Le droit des assurances occupe une place centrale dans la protection des particuliers et des professionnels face aux aléas de la vie. Il régit les rapports juridiques entre les assurés et les assureurs, en définissant avec précision les obligations contractuelles de chaque partie, les conditions d’indemnisation en cas de sinistre, ainsi que les recours possibles en cas de litige.
Encadré par un ensemble de textes codifiés dans le Code des assurances, ce domaine juridique présente une complexité qui exige une compréhension rigoureuse des règles applicables.
Que l’on soit assuré ou en passe de le devenir, il est essentiel de maîtriser les grands principes du droit des assurances afin de faire valoir ses droits et d’éviter les pièges d’une couverture inadaptée ou mal exécutée.
Le droit des assurances constitue une branche du droit privé régie principalement par le Code des assurances, créé par les décrets n°76-666 et n°76-667 du 16 juillet 1976. Il encadre l’ensemble des règles applicables aux relations entre les assureurs (compagnies d’assurance) et les assurés (particuliers ou professionnels ayant souscrit un contrat).
Il ne se limite pas aux simples obligations contractuelles mais s’étend également aux obligations légales, aux obligations d'information, ainsi qu’aux modalités de règlement des litiges en matière d’assurance. Le droit des assurances s’inscrit à la croisée du droit des contrats, du droit de la consommation et du droit de la responsabilité civile.
La législation française distingue deux grandes familles d’assurances, en fonction de la nature du risque assuré : les assurances de dommages et les assurances de personnes.
Elles ont pour objet de couvrir les préjudices matériels ou financiers subis par l’assuré ou causés à autrui. On y retrouve notamment :
Ces contrats sont soumis à des principes d’indemnisation intégrale, c’est-à-dire que l’assuré ne peut pas s’enrichir à la suite d’un sinistre, mais seulement être remis dans l’état antérieur au dommage.
Ces assurances visent à protéger l’intégrité physique, la santé ou la vie de l’assuré. Elles se divisent en plusieurs sous-catégories :
Dans ces contrats, la prestation due par l’assureur n’est pas calculée en fonction d’un préjudice matériel mais en fonction d’un montant contractuellement défini. Le principe d’indemnisation n’est donc pas soumis à la règle indemnitaire, sauf exceptions prévues par la loi.
Ces deux grandes catégories relèvent de régimes juridiques différents, tant du point de vue des obligations de l’assureur, des conditions de souscription que des modalités d’indemnisation. Il est donc essentiel pour chaque assuré de bien identifier à quelle catégorie appartient son contrat afin de connaître précisément ses droits, ses devoirs et les limites de sa couverture.
Le contrat d’assurance repose sur un accord de volontés entre l’assuré et l’assureur. Il est régi par les articles L.111-1 et suivants du Code des assurances, et comporte plusieurs éléments fondamentaux :
À noter que la rédaction du contrat est très encadrée par la loi. Conformément à l’article L.112-2 du Code des assurances, certaines mentions sont obligatoires, notamment les modalités de déclaration de sinistre, les délais de prescription, et les conditions de résiliation.
Le devoir de bonne foi de l’assuré est une pierre angulaire du contrat d’assurance. Aux termes des articles L.113-8 et L.113-9 du Code des assurances, toute fausse déclaration intentionnelle des risques peut entraîner :
Par ailleurs, l’article L.113-2 impose à l’assuré de déclarer tout sinistre dans un délai de 5 jours ouvrés. En cas de vol, ce délai est réduit à 2 jours. Une déclaration tardive peut faire perdre le droit à indemnisation, sauf cas de force majeure.
Le droit commun des contrats, posé par l’article 1103 du Code civil (ancien article 1134), affirme que « les contrats légalement formés tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faits ». Ce principe s’applique pleinement au droit des assurances, et implique qu’un contrat d’assurance repose sur un accord de volontés librement consenti entre l’assureur et l’assuré.
À ce titre, aucune compagnie d’assurance n’est juridiquement contrainte de proposer ou de reconduire un contrat, sauf lorsque la loi impose une couverture obligatoire. Par exemple, l’assurance responsabilité civile automobile est rendue obligatoire par l’article L.211-1 du Code des assurances, afin de garantir la réparation des dommages causés à autrui par un véhicule terrestre à moteur.
Dans les cas d’assurance obligatoire, le Bureau Central de Tarification (BCT) peut être saisi par l’assuré qui se voit refuser une couverture. Conformément aux articles L.212-1, L.243-4 et L.252-1 du Code des assurances, le BCT a le pouvoir de contraindre un assureur à garantir un risque donné, notamment en matière d’assurance auto, décennale ou construction.
Il fixe alors lui-même le montant de la prime que l’assureur devra appliquer, ce qui permet à l’assuré de bénéficier d’une couverture, même en situation difficile (résilié pour sinistralité, antécédents de non-paiement, etc.).
En revanche, dans le cadre d’assurances facultatives — comme certaines assurances habitation, voyage, animaux ou affinitaires — aucun recours n’est prévu si une compagnie refuse d’assurer un particulier ou un professionnel.
L’assuré devra alors se tourner vers un autre organisme assureur, le refus n’ayant pas à être motivé, sauf dans les cas de discrimination illégale, qui pourraient ouvrir à une action fondée sur l’article 225-1 du Code pénal.
Il est donc primordial de faire la distinction entre assurances obligatoires et facultatives afin de savoir si un recours est envisageable et sous quelles conditions.
Le refus d’indemnisation par une compagnie d’assurance est l’un des litiges les plus fréquents rencontrés par les assurés. Lorsqu’un sinistre survient et que l’assureur refuse de verser tout ou partie des sommes demandées, l’assuré dispose de plusieurs voies de recours, à condition de respecter les délais légaux.
La première étape consiste à engager une procédure amiable. L’assuré peut adresser une réclamation écrite, de préférence par courrier recommandé avec accusé de réception, à l’attention du service réclamations de l’assureur.
Il est recommandé de joindre toutes les pièces justificatives (constat, factures, photos, témoignages) permettant d’étayer la demande. Cette phase permet souvent de trouver une solution sans passer par la justice.
En l’absence de réponse satisfaisante ou de refus formel, il est possible de saisir le médiateur de l’assurance, une autorité indépendante chargée d’émettre un avis dans un délai de 3 mois. Cette procédure, gratuite, suspend la prescription pendant toute la durée de la médiation.
Si ces démarches échouent, l’assuré peut alors engager une action en justice. La compétence juridictionnelle dépend du montant du litige :
Le délai pour agir est encadré par l’article L.114-1 du Code des assurances, qui fixe une prescription biennale. Cela signifie que l’assuré dispose de deux ans à compter de l’événement générateur du litige (ex. : refus d’indemnisation, survenance du sinistre) pour agir en justice. Passé ce délai, l’action est éteinte, sauf en cas d’interruption ou de suspension légale de la prescription (demande de médiation, reconnaissance de dette, expertise judiciaire, etc.).
Il est donc indispensable d’agir rapidement et de conserver toutes les preuves de ses démarches amiables pour garantir ses droits face à l’assureur.
Depuis la loi Hamon du 17 mars 2014, les assurances auto, habitation et affinitaires peuvent être résiliées à tout moment après la première année de souscription, sans frais ni justification.
La résiliation prend effet un mois après la notification par courrier recommandé. En cas d’assurance obligatoire, il est impératif de souscrire un nouveau contrat avant de résilier l’ancien pour éviter toute période de non-couverture.
Les autres motifs légaux de résiliation incluent notamment :
Le droit des assurances constitue une matière structurée autour d’un équilibre contractuel délicat entre information, responsabilité et protection.
La bonne compréhension des règles relatives à la souscription, l’exécution, la résiliation et le contentieux du contrat permet à l’assuré d’agir efficacement face à un sinistre ou à un différend avec son assureur.
Grâce à un encadrement légal rigoureux — notamment via les articles du Code des assurances — les justiciables disposent d’outils concrets pour défendre leurs intérêts. Le site defendstesdroits.fr accompagne tous ceux qui souhaitent mieux appréhender leurs droits et obligations en matière d’assurance, et les aide à engager les démarches nécessaires en cas de litige.
1. Qu’est-ce que le droit des assurances et à quoi sert-il ?
Le droit des assurances est une branche du droit privé qui régit les relations entre les assurés et les assureurs, encadrant la formation, l’exécution et la résiliation des contrats d’assurance. Codifié par le Code des assurances (créé par les décrets n°76-666 et n°76-667 du 16 juillet 1976), il vise à protéger les parties, notamment l’assuré, contre les risques liés aux aléas de la vie : sinistres, accidents, dommages ou pertes financières. Il fixe également les règles d’indemnisation et les recours possibles en cas de litige avec un assureur.
2. Quels sont les principaux types d’assurance prévus par le Code des assurances ?
Le Code des assurances distingue deux grandes catégories :
3. Quels sont les éléments essentiels d’un contrat d’assurance ?
Un contrat d’assurance repose sur plusieurs éléments clés :
4. Que faire en cas de refus d’indemnisation par son assureur ?
En cas de refus d’indemnisation, l’assuré doit :
5. Comment résilier un contrat d’assurance en toute légalité ?
Depuis la loi Hamon, les contrats d’assurance auto, habitation et affinitaires peuvent être résiliés à tout moment après un an, sans frais ni justification (article L.113-15-2 du Code des assurances). La résiliation prend effet un mois après la notification à l’assureur. D’autres motifs permettent aussi la résiliation anticipée, comme :