Travail

Démissionner d’un CDI : droits et obligations en tant que salarié

Estelle Marant
Collaboratrice
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Comment quitter un CDI en toute sérénité : Conseils et démarches

Vous envisagez de démissionner de votre emploi en CDI pour de nouveaux projets professionnels ou personnels ? Avant de prendre une telle décision, il est essentiel de comprendre les conséquences juridiques liées à une démission. Découvrez dans cet article les points les plus importants à prendre en compte afin d’agir en toute connaissance de cause.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Les avantages de démissionner d’un CDI
  3. Durée du préavis en cas de démission
  4. Perception des allocations chômage après une démission
  5. Les documents remis au salarié après une démission
  6. Le calcul du solde de tout compte en cas de démission
  7. FAQ

Quels sont les avantages d’une démission ?

La démission permet à un salarié de reprendre le contrôle de sa carrière. En effet, démissionner vous offre l’opportunité de saisir de nouvelles occasions, que ce soit pour changer de secteur d’activité, créer votre entreprise, ou tout simplement trouver un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle.

Ce pouvoir de décision sur son avenir professionnel est l’un des avantages majeurs de la démission. Vous pouvez ainsi mettre fin à une situation qui ne correspond plus à vos attentes ou à vos objectifs de carrière.

De plus, dans certains cas, la démission peut être stratégique. Par exemple, si vous avez une promesse d’embauche ferme en main, vous pouvez démissionner en toute confiance en sachant que vous avez déjà une opportunité d’emploi garantie.

De même, si vous souhaitez suivre une formation professionnelle pour vous reconvertir ou acquérir de nouvelles compétences, la démission peut être un tremplin pour atteindre vos objectifs de carrière.

Cependant, il est important de souligner que la démission n’ouvre pas systématiquement droit aux allocations chômage. Il existe toutefois des situations exceptionnelles où le salarié peut prétendre à ces droits.

Par exemple, la démission légitime pour suivre un conjoint qui déménage pour des raisons professionnelles, ou encore la démission dans le cadre d’un projet de reconversion professionnelle (articles L5422-1 et suivants du Code du travail). Ces cas particuliers permettent au salarié de bénéficier de l’allocation d'aide au retour à l'emploi (ARE) sous certaines conditions strictes.

Comment calculer un solde de tout compte en cas de démission ?

Le solde de tout compte correspond à l’ensemble des sommes que l’employeur doit au salarié lors de la rupture du contrat de travail, y compris dans le cadre d’une démission. Ce document récapitule les éléments financiers suivants :

  • Le salaire correspondant au préavis : si le salarié effectue son préavis, il percevra le salaire habituel pendant cette période. Si l’employeur dispense le salarié de préavis, il devra verser une indemnité compensatrice.
  • Les indemnités compensatrices de congés payés : il s’agit des congés acquis par le salarié qu’il n’a pas pu prendre avant la fin de son contrat de travail. Ces jours non pris lui seront compensés financièrement.
  • Les indemnités de clause de non-concurrence : dans le cas où une telle clause est prévue dans le contrat de travail et si elle est applicable, l’employeur devra verser une compensation au salarié pour limiter sa liberté de travailler dans un secteur concurrent pendant une période définie. Cette indemnité est régie par l’article L1234-20 du Code du travail.

Il est important de noter que, sauf exception, une démission ne donne pas droit à une indemnité de rupture, contrairement à d’autres formes de rupture du contrat de travail comme le licenciement ou la rupture conventionnelle.

Le salarié doit vérifier avec soin les montants mentionnés dans le solde de tout compte. S’il signe ce document, il dispose d’un délai de six mois pour contester les sommes versées.

Si le salarié ne signe pas, il bénéficie d’un délai plus long, soit trois ans, pour contester ces montants devant les juridictions compétentes (articles L1234-20 et suivants du Code du travail). Ce contrôle est essentiel pour s’assurer que tous les éléments dus ont bien été pris en compte dans le calcul du solde de tout compte.

Quels sont les documents remis au salarié après une démission ?

À la suite d'une démission, l'employeur est tenu de remettre au salarié plusieurs documents obligatoires. Ces documents permettent au salarié de faire valoir ses droits et de clore administrativement son contrat de travail. Voici les principaux :

  • Le certificat de travail (article L1234-19 du Code du travail) : ce document mentionne les dates d'entrée et de sortie du salarié dans l’entreprise, ainsi que la nature des emplois qu’il a occupés. Il permet au salarié de justifier de son expérience professionnelle auprès d’un futur employeur. L'absence de remise de ce certificat peut entraîner une sanction pour l’employeur.
  • L'attestation Pôle emploi (anciennement appelée attestation employeur) : ce document est indispensable pour que le salarié puisse faire valoir ses droits aux allocations chômage, s'il y est éligible. Si l’employeur ne remet pas cette attestation, il risque une amende et le salarié peut saisir le Conseil de prud’hommes pour réclamer des dommages-intérêts.
  • Le solde de tout compte : ce document récapitule l'ensemble des sommes dues au salarié lors de la rupture du contrat de travail. Il inclut, entre autres, les indemnités compensatrices de congés payés, les éventuelles primes, et le dernier salaire. Ce solde doit être remis en double exemplaire et signé par les deux parties. Le salarié peut contester les montants dans un délai de six mois après signature, ou trois ans s’il ne l’a pas signé.
  • L’état récapitulatif des épargnes salariales : ce document concerne les salariés ayant participé à des dispositifs d'épargne salariale (participation, intéressement, plans d’épargne d’entreprise, etc.). Il récapitule les sommes et valeurs mobilières épargnées par le salarié, qui peut en disposer après la fin de son contrat.

Ces documents doivent impérativement être remis au salarié au moment de la fin de son contrat, sous peine de sanctions pour l’employeur. En cas de manquement, le salarié a la possibilité de saisir le Conseil de prud’hommes afin de faire respecter ses droits.

Peut-on percevoir le chômage après une démission ?

En principe, une démission ne donne pas droit aux allocations chômage, conformément à l’article L5422-1 du Code du travail. La démission étant considérée comme une rupture volontaire du contrat de travail, elle ne correspond pas à une perte involontaire d’emploi, critère essentiel pour l’octroi de l’allocation d’aide au retour à l'emploi (ARE).

Cependant, il existe plusieurs exceptions à ce principe général. Depuis la réforme de l’assurance chômage du 1er novembre 2019, certains salariés peuvent prétendre aux allocations chômage après une démission, sous réserve de remplir des conditions spécifiques :

  • Projet de reconversion professionnelle : si un salarié démissionne pour suivre un projet de reconversion professionnelle nécessitant une formation, il peut bénéficier de l’ARE, à condition de prouver la cohérence et la viabilité de son projet auprès de Pôle emploi.
  • Création ou reprise d’entreprise : un salarié qui démissionne dans le but de créer ou de reprendre une entreprise peut également percevoir les allocations chômage, sous réserve que son projet soit validé par un organisme compétent tel que Pôle emploi.

En outre, certaines démissions légitimes ouvrent droit aux allocations chômage. Parmi ces cas, on retrouve notamment :

  • La démission pour suivre son conjoint en cas de changement de lieu de résidence pour des raisons professionnelles ;
  • La démission pour des raisons médicales rendant impossible la poursuite de l’activité ;
  • D'autres situations spécifiques, comme la démission pour non-paiement du salaire par l’employeur ou pour harcèlement moral (articles L5422-1 et suivants du Code du travail).

Ainsi, bien qu’en règle générale la démission prive de l’accès aux indemnités chômage, certaines circonstances peuvent permettre au salarié de bénéficier de ce droit sous des conditions strictement encadrées par la loi.

Conclusion

En conclusion, la démission d'un CDI est une décision qui doit être mûrement réfléchie, car elle entraîne des conséquences importantes tant sur le plan financier que professionnel.
En connaissant les avantages et les inconvénients de cette démarche, en anticipant les aspects liés au solde de tout compte et aux documents de fin de contrat, et en comprenant les cas où il est possible de percevoir des allocations chômage, vous pourrez démissionner en toute connaissance de cause.

Assurez-vous de bien préparer votre projet pour que cette transition se fasse dans les meilleures conditions, que ce soit pour une reconversion, la création d’une entreprise ou un nouvel emploi.

FAQ

1. Quels sont les avantages de démissionner d’un CDI ?
La démission d’un CDI peut offrir plusieurs avantages pour un salarié, notamment en termes de liberté et de gestion de carrière. En choisissant de démissionner, le salarié reprend le contrôle sur son avenir professionnel. Cela peut permettre de changer de secteur d'activité, d’accepter une offre d’emploi plus intéressante, ou même de créer sa propre entreprise. La démission peut aussi être une solution pour retrouver un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle, surtout si le poste actuel ne répond plus à ses attentes. Toutefois, il est primordial de peser les avantages et inconvénients avant de prendre cette décision, car une démission ne donne généralement pas droit à une indemnité de rupture ni aux allocations chômage, sauf dans des cas très précis.

2. Quelle est la durée du préavis en cas de démission ?
La durée du préavis varie en fonction de plusieurs facteurs comme la convention collective, le contrat de travail, ou les usages de la profession. En général, un salarié doit respecter un préavis d'une durée de quelques semaines à quelques mois, selon son ancienneté et son poste. Toutefois, certains cas permettent de réduire ou de supprimer le préavis, à condition que l’employeur soit d’accord. Par exemple, un salarié qui trouve un nouvel emploi peut demander à son employeur de le dispenser de préavis pour commencer rapidement. Si l’employeur accepte, aucune indemnité compensatrice ne sera due par le salarié. Par contre, en cas de non-respect du préavis sans accord, le salarié pourrait être contraint de verser une indemnité compensatrice à l’employeur. Il est aussi important de noter que, pour certaines situations comme une grossesse ou une démission pendant un congé maladie, des exemptions de préavis peuvent s'appliquer (article L1234-1 et suivants du Code du travail).

3. Le salarié peut-il percevoir des allocations chômage après une démission ?
En règle générale, une démission ne permet pas de bénéficier des allocations chômage (article L5422-1 du Code du travail), car elle est considérée comme une rupture volontaire du contrat. Cependant, il existe des exceptions à cette règle. Un salarié qui démissionne pour des raisons reconnues comme légitimes par la loi, telles que la nécessité de suivre son conjoint en cas de mutation, peut bénéficier de l'allocation d’aide au retour à l'emploi (ARE). De même, depuis la réforme de l’assurance chômage du 1er novembre 2019, un salarié qui démissionne pour reconversion professionnelle ou pour créer son entreprise peut, sous certaines conditions, bénéficier du chômage. Pour cela, le salarié doit prouver que son projet de reconversion ou de création d’entreprise est sérieux et viable, et doit le valider auprès d'une commission de Pôle emploi. Il est donc essentiel de bien préparer son projet avant de démissionner si l’on souhaite avoir accès aux allocations chômage.

4. Quels documents l’employeur doit-il remettre au salarié après une démission ?
Après une démission, l’employeur est tenu de remettre plusieurs documents obligatoires au salarié. Ces documents permettent de clôturer le lien contractuel et de faciliter les démarches futures du salarié. Il s’agit notamment des suivants :

  • Le certificat de travail : Ce document est indispensable pour justifier auprès d’un futur employeur des postes occupés et de la durée d'emploi dans l’entreprise. Il doit contenir les dates d’entrée et de sortie ainsi que les qualifications du salarié (article L1234-19 du Code du travail).
  • L’attestation Pôle emploi : Ce document est primordial pour le salarié s'il souhaite faire valoir ses droits au chômage. Même si la démission ne permet pas immédiatement d'obtenir les allocations chômage, l'attestation reste obligatoire.
  • Le solde de tout compte : Il récapitule les sommes dues par l’employeur au salarié lors de la rupture du contrat. Le salarié doit vérifier avec attention ce document, car il dispose d’un délai de six mois après signature pour le contester, ou de trois ans s’il ne l’a pas signé.
  • L’état récapitulatif des épargnes salariales : Si le salarié a participé à des dispositifs de participation, intéressement ou épargne d'entreprise, ce document lui permet de connaître l’état de ses avoirs et la manière de les récupérer après son départ.

Ces documents doivent être remis au salarié au moment de la rupture du contrat sous peine de sanctions pour l’employeur, qui pourrait se voir condamné à des dommages-intérêts.

5. Quelles sont les conséquences d’une démission sur le solde de tout compte ?
Le solde de tout compte est un document que l'employeur doit remettre au salarié à la fin du contrat de travail. Il récapitule l'ensemble des sommes dues au salarié, telles que :

  • Le salaire correspondant à la période de travail effectuée avant la démission ;
  • Les indemnités compensatrices de congés payés pour les jours non pris ;
  • D'autres sommes spécifiques, comme une indemnité de clause de non-concurrence si elle s'applique.

En cas de démission, le salarié ne perçoit généralement pas d'indemnité de rupture, contrairement à un licenciement ou à une rupture conventionnelle. Toutefois, s'il est dispensé de préavis par l'employeur, il peut percevoir une indemnité compensatrice de préavis. En revanche, si c'est le salarié qui demande à être dispensé, il ne percevra pas cette indemnité.

Le salarié doit veiller à vérifier les montants figurant sur le solde de tout compte, car s'il le signe, il ne dispose que de six mois pour le contester devant les prud’hommes. En l’absence de signature, il a un délai de trois ans pour intenter une action en justice. Il est donc essentiel de bien comprendre les éléments inclus dans ce document pour éviter toute mauvaise surprise après la démission.

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