Civil

Maîtriser le risque client : enjeux et stratégies

Francois Hagege
Fondateur
Partager

Gérer le risque client : actions juridiques et financières à mettre en place

Dans un environnement économique instable, la gestion du risque client est devenue une exigence incontournable pour la survie et la croissance des entreprises. Qu'il s'agisse de grandes structures ou de petites sociétés, la maîtrise des créances et des délais de paiement conditionne directement la stabilité financière et la capacité d’investissement.

Ignorer ce risque expose l’entreprise à des difficultés de trésorerie, à un alourdissement de son besoin en fonds de roulement (BFR) et, à terme, à des pertes irrécupérables.

Afin d'anticiper ces dangers, le droit français offre aux créanciers plusieurs outils juridiques pour évaluer, prévenir et réagir face aux impayés. Défendstesdroits.fr vous propose une analyse approfondie des stratégies juridiques et financières pour sécuriser votre poste client et assurer la pérennité de votre activité.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Définition du risque client
  3. Conséquences du risque client
  4. Prévention et maîtrise du risque client
  5. FAQ
  6. Conclusion

Définition du risque client

Le risque client désigne la possibilité qu’un client ne règle pas une facture due, en totalité ou en partie, dans les délais contractuels impartis. Il englobe l’ensemble des créances non réglées, qu’elles soient échues (dont la date de paiement est dépassée) ou à échoir (dont l’échéance est future).

Ce risque impacte directement le besoin en fonds de roulement (BFR), car des sommes attendues pour financer l'activité restent immobilisées, créant ainsi des tensions de trésorerie.

En cas de mauvaise gestion, l’entreprise voit sa capacité à investir, honorer ses dettes et se développer compromise. Un encours client trop important non sécurisé fragilise l'équilibre financier global de la société.

Sur le plan juridique, l’article 1342-4 du Code civil impose que toute obligation de payer soit exécutée conformément aux termes convenus. Le non-respect de cette obligation ouvre droit, pour le créancier, à différentes actions judiciaires de recouvrement afin d’obtenir le règlement des sommes dues.

Conséquences d'une mauvaise gestion du risque client

Une mauvaise anticipation ou une absence de maîtrise du risque client expose l’entreprise à plusieurs conséquences majeures :

  • Retards de paiement : ils engendrent une tension croissante sur la trésorerie, nécessitant parfois de recourir à des financements bancaires coûteux pour pallier le manque de liquidités.
  • Insolvabilité du client : le non-paiement total ou partiel des factures aboutit à des pertes financières définitives, surtout lorsque les délais de prescription sont dépassés ou que le client est en liquidation judiciaire.
  • Rupture de la relation commerciale : le climat de confiance étant détérioré, l'entreprise peut perdre son client, avec pour conséquence une réduction durable de son chiffre d'affaires.

D’un point de vue comptable, ces risques se traduisent par une augmentation du poste "clients douteux" à l’actif du bilan, en application des règles fixées par le Plan Comptable Général (PCG).

Ce reclassement comptable oblige également l'entreprise à pratiquer des provisions pour dépréciation des créances, ce qui impacte directement le résultat net et, par extension, la capacité d’autofinancement.

Comment prévenir et maîtriser le risque client

Vérification de la solvabilité des clients

Avant de contractualiser, il est conseillé de vérifier la situation financière du client :

  • Extrait Kbis : obligatoire pour les personnes morales ; il renseigne sur la situation administrative de l’entreprise, y compris l’existence éventuelle d’une procédure collective.
  • Consultation des comptes annuels publiés sur des plateformes telles qu'Infogreffe.
  • Enquête de solvabilité : réalisée via des agences spécialisées ou directement auprès du client.

Analyse des ratios financiers

L’étude de certains indicateurs financiers permet d’évaluer la solidité du client :

  • Taux d'endettement (Gearing) : Dette financière nette / Capitaux propres. Un ratio supérieur à 1 est un signal d’alerte.
  • Délai moyen de paiement client (DSO) : ((Créances clients TTC / Chiffre d’affaires TTC) × Nombre de jours). Plus ce délai est court, mieux c’est.
  • Ratio de solvabilité générale : Total des actifs / Total des dettes. Un résultat supérieur à 1 est favorable.
  • Délai moyen de règlement fournisseurs (DPO) : Indique la capacité d’une entreprise à honorer ses dettes fournisseurs.

Ces outils permettent de diagnostiquer de manière proactive la santé financière de la clientèle.

Définition des conditions de paiement

Conformément à l’article L441-10 du Code de commerce, le délai de paiement convenu entre professionnels ne peut dépasser 60 jours à compter de la date d’émission de la facture, sauf dérogation justifiée.

Il est possible de prévoir :

  • Paiement comptant.
  • Paiement à réception de facture.
  • Paiement à échéance déterminée : par exemple 30 jours fin de mois.

Mise en place d'une politique de relance

Pour maîtriser le risque client, il est essentiel de structurer une politique de relance :

  • Relance téléphonique dès l’échéance dépassée.
  • Relance écrite par e-mail ou courrier simple.
  • Mise en demeure formelle, prévue à l’article 1344 du Code civil, en cas d’absence de règlement.

En cas d’échec, le créancier peut engager une procédure judiciaire de recouvrement :

  • Injonction de payer.
  • Référé provision en cas d’urgence.
  • Assignation au fond.

Recours à l'affacturage

L’affacturage permet à l’entreprise de céder ses créances commerciales à un organisme spécialisé appelé “factor”. Ce dernier assure :

  • Le financement immédiat,
  • Le recouvrement,
  • Et la garantie contre l’insolvabilité.

L'affacturage constitue un levier de sécurisation et de gestion du poste client efficace.

Rédaction rigoureuse des contrats commerciaux

Pour limiter les risques juridiques, il est recommandé d’inclure dans les contrats :

  • Une clause de réserve de propriété, permettant de rester propriétaire des biens jusqu’au paiement intégral.
  • Une clause pénale prévoyant une indemnité en cas de retard.
  • Des garanties de paiement : caution bancaire, garantie autonome, etc.

La qualité de la rédaction contractuelle est un outil fondamental de prévention du risque client.

Souscription à une assurance-crédit

L’assurance-crédit couvre les entreprises contre le risque d’impayés en offrant :

  • Suivi de la solvabilité des clients,
  • Recouvrement des créances,
  • Indemnisation en cas de défaillance.

La souscription d'une telle assurance permet de sécuriser la trésorerie et d'augmenter la confiance dans la gestion commerciale.

Conclusion

La maîtrise du risque client repose sur une approche rigoureuse, combinant anticipation contractuelle, vérification de la solvabilité, mise en place de garanties, et stratégies de recouvrement efficaces.

En conjuguant ces leviers juridiques et financiers, l’entreprise limite ses expositions aux impayés tout en sécurisant ses flux de trésorerie. L’utilisation judicieuse des outils tels que l’affacturage, l’assurance-crédit ou encore l’insertion de clauses protectrices dans les contrats permet d’optimiser la gestion du poste client.

Pour chaque situation, il importe d’adapter la réponse aux spécificités de la relation commerciale, en s’appuyant sur les dispositifs légaux en vigueur pour préserver la santé financière de son entreprise.

FAQ

Qu'est-ce que le risque client et pourquoi est-il si important de le maîtriser ?

Le risque client désigne la probabilité qu'un client ne règle pas ses factures dans les délais impartis ou fasse défaut de paiement. Ce risque peut provoquer des déséquilibres financiers graves, augmenter le besoin en fonds de roulement (BFR) et entraver le développement économique de l'entreprise. Sa maîtrise est essentielle pour préserver la liquidité, éviter les tensions de trésorerie et maintenir une capacité d’investissement suffisante. Le droit français, à travers l'article 1342-4 du Code civil, impose l'exécution des obligations de paiement dans les conditions prévues au contrat, ce qui confère au créancier des droits spécifiques pour agir en cas d'impayé.

Comment anticiper efficacement le risque client avant de contractualiser ?

Anticiper le risque client passe par une vérification approfondie de la situation financière du prospect. L’entreprise doit notamment :

  • Consulter l’extrait Kbis du client pour détecter d’éventuelles procédures collectives.
  • Analyser les comptes annuels déposés auprès du registre du commerce et des sociétés.
  • Calculer certains ratios financiers stratégiques, comme le gearing, le DSO et le ratio de solvabilité, afin d’évaluer l’endettement et la capacité de paiement. Ces démarches permettent d'évaluer la solvabilité du client et d’adapter les conditions de paiement ou les garanties exigées en conséquence.

Quels moyens juridiques permettent de sécuriser les paiements clients ?

Plusieurs mécanismes juridiques peuvent être insérés dans les contrats pour protéger le créancier :

  • Clause de réserve de propriété : elle permet au vendeur de rester propriétaire des biens jusqu’au paiement complet du prix.
  • Clause pénale : elle prévoit une indemnité forfaitaire en cas de retard ou de non-paiement.
  • Constitution de sûretés telles que des nantissements ou des hypothèques pour garantir l’exécution de l’obligation. La bonne rédaction de ces clauses est essentielle pour assurer leur validité juridique et leur efficacité en cas de contentieux.

Que faire en cas d'impayé malgré les relances amiables ?

Lorsque les relances amiables restent infructueuses, plusieurs recours judiciaires s'offrent au créancier :

  • Injonction de payer : une procédure rapide et peu coûteuse pour obtenir un titre exécutoire.
  • Référé provision : en cas d'urgence et de non-contestation sérieuse de la dette.
  • Assignation au fond : pour réclamer judiciairement le paiement intégral. Il est également possible de mandater un commissaire de justice (ex-huissier) pour engager les procédures, en respectant les délais de prescription (2 ans contre un particulier, 5 ans contre une entreprise selon l’article 2224 du Code civil).

L'affacturage est-il une solution fiable pour maîtriser le risque client ?

Oui, l'affacturage constitue une solution efficace pour les entreprises souhaitant sécuriser rapidement leur trésorerie. En cédant leurs créances commerciales à un factor, les entreprises bénéficient :

  • D’un financement immédiat de leurs factures.
  • D’une gestion déléguée du recouvrement.
  • D’une garantie contre les impayés si le contrat d’affacturage comprend une assurance contre l’insolvabilité. L'affacturage, prévu par les articles L511-1 et suivants du Code monétaire et financier, permet ainsi de limiter le risque client tout en optimisant la gestion interne du poste client.

Articles Récents

Besoin d'aide ?

Nos équipes sont là pour vous guider !

Thank you! Your submission has been received!
Oops! Something went wrong while submitting the form.