont informés de l'illicéité d'une publicité. Une fois qu'ils ont connaissance de la nature frauduleuse ou trompeuse d'une publicité, ils doivent la retirer immédiatement pour éviter de voir leur responsabilité engagée. Cette obligation repose sur le principe de neutralité des intermédiaires techniques, qui impose une obligation de retrait mais non de surveillance proactive. En pratique, cela signifie que ces plateformes doivent disposer de mécanismes efficaces de signalement et de traitement des contenus illicites, afin de répondre rapidement aux alertes des utilisateurs et de se conformer aux exigences légales. Le non-respect de cette obligation peut entraîner des sanctions, même si le cadre juridique leur accorde une certaine protection en tant qu'hébergeurs.

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