Travail

Congés payés et maladie : obligations des employeurs ?

Estelle Marant
Collaboratrice
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Arrêts maladie et congés payés : les droits des salariés

Sommaire

  1. Acquisition des congés payés pendant un arrêt maladie
  2. Suppression de la limite d'un an pour les maladies et accidents d'origine professionnelle
  3. Droit au report des congés acquis limité à 15 mois
  4. Conséquences pour les employeurs et les salariés
  5. Conclusion
  6. FAQ

Employeurs et salariés doivent se tenir informés des évolutions législatives, notamment lorsqu'elles concernent des sujets aussi sensibles que les congés payés et les arrêts maladie.

Le projet de loi récemment présenté au Parlement envisage des changements importants dans la manière de comptabiliser les congés payés pendant les périodes d'arrêt de travail pour maladie ou accident, même d'origine non professionnelle.

Ces modifications, qui visent à mieux respecter les normes européennes, pourraient avoir un impact considérable sur la gestion des ressources humaines et les droits des travailleurs.

Acquisition des congés payés pendant un arrêt maladie

Traditionnellement, la suspension du contrat de travail pour cause de maladie ou d'accident d'origine non professionnelle ne permettait pas d'acquérir des congés payés.

Cependant, ce projet de loi entend modifier cette règle en s'appuyant sur le principe de l'assimilation à du temps de travail effectif, conformément aux dispositions du Code du travail.

L'article L3141-5 du Code du travail, qui liste les périodes considérées comme du temps de travail effectif pour le calcul des congés payés, sera complété pour inclure les périodes d'arrêt de travail non professionnel. Les salariés concernés continueront ainsi d'acquérir des congés pendant toute la durée de leur arrêt.

Ce projet, en discussion, prévoit l'octroi de 2 jours ouvrables par mois d'absence, dans une limite de 24 jours par an, soit 4 semaines de congés payés.

Toutefois, il est important de noter que cette réforme n'affecterait pas la 5ᵉ semaine de congés ou les jours de congés supplémentaires prévus par les conventions collectives, sauf dispositions plus favorables.

Suppression de la limite d'un an pour les maladies et accidents d'origine professionnelle

Le projet de loi aborde également un changement majeur concernant les congés payés en cas de maladie professionnelle ou d'accident du travail. Jusqu'à présent, l'article L3141-5 du Code du travail limite l'acquisition de congés payés à une période d'un an en cas d'arrêt de travail pour une telle cause.

Cela signifie que si un salarié est en arrêt pour une durée supérieure à un an, il cesse d'accumuler des droits à congés payés, même si son contrat de travail est toujours suspendu pour des raisons de santé professionnelle.

Ce plafond d'un an a longtemps été perçu comme une limitation injuste, surtout pour les salariés confrontés à des situations de longue convalescence suite à des accidents graves ou des maladies chroniques liées au travail.

Levée de la limite d'un an : une meilleure protection des salariés

L'amendement vise à supprimer cette limite d'un an, permettant ainsi aux salariés concernés de continuer à accumuler des congés payés pendant toute la durée de leur arrêt, quelle que soit la durée de ce dernier.

Cette mesure représente une avancée significative, notamment pour les salariés confrontés à des arrêts prolongés pour des maladies professionnelles invalidantes ou des accidents du travail qui nécessitent une longue période de rétablissement.

En effet, les maladies professionnelles ou les accidents du travail peuvent souvent entraîner des périodes d'incapacité de plusieurs années. Jusqu'ici, ces salariés étaient privés de droits à congé au-delà d'un an d'absence, ce qui aggravait leur situation déjà délicate.

Avec cette réforme, ils continueront d'accumuler 2,5 jours de congés payés par mois, soit 30 jours ouvrables par année de référence, même s'ils sont en arrêt depuis plus d'un an.

Cette disposition reflète une prise en compte accrue des conditions de travail difficiles auxquelles certains salariés sont confrontés, et de l'impact de ces conditions sur leur santé à long terme.

Un alignement avec le droit européen

Cette mesure vise également à harmoniser le droit français avec les normes européennes en matière de droit social. En effet, le droit de l'Union européenne, notamment à travers des décisions de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), a progressivement renforcé la protection des droits des salariés en arrêt pour raison de santé.

Il est désormais admis que ces salariés, bien que temporairement incapables de travailler, ne devraient pas perdre leurs droits sociaux, y compris les congés payés, en raison de leur état de santé.

L'abolition de la limite d'un an permet ainsi de respecter pleinement les exigences européennes, tout en offrant une plus grande sécurité aux travailleurs français.

Cela contribue également à éviter les inégalités entre salariés, en particulier entre ceux qui peuvent reprendre le travail rapidement après un accident du travail et ceux qui, pour des raisons médicales plus graves, doivent rester en arrêt de travail pendant une durée plus longue.

Conséquences pratiques pour les employeurs

Pour les employeurs, cette suppression de la limite d'un an aura des répercussions pratiques importantes. Les entreprises devront intégrer dans leurs processus de gestion du personnel le fait que les arrêts de travail prolongés continueront d’ouvrir droit à des congés payés au-delà de la première année d'absence.

Cela nécessitera une réévaluation des charges sociales liées à l'accumulation des congés payés et une adaptation des systèmes de gestion de paie et des comptes épargne-temps.

En outre, les employeurs seront tenus de suivre de près la durée des arrêts et de notifier aux salariés concernés leurs droits à congé dès la reprise de leur activité. Cette obligation renforce la nécessité pour les entreprises de maintenir une communication claire et régulière avec les salariés en arrêt pour maladie ou accident professionnel.

Un droit au report des congés acquis limité à 15 mois

La question du report des congés acquis pendant un arrêt de travail est également au cœur de la réforme. En vertu du projet de loi, le salarié se trouvant dans l'incapacité de prendre ses congés pendant la période habituelle, en raison d'une maladie ou d'un accident, pourra bénéficier d'un report de 15 mois pour utiliser ses droits à congé.

Deux cas de figure sont envisagés :

  1. Congés acquis avant l'arrêt : Le report commencera à partir de la date où le salarié sera informé par son employeur des congés dont il dispose, généralement à la reprise de son activité. Cette information est essentielle pour garantir que le salarié puisse planifier ses congés dans les délais impartis, conformément à l'article L3141-19 du projet de loi.
  2. Congés acquis pendant l'arrêt : Le report sera calculé à partir de la fin de la période de référence au cours de laquelle les congés ont été acquis, sous réserve que le salarié ait été en arrêt depuis au moins un an à cette date. Cette mesure permet de ne pas pénaliser les salariés qui n'auraient pas pu prendre leurs congés à cause d'une suspension prolongée du contrat de travail.

Cette disposition impose également une obligation d'information à l'employeur, qui devra notifier au salarié, dans les 10 jours suivant la reprise du travail, le nombre de congés dont il dispose ainsi que les dates possibles pour les prendre.

Ce délai impose une transparence accrue de la part de l'employeur et permet de prévenir toute perte de droits pour le salarié.

Conséquences pour les employeurs et les salariés

L'adoption de ces nouvelles règles entraînera des conséquences importantes, tant pour les employeurs que pour les salariés. Les employeurs devront notamment intégrer la possibilité que leurs salariés continuent à accumuler des droits à congé payés pendant des périodes d'arrêt maladie, y compris sur une durée prolongée en cas d'accident du travail ou de maladie professionnelle.

En outre, le caractère rétroactif du projet de loi, applicable aux arrêts maladie à partir du 1ᵉʳ décembre 2009, crée un cadre nouveau pour les litiges potentiels en matière de congés payés. Les salariés pourront demander à bénéficier de congés acquis depuis cette date, sous certaines conditions.

Cette rétroactivité se justifie par la volonté de mettre en conformité la législation française avec le droit européen, notamment la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne.

Les implications pour les employeurs seront donc significatives, notamment en termes de gestion administrative et de respect des nouvelles obligations légales. Quant aux salariés, cette réforme pourrait leur offrir davantage de protection en matière de droits à congé, particulièrement en cas de maladie prolongée ou de condition professionnelle risquée.

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Conclusion

En résumé, la suppression de la limite d'un an pour l'acquisition de congés payés en cas de maladie ou d'accident professionnel constitue une avancée majeure pour les droits des salariés.

Elle garantit une meilleure protection des travailleurs confrontés à des arrêts prolongés, en conformité avec les normes européennes. Cette réforme impose toutefois aux employeurs de s'adapter en intégrant ces nouvelles règles dans la gestion des arrêts de travail et des congés payés, tout en renforçant leur obligation de transparence et de communication avec leurs salariés.

FAQ

  1. Les congés payés continuent-ils de s'accumuler pendant un arrêt maladie non professionnel ?
    Oui, selon les nouvelles dispositions envisagées, les périodes d'arrêt de travail pour maladie non professionnelle ou accident seront désormais assimilées à du temps de travail effectif. Cela signifie que les salariés en arrêt maladie continuent d'acquérir des congés payés, à raison de 2 jours ouvrables par mois d'absence, avec un plafond fixé à 24 jours par période de référence, soit 4 semaines de congés par an. Cette règle s'aligne sur les exigences européennes qui garantissent aux travailleurs le droit de bénéficier de leurs congés payés, même en cas d'incapacité temporaire à travailler.
  2. Quelles sont les nouvelles règles pour les maladies et accidents d'origine professionnelle ?
    La limite d'un an pour l'acquisition des congés payés en cas de maladie professionnelle ou d'accident du travail est supprimée. Jusqu'à présent, le Code du travail limitait à un an la période pendant laquelle un salarié en arrêt pour accident du travail pouvait continuer d'acquérir des congés payés. Avec la réforme, cette limite disparaît, permettant aux salariés victimes d'accidents ou de maladies professionnelles de continuer à accumuler des droits à congés sans restriction de durée, tant que leur arrêt se prolonge. Cette mesure protège les salariés confrontés à des arrêts de longue durée, leur garantissant une continuité dans leurs droits sociaux.
  3. Comment fonctionne le report des congés payés après un arrêt maladie ou accident ?
    Le projet de loi prévoit un droit au report des congés acquis limité à 15 mois. Si un salarié est dans l'incapacité de prendre ses congés payés pendant la période normale en raison de son arrêt de travail, il pourra reporter ces congés pour une durée de 15 mois à compter de la reprise du travail. Deux situations sont envisagées :
    • Si les congés ont été acquis avant l'arrêt, le report commence à partir de la notification de l'employeur informant le salarié des congés disponibles.
    • Si les congés ont été acquis pendant l'arrêt, le report commence à la fin de la période de référence durant laquelle les congés ont été cumulés. Cette disposition évite que les salariés perdent leurs congés en raison d'une absence prolongée.
  4. Quelles sont les obligations de l'employeur concernant les congés payés après un arrêt de travail ?
    L'employeur a l'obligation de notifier le salarié, dans les 10 jours suivant la reprise du travail, du nombre de congés payés disponibles ainsi que des dates possibles pour les prendre. Ce délai permet d'assurer une transparence et une bonne gestion des droits à congé du salarié. Si l'employeur manque à cette obligation d'information, il pourrait être tenu responsable de la perte de congés payés du salarié, notamment si celui-ci n'est pas informé à temps de ses droits.
  5. Les nouvelles règles concernant les congés payés et les arrêts maladie s'appliquent-elles rétroactivement ?
    Oui, le texte prévoit une rétroactivité à compter du 1ᵉʳ décembre 2009. Cela signifie que les salariés en arrêt maladie depuis cette date pourront, sous certaines conditions, réclamer des congés payés acquis pendant leur période d'arrêt. Ce dispositif permet aux salariés d'exercer un droit de réclamation sur des périodes passées, tant qu'ils respectent les délais de prescription. Si le salarié est encore dans l'entreprise, il disposera d'un délai de 2 ans pour saisir la justice, tandis que ceux ayant quitté l'entreprise auront 3 ans à compter de la date à laquelle ils ont eu connaissance des faits pour agir.

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