Protection sociale

Comment faire retirer un contenu illicite sur Internet : votre démarche légale

Jordan Alvarez
Editeur
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Les recours pour supprimer un contenu illégal sur Internet

Sommaire

  1. Introduction
  2. La responsabilité des hébergeurs face aux contenus illicites
  3. Exemples de jurisprudence
  4. Les types de préjudices causés par les contenus illicites
  5. La procédure à suivre pour obtenir le retrait d’un contenu illicite
  6. Sources légales à mobiliser pour la suppression d’un contenu
  7. FAQ

Avec l’évolution croissante de l’Internet, la diffusion de contenus illicites est devenue une réalité courante. Que ce soit une vidéo diffamatoire, des photos volées ou encore des informations personnelles publiées sans consentement, ces contenus peuvent porter un préjudice sérieux, tant moral que financier.

Il est essentiel de comprendre comment agir efficacement pour obtenir le retrait de ces contenus. Voici quatre points clés à connaître.

La responsabilité des hébergeurs de contenu

Selon l'article 6-I de la loi pour la confiance dans l'économie numérique (LCEN) du 21 juin 2004, la responsabilité des hébergeurs n’est engagée que dans des conditions strictes. Un hébergeur ne peut être tenu responsable d’un contenu illicite s’il n’en a pas été informé.

Cependant, dès lors qu’il est dûment informé et qu’il n’agit pas rapidement pour retirer le contenu en question, il peut engager sa responsabilité.

La directive 2000/31/CE du Parlement européen renforce également cette obligation en précisant que l’hébergeur doit agir promptement une fois averti de la nature illicite d’un contenu. Ainsi, pour que l’hébergeur soit sanctionné, il faut prouver qu’il avait connaissance du caractère illicite et qu’il n’a pas réagi dans un délai raisonnable.

Cela implique que pour mettre en cause un hébergeur, il est essentiel de démontrer que celui-ci a bien reçu une notification régulière, respectant les exigences légales prévues par la LCEN.

Il convient de rappeler que cette notification doit contenir tous les éléments permettant de qualifier le contenu d’illicite, tels que l'identification claire de l'information et l'explication précise du caractère préjudiciable de celle-ci.

L’hébergeur ne peut se soustraire à sa responsabilité qu’en démontrant qu'il a agi de manière diligente pour retirer le contenu dès qu’il en a eu connaissance. L'évaluation de ce comportement se fait à la lumière des critères de rapidité et de bonne foi dans la gestion des notifications reçues.

Des exemples jurisprudentiels illustrent ces principes et montrent qu’une action rapide de l’hébergeur peut lui éviter des sanctions, alors que l'inaction peut le rendre responsable des dommages causés.

Jurisprudence : deux cas illustratifs

Des affaires récentes ont démontré l’importance des obligations imposées aux hébergeurs. Dans un premier cas, une société de production a obtenu une indemnisation de 120 000 € après que l’hébergeur, Google Vidéo, n'ait pas retiré un film malgré plusieurs notifications.

Cette décision du Tribunal de commerce de Paris (20 février 2008) montre que l’inaction d’un hébergeur après une notification peut lui coûter cher. En effet, l’hébergeur avait été informé à plusieurs reprises, mais il n’a pas agi de manière diligente pour retirer le contenu illicite. Cette négligence a été jugée comme un manquement grave à ses obligations, ce qui a entraîné une condamnation pour responsabilité.

À l’inverse, une décision du Tribunal de grande instance de Paris en date du 18 mai 2018 a jugé qu’un hébergeur ne pouvait être tenu responsable lorsqu’il n’avait pas reçu une notification conforme aux exigences légales.

Dans cette affaire, le plaignant avait envoyé une notification pour faire retirer un contenu litigieux, mais celle-ci ne respectait pas les exigences formelles prévues par la loi pour la confiance dans l'économie numérique (LCEN). Le Tribunal a estimé que sans une notification comportant toutes les informations nécessaires, l’hébergeur ne pouvait pas être considéré comme informé de manière effective, et sa responsabilité n’a donc pas été engagée.

Ces deux décisions illustrent l’importance de respecter scrupuleusement les procédures légales pour obtenir le retrait d’un contenu illicite.

D’une part, un hébergeur qui ignore ou tarde à réagir à une notification correctement formulée peut se voir condamné à des dommages et intérêts. D’autre part, une notification mal rédigée ou incomplète ne permet pas de déclencher la responsabilité de l’hébergeur, ce qui souligne la nécessité de prêter attention aux formalités légales.

Les préjudices causés par un contenu illicite

Les préjudices liés aux contenus illicites peuvent être de nature financière ou morale. Un préjudice financier survient souvent dans le cadre d’une violation de la propriété intellectuelle, comme la diffusion illégale de films, musiques ou photos.

Par exemple, lorsqu’un film ou une œuvre protégée par des droits d'auteur est partagé sans autorisation, cela entraîne une perte de revenus pour les ayants droit. Ces violations peuvent également inclure le partage de logiciels piratés, de marques déposées ou de brevets.

En parallèle, un préjudice moral se manifeste lorsque le contenu porte atteinte à la vie privée ou à l'honneur d’une personne, qu’il s’agisse d’une entreprise ou d’un particulier.

Par exemple, la diffusion de photos privées, de vidéos ou d’informations personnelles sans consentement peut porter gravement atteinte à la réputation de la victime, engendrant des conséquences psychologiques et sociales. Des propos diffamatoires, des fausses allégations, ou des commentaires injurieux publiés sur internet peuvent également constituer des atteintes à l'honneur.

Dans les deux cas, il est possible d’obtenir des dommages et intérêts non seulement du créateur du contenu illicite, mais aussi de l'hébergeur si ce dernier est jugé responsable.

L’hébergeur peut être tenu de réparer le préjudice si sa responsabilité est engagée, notamment lorsqu’il a manqué à son obligation de retirer le contenu après avoir été informé de son caractère illicite. En fonction de la gravité du préjudice et de l'étendue de la diffusion du contenu, les indemnités peuvent varier, allant de simples compensations financières à des sommes significatives en fonction des dommages subis par la victime.

La reconnaissance du préjudice moral et financier devant les tribunaux est souvent un point clé dans les affaires liées aux contenus illicites. Le montant des réparations accordées dépend du degré de l’atteinte subie, du manque à gagner pour la victime et de la gravité des faits reprochés.

La procédure à suivre pour obtenir le retrait d’un contenu illicite

Pour obtenir le retrait d’un contenu illicite sur Internet, il est recommandé de suivre un processus bien défini afin de maximiser vos chances de succès. Ce processus repose sur plusieurs étapes essentielles, chacune jouant un rôle déterminant dans l’issue de l’affaire.

1. Tentative amiable

Il est conseillé de commencer par une tentative amiable en contactant directement l’auteur du contenu pour demander son retrait. Cette démarche simple permet de résoudre rapidement le problème sans passer par la voie judiciaire.

Dans certains cas, l'auteur peut être inconscient du caractère illicite du contenu, et un simple échange peut suffire à régler la situation. Il est toutefois recommandé de conserver une trace écrite de cette demande afin de prouver que vous avez tenté de résoudre le litige de manière pacifique.

2. Mise en demeure

Si l’auteur ne réagit pas ou refuse de retirer le contenu, il convient alors d’envoyer une mise en demeure formelle. Cette lettre officielle doit mettre en évidence le caractère illicite du contenu en question.

Elle est importante pour établir la mauvaise foi de l’auteur ou de l’hébergeur si le contenu n’est pas retiré. La mise en demeure doit contenir les éléments nécessaires pour qualifier juridiquement le contenu comme illicite et préciser les fondements juridiques sur lesquels repose votre demande. La loi impose que la notification soit suffisamment précise et détaillée pour être recevable, conformément à la loi pour la confiance dans l'économie numérique (LCEN).

3. Action en référé

Si la mise en demeure reste sans effet, vous pouvez saisir le tribunal compétent en référé. Le référé est une procédure d’urgence permettant d’obtenir une décision rapide sur le retrait du contenu litigieux.

Cette action est particulièrement utile lorsque le contenu cause un préjudice immédiat ou grave. Le juge des référés peut ordonner le retrait du contenu sous astreinte (c’est-à-dire une sanction financière par jour de retard en cas de non-exécution) et, dans certains cas, l'octroi de dommages et intérêts pour les préjudices subis.

Sources légales :

En suivant ces étapes et en vous appuyant sur des fondements juridiques solides, vous augmentez considérablement vos chances d’obtenir la suppression rapide du contenu illicite et d’obtenir une indemnisation pour les dommages subis.

La démarche progressive permet également de démontrer devant un tribunal que toutes les tentatives raisonnables ont été faites pour résoudre le conflit avant d’en arriver à une action judiciaire.

Conclusion

Pour conclure, il est essentiel de suivre une démarche rigoureuse et conforme aux règles juridiques pour obtenir le retrait d’un contenu illicite sur Internet.

En privilégiant d’abord des solutions amiables, puis en passant à des actions plus formelles comme la mise en demeure et l’action en référé, vous maximisez vos chances d’obtenir gain de cause.

Les bases légales solides, telles que la LCEN et la directive 2000/31/CE, offrent un cadre efficace pour protéger vos droits face aux préjudices causés par ces contenus.

FAQ

1. Qu’est-ce qu’un contenu illicite sur Internet ?
Un contenu est qualifié d’illicite lorsqu’il enfreint les lois en vigueur. Cela peut inclure des propos diffamatoires, des publications portant atteinte à la vie privée, des incitations à la haine ou à la discrimination, ou encore des infractions liées à la propriété intellectuelle, comme la diffusion non autorisée de films, de musiques, ou d’œuvres protégées. En outre, les contenus qui violent la loi sur la liberté de la presse ou qui partagent des informations personnelles sans autorisation sont également considérés comme illicites. La détermination du caractère illicite dépend des éléments spécifiques de chaque cas, et nécessite parfois l’intervention des autorités judiciaires.

2. Quelle est la responsabilité des hébergeurs face aux contenus illicites ?
Les hébergeurs, qui fournissent un espace en ligne pour le stockage de contenus, ne sont pas automatiquement responsables de ce qui est publié par les utilisateurs. Selon l’article 6-I de la loi pour la confiance dans l'économie numérique (LCEN), leur responsabilité ne peut être engagée que s’ils ont été informés de la présence d’un contenu illicite et n’ont pas agi rapidement pour le retirer. Cela signifie qu’un hébergeur peut être tenu pour responsable s’il reçoit une notification régulière concernant un contenu, mais tarde à le supprimer ou ne réagit pas du tout. Il est donc important de notifier correctement l’hébergeur en fournissant toutes les informations nécessaires pour établir la nature illicite du contenu.

3. Comment prouver qu’un contenu est illicite et comment notifier l’hébergeur ?
La preuve du caractère illicite d’un contenu doit être bien documentée et détaillée. Une notification efficace doit comporter plusieurs éléments clés : l’identification précise du contenu litigieux (généralement par un lien URL), une description claire de la raison pour laquelle ce contenu est considéré comme illicite (exemples : diffamation, atteinte à la vie privée, non-respect de droits d’auteur), ainsi que les références aux lois ou décisions de justice applicables. Cette notification doit également être formellement adressée à l’hébergeur selon les dispositions de la LCEN et de la directive 2000/31/CE, sous peine de nullité. Toute omission dans la notification peut conduire à une absence de réponse de la part de l’hébergeur ou à un rejet de la demande de suppression du contenu.

4. Que faire si l’hébergeur ne réagit pas à la notification ?
Si, malgré l’envoi d’une notification régulière, l’hébergeur ne procède pas au retrait du contenu, il est nécessaire de passer à une étape plus formelle. La première action à entreprendre est l’envoi d’une mise en demeure, qui rappelle à l’hébergeur ses obligations légales et la nature illicite du contenu. Si cette démarche reste infructueuse, il est alors possible de saisir le tribunal en référé. Le référé est une procédure d’urgence qui permet d’obtenir une décision rapide de la justice pour ordonner le retrait du contenu sous astreinte (amende pour chaque jour de non-exécution). De plus, si le contenu cause un préjudice important, des dommages et intérêts peuvent être demandés en compensation des torts subis.

5. Quels sont les types de préjudices causés par un contenu illicite, et comment obtenir des réparations ?
Les préjudices causés par des contenus illicites sont généralement de deux ordres : financiers et moraux. Un préjudice financier survient dans les cas de violation de propriété intellectuelle, par exemple, lorsque des œuvres protégées sont diffusées sans autorisation, entraînant une perte de revenus pour les créateurs. Les préjudices moraux concernent les atteintes à la réputation, à la vie privée, ou à l’honneur d’une personne ou d’une entreprise, par des publications diffamatoires ou non autorisées. Dans les deux cas, il est possible de réclamer des dommages et intérêts devant les tribunaux. Ces réparations sont calculées en fonction de l’impact du contenu illicite sur la victime, de la gravité des faits, et de l’étendue de la diffusion du contenu. Lorsque la responsabilité de l’hébergeur est reconnue, celui-ci peut également être tenu de participer à la réparation des préjudices.

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