L’indivision immobilière, qu’elle résulte d’un achat commun, d’une succession ou d’un divorce, soulève inévitablement des questions juridiques et financières complexes, notamment en ce qui concerne la réalisation de travaux sur le bien indivis.
Entre liberté d’action de chaque indivisaire, nécessité d’obtenir un accord collectif et règles de remboursement, il est essentiel de distinguer clairement le type de travaux effectués – conservation, entretien ou amélioration – afin de déterminer qui doit les payer.
Le Code civil encadre strictement cette matière afin de préserver les intérêts de chaque co-indivisaire et d’éviter les abus. Sur defendstesdroits.fr, nous vous aidons à comprendre précisément vos droits et obligations dans ce cadre souvent conflictuel.
Les travaux réalisés sur un immeuble en indivision ne sont pas tous de même nature ni de même importance. Ils se répartissent en trois grandes catégories, chacune obéissant à des règles juridiques spécifiques en matière de décision et de financement.
La qualification précise des travaux est donc essentielle, car elle détermine le régime juridique applicable, notamment en ce qui concerne la prise de décision, les modalités de remboursement et les obligations de chaque indivisaire. En cas de doute, il est vivement recommandé de documenter les travaux et d’informer les autres indivisaires par écrit avant toute initiative.
Conformément à l’article 815-2 du Code civil, tout indivisaire peut effectuer seul les actes conservatoires nécessaires à la sauvegarde du bien. Il n’est donc pas tenu d’obtenir l’accord des autres indivisaires. En contrepartie, il peut exiger un remboursement à proportion des parts de chacun dans l’indivision, sur justification des dépenses avancées.
Lorsque les travaux modifient l’affectation, la valeur ou le confort du bien, l’article 815-3 du Code civil exige l’accord d’au moins deux tiers des droits indivis pour engager des actes d’administration ou d’amélioration. À défaut d’accord préalable, aucun remboursement n’est dû, sauf exception si l’indivision en tire un bénéfice prouvé au moment de la vente ou du partage.
L’article 815-13 du Code civil prévoit qu’un indivisaire ayant financé seul des travaux d’amélioration peut obtenir une indemnité équitable au moment du partage, calculée sur la base de la plus-value procurée par ces travaux au bien.
L’indivisaire peut :
Il est impératif de conserver les preuves : factures, devis, preuves de paiement, rapports d’expertise... Ces pièces permettent de justifier la nature des travaux réalisés et leur caractère conservatoire ou amélioratif.
L’article 815-8 du Code civil garantit à chaque indivisaire un droit d’information sur les documents liés à la gestion du bien, notamment en cas de dépenses engagées.
Les remboursements doivent être faits au prorata des parts indivises. Par exemple, si un indivisaire possède 40 % et un autre 60 %, le coût de 10 000 € de travaux de conservation sera réparti à hauteur de 4 000 € pour le premier et 6 000 € pour le second.
Il convient de noter que les indivisaires ne sont pas solidairement responsables. Celui qui avance les frais ne peut pas exiger l'intégralité de la somme à un seul autre indivisaire : chacun doit être sollicité pour sa propre quote-part.
L’indivisaire qui jouit privativement du bien indivis assume certaines obligations supplémentaires :
Cette jurisprudence constante protège l’indivision contre l’usage abusif du bien par un seul indivisaire (Cass. civ. 1re, 21 juin 2000, n° 98-21.528).
Avant toute action judiciaire, la loi recommande de privilégier un règlement amiable. Une mise en demeure écrite rappelant les articles applicables peut suffire à faire valoir ses droits.
Sur defendstesdroits.fr, vous trouverez des modèles de lettres personnalisables pour demander le remboursement de dépenses engagées ou contester des demandes indues.
En cas d’échec de la tentative amiable, l’indivisaire lésé peut saisir le tribunal judiciaire, compétent en matière de partage et de gestion de l’indivision. L’action devra être étayée par :
L’action en remboursement fondée sur l’article 815-2 ou 815-13 est recevable pendant toute la durée de l’indivision et jusqu’à la liquidation de celle-ci (Cass. civ. 1re, 23 janv. 2007, n° 04-20.574).
La gestion des travaux dans un immeuble en indivision obéit à des règles de droit précises, codifiées notamment aux articles 815-2 et 815-13 du Code civil, et complétées par une jurisprudence constante. La clé réside dans la bonne qualification des travaux et dans le respect des droits de chaque indivisaire.
En cas de désaccord, les voies amiables doivent être privilégiées, sans exclure l’éventualité d’une action en justice si les sommes avancées restent impayées. Pour faire valoir vos droits, conservez tous les justificatifs utiles et n’hésitez pas à consulter les ressources pratiques mises à votre disposition sur defendstesdroits.fr.
1. Un indivisaire peut-il décider seul de réaliser des travaux dans un bien en indivision ?
Oui, mais tout dépend de la nature des travaux. Conformément à l’article 815-2 du Code civil, un indivisaire peut seul entreprendre des travaux conservatoires, c’est-à-dire ceux nécessaires pour éviter la dégradation du bien (réparation de toiture, traitement d'une infiltration, etc.). En revanche, les travaux d’amélioration ou d’aménagement, comme la rénovation d’une cuisine ou l’installation d’un portail automatique, nécessitent l’accord des indivisaires représentant au moins les deux tiers des droits indivis (article 815-3 du Code civil). En cas de non-respect de cette majorité, les autres indivisaires peuvent refuser de rembourser les sommes avancées.
2. Comment est réparti le coût des travaux entre les indivisaires ?
Le coût des travaux conservatoires est réparti au prorata des parts de chacun dans l’indivision. Par exemple, si deux indivisaires détiennent respectivement 60 % et 40 % des droits, ils doivent contribuer aux dépenses dans cette proportion. Toutefois, chaque indivisaire doit être sollicité individuellement : il n’existe aucune solidarité entre eux, ce qui signifie qu’un indivisaire ne peut pas être contraint de rembourser plus que sa propre quote-part. Pour les travaux d’amélioration, le remboursement n’est possible que si un accord préalable a été obtenu ou si une plus-value est constatée au moment du partage du bien (article 815-13 du Code civil).
3. Quelles preuves un indivisaire doit-il fournir pour obtenir le remboursement des travaux ?
Pour prétendre à un remboursement ou une indemnisation, l’indivisaire qui a financé les travaux doit impérativement conserver tous les justificatifs : devis signés, factures acquittées, preuves de paiement, courriers d'information aux autres indivisaires, et si possible un rapport d'expertise ou une estimation de la valeur du bien avant et après les travaux. L’article 815-8 du Code civil impose également la mise à disposition de ces documents aux autres indivisaires. Sans ces éléments, la demande de remboursement pourrait être rejetée par le juge en cas de litige.
4. Que se passe-t-il si un indivisaire refuse de rembourser sa part des travaux ?
En cas de refus de remboursement, l’indivisaire lésé peut d’abord adresser une mise en demeure écrite, fondée sur les dispositions du Code civil (notamment les articles 815-2 ou 815-13), en précisant les montants avancés et les justificatifs à l’appui. Si cette tentative amiable échoue, il peut engager une action en justice devant le tribunal judiciaire, compétent pour les litiges liés à l’indivision. Le juge peut alors ordonner le remboursement de la quote-part correspondant à chaque indivisaire. Cette action est possible pendant toute la durée de l’indivision et jusqu’à la liquidation du partage.
5. L’indivisaire qui occupe seul le bien doit-il participer aux travaux ?
Oui, l’indivisaire qui occupe seul le bien n’est pas dispensé de contribuer aux frais de travaux conservatoires ou d’amélioration, selon ses droits dans l’indivision. Toutefois, les frais d’entretien courant (nettoyage, petites réparations, remplacement d’ampoules, etc.) sont exclusivement à sa charge, comme s’il était locataire du bien. En cas de dégradation volontaire ou par négligence, il devra prendre en charge intégralement les réparations, sans droit à remboursement. Cette obligation repose sur le principe de responsabilité individuelle de l’occupant, largement admise en jurisprudence.