Le divorce bouleverse la gestion fiscale d'un couple, notamment en ce qui concerne le paiement des taxes d'habitation.
Cette séparation implique des modifications importantes pour chaque époux, tant au niveau des obligations fiscales que des responsabilités individuelles concernant les impôts locaux.
Cet article explore les règles légales en matière de fiscalité pour les couples divorcés, en se basant sur les dispositions du Code général des impôts et les textes fiscaux en vigueur.
Lorsqu'un couple est marié, il forme un foyer fiscal aux yeux de l’administration. Cela signifie que les deux époux doivent déclarer ensemble leurs revenus et partagent la responsabilité du paiement des taxes locales, notamment celles liées à l'habitation commune.
En effet, le Code général des impôts impose une déclaration commune des revenus dès le mariage, sans distinction du régime matrimonial choisi par les époux.
Même en cas de séparation de fait, tant que le divorce n’est pas officiellement prononcé, les époux demeurent solidairement responsables des taxes relatives à leur habitation commune.
Cette solidarité fiscale signifie que même si l’un des conjoints décide de quitter le domicile conjugal pour s’installer dans un autre logement, ils restent tous deux redevables des impôts locaux jusqu’à ce que la séparation soit juridiquement validée.
Selon l'article 1415 du Code civil, la solidarité entre époux concernant les dettes communes persiste jusqu’à la dissolution officielle du mariage. Cette disposition légale couvre aussi les impôts locaux, tels que la taxe d’habitation, qui doit être acquittée par les deux époux tant qu’ils sont légalement mariés, quel que soit leur lieu de résidence respectif.
Le paiement des taxes d'habitation pour l’année de séparation est régi par des règles spécifiques. Selon les dispositions fiscales en vigueur, la situation au 1er janvier de l’année détermine qui est redevable de la taxe pour l’année entière.
Cela signifie que, même si le couple se sépare en cours d'année, si les époux cohabitaient au 1er janvier, ils sont tous deux responsables du paiement de la taxe d'habitation pour l’année entière.
Le Code général des impôts précise que :
"Les modifications de situation intervenues après le 1er janvier, telles que la séparation ou le divorce, ne sont pas prises en compte pour le calcul de l’impôt d’habitation de l’année concernée."
Ainsi, même si les époux divorcent ou vivent séparément au cours de l’année, ils devront assumer conjointement la taxe d'habitation pour cette période.
Cette règle repose sur le principe selon lequel la cohabitation au début de l'année suffit à établir la responsabilité fiscale pour l’année complète, quelle que soit l'évolution de la situation matrimoniale par la suite.
Une fois que le divorce est prononcé, les conséquences sur le plan fiscal sont immédiates pour les ex-époux. Le principe de solidarité fiscale qui prévalait pendant le mariage disparaît, et chacun devient indépendamment responsable de ses propres obligations fiscales.
Cela signifie que chaque ex-conjoint doit désormais payer les taxes afférentes à la résidence qu’il occupe ou qu’il possède.
Si l’un des ex-époux continue d’occuper le logement conjugal après le divorce, il devient l’unique redevable de la taxe d’habitation pour ce bien, même si celui-ci demeure en indivision.
En effet, la loi fiscale ne tient pas compte du régime de propriété pour la taxe d'habitation, mais plutôt de l'occupation effective du bien au 1er janvier de l'année. Ainsi, le conjoint qui reste dans le logement paie seul cette taxe, et ce, jusqu'à ce qu'une décision soit prise quant au partage ou à la vente du bien.
Le Code général des impôts, dans son article 1414, confirme que la solidarité fiscale cesse après la séparation de fait ou de droit. À partir de ce moment, les ex-époux ne sont plus tenus de déclarer conjointement leurs revenus ou de partager la responsabilité des taxes locales.
Lorsque le bien immobilier est encore en indivision, c’est-à-dire qu’il appartient toujours aux deux époux, même après le divorce, il peut arriver que des accords temporaires soient mis en place, notamment si l’un des conjoints continue à y habiter.
Dans ce cas, bien que l’indivision subsiste, seul celui qui occupe le bien est tenu de régler la taxe d'habitation, car cette taxe est liée à la résidence effective et non à la propriété du bien. Toutefois, les autres taxes, comme la taxe foncière, peuvent rester partagées tant que la propriété est en indivision.
Dans certains cas, l’un des ex-conjoints peut se retrouver face à des dettes fiscales contractées pendant le mariage, notamment en raison de la déclaration commune des revenus ou des impôts dus pour des biens en indivision.
Pour éviter de devoir payer seul ces dettes, la loi offre la possibilité de demander une décharge de responsabilité solidaire.
L’article 1691 bis du Code général des impôts permet à un ex-époux de demander une exonération partielle ou totale de sa responsabilité concernant les dettes fiscales contractées avant le divorce.
Cette demande peut être faite auprès de l’administration fiscale, mais elle n’est accordée que sous certaines conditions strictes, notamment s’il peut être prouvé que l’autre ex-conjoint est en mesure de prendre en charge la totalité des dettes ou si la répartition des biens lors du divorce n’a pas été équitable.
Les critères d'obtention de cette décharge incluent notamment :
Ce processus peut s’avérer long et nécessite généralement des échanges avec les services fiscaux, ainsi que la production de documents justifiant la situation de l’ex-époux demandeur.
Le divorce implique donc une réorganisation complète des responsabilités fiscales. Dès que la séparation est actée, chaque ex-conjoint devient indépendant sur le plan fiscal, notamment pour ce qui concerne les taxes locales comme la taxe d’habitation.
Toutefois, il est possible de solliciter une décharge de responsabilité pour les dettes fiscales antérieures au divorce, sous certaines conditions. Les époux doivent également prêter attention aux biens en indivision, car ceux-ci continuent de générer des obligations fiscales partagées tant qu’ils ne sont pas dissous ou attribués à l’un ou l’autre des conjoints.
Le régime matrimonial sous lequel les époux étaient mariés joue un rôle important dans la répartition des obligations fiscales après le divorce, notamment en ce qui concerne les biens immobiliers acquis pendant le mariage.
En fonction du régime adopté par les conjoints, les responsabilités fiscales peuvent différer et s’étendre jusqu’à la liquidation du régime matrimonial.
Dans le cas du régime de communauté réduite aux acquêts, le régime matrimonial par défaut en France en l’absence de contrat de mariage, tous les biens acquis pendant le mariage, qu'ils soient achetés en commun ou par l’un des époux uniquement, sont considérés comme biens communs.
Cela signifie que les époux partagent la propriété de ces biens, ainsi que les obligations fiscales qui en découlent.
L'article 1401 du Code civil dispose que :
"Tous les biens acquis pendant le mariage, à titre onéreux, sont réputés communs, sauf stipulation contraire dans un contrat de mariage."
Ainsi, si le couple a acheté un bien immobilier durant le mariage, chacun des époux pourrait être partiellement responsable du paiement des taxes foncières relatives à ce bien jusqu'à la liquidation de la communauté, c'est-à-dire jusqu'à ce que le bien soit vendu ou attribué à l'un des deux conjoints après le divorce.
Si le bien immobilier acquis par les époux reste en indivision après le divorce, les taxes foncières et autres obligations fiscales liées à la propriété doivent continuer à être partagées entre les deux ex-époux, et ce jusqu’à ce que l’indivision soit levée.
Dans ce cadre, même après la séparation, chacun demeure responsable pour sa part des taxes foncières, proportionnellement à ses droits sur le bien, jusqu’à ce que le bien soit réparti ou vendu. Cette situation peut perdurer si le partage du bien prend du temps ou si l’un des époux décide de conserver le bien en indivision.
Dans le cadre d’un régime de séparation de biens, les choses sont plus simples. Chaque époux est propriétaire exclusif des biens qu'il a acquis pendant le mariage, et donc seul responsable des obligations fiscales liées à ses propres biens.
Il n'y a donc pas de partage des impôts fonciers ou des autres taxes locales après le divorce, chaque époux ayant ses propriétés distinctes.
En revanche, dans les régimes matrimoniaux plus complexes, comme le régime de la communauté universelle où tous les biens, même ceux acquis avant le mariage, sont mis en commun, la gestion des obligations fiscales après le divorce peut se compliquer.
En effet, la liquidation de la communauté doit être réalisée avant que les taxes puissent être attribuées à l’un ou l’autre des ex-époux.
Le régime matrimonial a donc un impact significatif sur le paiement des impôts après le divorce. En régime de communauté réduite aux acquêts, les ex-époux partagent la responsabilité des taxes foncières jusqu’à la liquidation du régime matrimonial, alors qu’en séparation de biens, chaque époux est seul responsable de ses biens personnels.
En conclusion, le divorce entraîne une redéfinition des obligations fiscales des ex-époux. Avant la séparation officielle, la solidarité fiscale prévaut, chaque conjoint étant responsable du paiement des taxes liées au foyer commun.
Après le divorce, chacun devient redevable des taxes afférentes à sa propre résidence, et des solutions telles que la décharge de responsabilité solidaire peuvent être envisagées pour les dettes fiscales antérieures.
Enfin, le régime matrimonial joue un rôle clé dans la gestion des biens et des obligations fiscales, avec des implications variées selon qu’il s’agisse de communauté ou de séparation de biens.
1. Qui est responsable du paiement de la taxe d'habitation après un divorce ?
Une fois le divorce prononcé, la responsabilité du paiement de la taxe d'habitation repose sur celui qui occupe le logement au 1er janvier de l’année en cours. Cela signifie que si l’un des ex-conjoints conserve le logement conjugal, il devient l’unique responsable du paiement de cette taxe, même si le bien appartient encore en indivision aux deux ex-époux. La taxe d’habitation ne concerne pas la propriété du bien mais plutôt l’occupation effective au début de l’année. Par conséquent, le conjoint qui quitte le domicile conjugal n’aura pas à payer la taxe pour ce bien, mais devra s'acquitter de la taxe pour le logement dans lequel il s'est installé.
De plus, même si le bien est en indivision après le divorce, seul l’occupant est redevable de la taxe d’habitation. En revanche, les autres taxes locales, comme la taxe foncière, peuvent toujours être partagées entre les ex-conjoints tant que le bien reste en indivision.
2. Comment sont gérées les taxes durant l’année de la séparation ?
Les règles fiscales imposent que la situation des époux au 1er janvier de l’année détermine qui est redevable des taxes d'habitation pour toute l’année. Cela signifie que, même si le couple se sépare en cours d’année, si les deux conjoints cohabitaient au 1er janvier, ils restent solidairement responsables du paiement de la taxe pour cette année. Cette obligation persiste, quel que soit le moment de la séparation ou du divorce.
Par exemple, si le divorce est prononcé en juin, mais que les époux vivaient encore ensemble au 1er janvier, ils devront assumer conjointement la taxe d’habitation pour toute l’année. Cette règle repose sur le principe que l’administration fiscale ne prend en compte que la situation au début de l’année fiscale, et les changements intervenus plus tard, tels que la séparation de corps ou le divorce, n’ont pas d’impact sur l’imposition de l’année en cours. Cette disposition est précisée par le Code général des impôts, et les ex-époux ne peuvent y déroger, sauf accord exceptionnel avec l’administration fiscale.
3. Peut-on demander une exonération des taxes après le divorce ?
Oui, il est possible de demander une décharge de responsabilité solidaire après un divorce. Cette demande est encadrée par l'article 1691 bis du Code général des impôts et permet à l’un des ex-époux d’être exonéré, totalement ou partiellement, des dettes fiscales contractées pendant le mariage. Cette exonération peut concerner des dettes liées aux impôts locaux, telles que la taxe d’habitation ou la taxe foncière, mais également d'autres obligations fiscales accumulées au cours du mariage.
Pour obtenir cette décharge, il faut prouver certaines conditions, notamment que le demandeur est en situation de difficulté financière, ou que l’autre ex-conjoint est plus à même de régler les dettes en question. L’administration fiscale étudie ces demandes au cas par cas, et la décision d’octroyer ou non cette décharge dépend de nombreux facteurs, tels que la répartition des biens lors du divorce, les ressources financières des deux ex-époux, ainsi que la situation personnelle et professionnelle du demandeur. La procédure peut être longue et nécessite souvent l’intervention d’un avocat pour fournir les preuves nécessaires et défendre la demande devant les autorités fiscales.
4. Quel est l’impact du régime matrimonial sur les obligations fiscales après un divorce ?
Le régime matrimonial adopté par les époux durant leur mariage peut considérablement influencer la répartition des obligations fiscales après le divorce. En régime de communauté réduite aux acquêts, par exemple, les biens acquis pendant le mariage sont considérés comme des biens communs. Cela signifie que, jusqu’à la liquidation du régime matrimonial, chaque ex-époux peut être partiellement responsable du paiement des taxes foncières ou autres impôts liés à ces biens communs. Tant que les biens acquis ensemble pendant le mariage n'ont pas été partagés ou vendus, les deux ex-époux conservent une responsabilité conjointe pour le paiement des impôts qui en découlent.
En revanche, dans un régime de séparation de biens, chaque époux est propriétaire exclusif des biens qu’il a acquis individuellement, et donc seul responsable des impôts liés à ces biens. Après le divorce, il n’y a pas de partage des obligations fiscales, puisque chaque époux reste indépendant quant à la gestion de ses propres biens et taxes. Ce régime simplifie souvent la répartition des responsabilités fiscales après la séparation, car chaque ex-époux conserve une gestion autonome de son patrimoine.
5. Que se passe-t-il pour les taxes sur un bien immobilier en indivision après un divorce ?
Lorsque le bien immobilier reste en indivision après un divorce, les taxes foncières et autres obligations fiscales liées au bien continuent d’être partagées entre les deux ex-époux. L’indivision signifie que chaque ex-conjoint détient une part du bien, et à ce titre, ils sont propriétaires conjoints de la propriété. Chacun est donc responsable de sa part des taxes, proportionnellement à ses droits dans l’indivision. Par exemple, si le bien est détenu à parts égales, chacun devra payer 50% des taxes foncières.
Cependant, en ce qui concerne la taxe d'habitation, elle ne concerne que celui qui occupe le bien au 1er janvier. Si l’un des ex-époux continue d’habiter le logement conjugal alors qu’il est toujours en indivision, il sera le seul à payer la taxe d’habitation. L’autre ex-conjoint ne sera pas concerné par cette obligation tant qu’il ne réside pas dans la propriété.
La gestion des taxes dans une situation d’indivision peut parfois créer des tensions entre les ex-conjoints, notamment si l’un d’eux refuse de vendre le bien ou de prendre en charge sa part des impôts. Si aucune solution amiable n’est trouvée, les ex-conjoints peuvent avoir recours à la justice pour demander la sortie de l’indivision, c’est-à-dire la vente du bien ou son attribution à l’un des deux.