Consommation

Électricité : les étapes à suivre pour contester une facture excessive

Estelle Marant
Collaboratrice
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Litige avec votre fournisseur d’énergie : que faire en cas de facture trop élevée ?

Recevoir une facture d’électricité exorbitante sans explication claire peut être source d’inquiétude pour de nombreux foyers. Entre relevés de compteur approximatifs, erreurs de facturation, ou encore problèmes techniques liés à l’installation, les causes de ces anomalies sont multiples.

Pourtant, les consommateurs ne sont pas sans recours. La législation française protège les usagers contre les pratiques abusives et leur garantit la possibilité de contester toute facture injustifiée. Encore faut-il connaître les démarches à suivre, les textes applicables, et les bons interlocuteurs.

Cet article, proposé par defendstesdroits.fr, vous éclaire sur vos droits et les actions à entreprendre pour contester efficacement une facture d’électricité trop élevée.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Ce que prévoit la législation
  3. Identifier l’origine de l’anomalie
  4. Premiers réflexes à adopter
  5. Mise en demeure du fournisseur
  6. Recours amiables disponibles
  7. Expertise du compteur
  8. Action judiciaire en cas d’échec
  9. Attention aux coupures d’électricité
  10. Surfacturation après résiliation
  11. FAQ

Ce que prévoit la législation

L’article L121-87 du Code de la consommation impose aux fournisseurs d’énergie de mentionner clairement dans leurs offres les prix des prestations proposées ainsi que les conditions de leur évolution.

Cette disposition vise à assurer une transparence contractuelle totale, afin que le consommateur puisse comparer efficacement les offres disponibles sur le marché et évaluer avec justesse sa propre consommation énergétique. En rendant les tarifs lisibles et les éventuelles modifications prévisibles, la loi favorise un choix éclairé de la part du consommateur et lutte contre les pratiques trompeuses.

Par ailleurs, l’article L224-11 du Code de la consommation oblige le fournisseur à facturer le client sur la base de sa consommation réelle, et non sur des estimations approximatives ou non justifiées.

Cette règle connaît une exception uniquement en cas d’impossibilité technique d’accéder aux données du compteur, comme en l’absence de relevé ou en cas de panne. Cette exigence vise à protéger le consommateur contre les erreurs de facturation, les surcoûts injustifiés, et à garantir que la facture reflète fidèlement l’énergie réellement consommée.

Identifier l’origine de l’anomalie

Avant d’engager toute démarche de contestation ou de réclamation, il est impératif d’identifier précisément la cause de la surfacturation. Cette étape est essentielle pour apporter une réponse adaptée et éviter que le problème ne se reproduise.

Parmi les causes fréquentes d’anomalie, on retrouve :

  • Erreur de relevé du compteur : Le fournisseur peut avoir émis une facture sur la base d’une estimation erronée plutôt qu’un relevé réel. Cela se produit notamment lorsque l’accès au compteur est difficile ou lorsque le relevé manuel est incorrect.
  • Défaut technique du compteur électrique : Un compteur défectueux, notamment un compteur Linky, peut entraîner une mesure incorrecte de la consommation. Dans ce cas, un test ou un remplacement peut être nécessaire pour vérifier le bon fonctionnement de l’appareil.
  • Problème de transmission des données : Une erreur de communication entre le gestionnaire de réseau (Enedis) et le fournisseur d’énergie peut fausser les données de consommation. Ce dysfonctionnement peut entraîner une facturation erronée, indépendamment de la consommation réelle.
  • Contrat non résilié : Si le fournisseur continue de facturer malgré une demande de résiliation, il peut s’agir d’un défaut de traitement administratif ou d’une erreur dans la prise en compte de la date de résiliation. Il convient alors de vérifier les échanges et justificatifs envoyés.
  • Fraude ou branchement illicite : Une utilisation frauduleuse de votre installation électrique par un tiers (branchement sauvage) peut faire augmenter artificiellement votre consommation. Ce type de situation nécessite une expertise technique approfondie et, le cas échéant, une plainte auprès des autorités compétentes.

Premiers réflexes à adopter

Dès la réception d’une facture suspecte, il est recommandé de :

  1. Comparer votre consommation actuelle avec les précédentes factures.
  2. Vérifier les index de consommation relevés sur votre compteur.
  3. Contacter votre fournisseur d’électricité par écrit (lettre recommandée avec accusé de réception) pour lui faire part de votre contestation.
  4. Joindre tous les éléments justificatifs (photos du compteur, historique de consommation, contrat, lettre de résiliation, etc.).

Conservez soigneusement une copie de toutes les correspondances.

Mise en demeure du fournisseur

Si le fournisseur ne répond pas à vos sollicitations ou refuse de procéder à un ajustement, l’envoi d’une mise en demeure est recommandé. Cette démarche, prévue par l’article 1344 du Code civil, a pour effet de formaliser la demande et de faire courir les délais légaux.

Dans cette lettre, il convient d’exiger :

  • La rectification de la facture contestée ;
  • Le remboursement des sommes prélevées indûment ;
  • La suspension de tout recouvrement ou menace de coupure, en attendant l’issue du litige.

Recours amiables disponibles

Avant d’envisager une action en justice, plusieurs solutions amiables s’offrent au consommateur :

  • Saisir le service consommateurs du fournisseur, qui dispose généralement d’un service dédié à la gestion des litiges.
  • Si cette démarche reste infructueuse, saisir le Médiateur national de l’énergie, autorité indépendante compétente pour les litiges entre particuliers et fournisseurs d’énergie. La saisine est gratuite, conforme à l’article L612-1 du Code de la consommation.
  • Le médiateur peut être saisi en ligne via le site energie-mediateur.fr, ou par courrier postal.

Expertise du compteur

En cas de doute sérieux sur la fiabilité du compteur électrique, le consommateur a le droit de demander une expertise technique afin de vérifier le bon fonctionnement de l’appareil. Cette procédure est encadrée par l’article R224-21 du Code de la consommation, qui prévoit les modalités de mise en œuvre de ce contrôle.

L’expertise peut être :

  • Initiée par Enedis, en tant que gestionnaire du réseau public d’électricité, lorsqu’un dysfonctionnement est signalé ;
  • Réalisée par un prestataire indépendant, à la demande du consommateur, lorsque ce dernier soupçonne une anomalie de mesure ou une surfacturation injustifiée.

Si l’expertise conclut à un dysfonctionnement du compteur (erreur de mesure, défaut technique, transmission défectueuse…), alors :

  • Le fournisseur d’électricité est tenu de procéder à un recalcul rétroactif des consommations sur la période concernée ;
  • Il doit rembourser les sommes trop perçues, avec éventuellement des intérêts de retard si la régularisation tarde.

En revanche, si l’expertise ne révèle aucune anomalie, les frais de l’intervention peuvent être à la charge du consommateur. Toutefois, cette facturation ne peut être appliquée automatiquement : il est nécessaire que le fournisseur démontre l’absence de tout manquement et que le consommateur n’ait pas agi de manière abusive. Si ce dernier peut justifier sa bonne foi et le caractère légitime de sa contestation (relevé anormal, augmentation soudaine sans explication…), les frais ne devraient pas lui être facturés.

Action judiciaire en cas d’échec

Si aucune des voies amiables n’aboutit, vous pouvez porter l’affaire devant :

  • Le juge de proximité (pour un litige inférieur ou égal à 10 000 €).
  • Le tribunal judiciaire (au-delà de 10 000 € ou en cas de difficulté juridique).

L’action en justice repose notamment sur l’article 1240 du Code civil (responsabilité pour faute), et peut donner lieu à des dommages-intérêts si une faute avérée du fournisseur est démontrée (par exemple, poursuite injustifiée d’un contrat résilié, absence de réponse, facturation abusive).

Attention aux coupures d’électricité

Selon l’article L115-3 du Code de l’énergie, les fournisseurs d’électricité ne peuvent pas procéder à une coupure de courant durant la période de trêve hivernale, qui s’étend du 1er novembre au 31 mars. Cette interdiction s’applique même en cas de facture impayée, dans le but de protéger les foyers les plus vulnérables pendant les mois les plus froids.

En dehors de cette période, toute interruption de fourniture doit suivre une procédure stricte, imposée par la réglementation :

  • Envoi d’un préavis écrit au consommateur ;
  • Délai de relance permettant un paiement ou un échelonnement de la dette ;
  • Possibilité d’obtenir un accompagnement via les services sociaux pour éviter la coupure.

Une coupure abusive, sans respect de ces formalités, peut être contestée. Le consommateur peut alors engager un recours indemnitaire pour obtenir une réparation du préjudice subi, notamment s’il y a eu atteinte à la santé ou aux conditions de vie.

Surfacturation après résiliation

Il arrive que des consommateurs soient encore prélevés après avoir résilié leur contrat d’électricité. Cette pratique est non seulement anormale, mais peut aussi être considérée comme une pratique commerciale trompeuse, au sens de l’article L121-2 du Code de la consommation. En effet, le fournisseur pourrait être sanctionné pour avoir induit en erreur le consommateur sur la durée ou l’exécution du contrat.

En cas de prélèvements injustifiés postérieurs à la résiliation, il est recommandé de :

  • Transmettre une réclamation écrite au service client du fournisseur, en joignant les justificatifs de la résiliation (courrier recommandé, mail de confirmation, relevé de compteur, etc.) ;
  • Exiger le remboursement immédiat des sommes indûment perçues, en précisant un délai raisonnable pour la régularisation (généralement 15 jours) ;
  • En cas de refus ou d’absence de réponse, envisager un signalement à la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes), compétente pour enquêter sur les pratiques déloyales ou abusives des professionnels.

Conclusion

En cas de facture d’électricité anormalement élevée, le consommateur dispose d’une panoplie de recours juridiques et amiables pour faire valoir ses droits. Entre vérifications techniques, démarches écrites, médiation spécialisée ou saisine du juge compétent, chaque étape doit être menée avec rigueur et appuyée sur les dispositions légales en vigueur.

Il est essentiel de documenter sa contestation, de ne jamais rester passif face à une anomalie, et de faire valoir ses droits avec fermeté. Pour être accompagné dans ces démarches, defendstesdroits.fr met à votre disposition toutes les ressources nécessaires pour réagir face à une surfacturation injustifiée.

FAQ

1. Quelles sont les causes les plus fréquentes d'une facture d'électricité anormalement élevée ?

Plusieurs situations peuvent expliquer une facture d’électricité excessivement élevée. L’une des causes principales est une erreur de relevé de compteur par le fournisseur ou par le gestionnaire de réseau (notamment Enedis). Il peut également s’agir d’un compteur défectueux, en particulier dans le cas de compteurs communicants (Linky) qui remontent des données erronées. D’autres cas fréquents incluent une consommation estimée au lieu d’être réelle, ou encore une facturation après résiliation du contrat. Enfin, un raccordement frauduleux à votre installation (par un voisin par exemple) ou un appareil défaillant chez vous qui consomme en continu peuvent aussi entraîner une surconsommation injustifiée.

2. Comment vérifier si le montant facturé correspond réellement à ma consommation ?

Il est essentiel de comparer le relevé mentionné sur la facture avec l’index affiché sur votre compteur électrique. Dans le cas des compteurs Linky, vous pouvez accéder à vos données de consommation journalière via l’espace client de votre fournisseur. Si vous possédez un compteur classique, un relevé manuel peut s’avérer nécessaire. Vérifiez également les dates de consommation facturées et assurez-vous qu’il ne s’agit pas d’une estimation, mentionnée souvent par la lettre "E" sur la facture. Si l’écart est important ou injustifié, il est recommandé de contacter rapidement le fournisseur et de photographier le compteur en guise de preuve.

3. Quelles démarches entreprendre pour contester une facture d’électricité trop élevée ?

La première étape consiste à envoyer une réclamation écrite au fournisseur, de préférence par lettre recommandée avec accusé de réception, en détaillant les motifs de la contestation et en y joignant les justificatifs (photo du compteur, ancienne facture, preuve de résiliation, etc.). En l’absence de réponse satisfaisante sous un délai raisonnable (généralement 30 jours), vous pouvez adresser une mise en demeure, conformément à l’article 1344 du Code civil, pour contraindre le fournisseur à régulariser la situation. En cas de refus ou d’absence de réponse, il est alors possible de saisir le Médiateur national de l’énergie ou, en dernier recours, d’engager une action devant le juge compétent.

4. Quels sont les recours disponibles si le fournisseur refuse de corriger la facture ?

Lorsque la résolution amiable échoue, le consommateur peut saisir le Médiateur national de l’énergie en application de l’article L612-1 du Code de la consommation. Cette autorité indépendante est compétente pour trancher les litiges entre consommateurs et fournisseurs d’énergie (EDF, Engie, etc.). Si le différend persiste malgré la médiation, un recours judiciaire peut être exercé devant le tribunal judiciaire ou le juge de proximité, selon le montant du litige. L’action peut s’appuyer sur l’article 1240 du Code civil, fondant la responsabilité civile pour faute, en cas de surfacturation injustifiée ou de pratiques abusives.

5. Peut-on demander le remboursement des sommes prélevées à tort ?

Oui. Si la surfacturation est avérée, vous pouvez exiger le remboursement intégral des sommes indûment perçues par le fournisseur, y compris les prélèvements effectués après la résiliation du contrat. Cette demande doit être formalisée par une mise en demeure. En cas de refus persistant, le juge peut être saisi pour ordonner le remboursement avec intérêts de retard, conformément aux dispositions du Code monétaire et financier (article L313-2). Il est également possible d’engager une action indemnitaire si vous avez subi un préjudice moral ou financier du fait de la surfacturation (menaces de coupure, frais bancaires liés au découvert, etc.).

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