Pénal

Produits contrefaits en ligne : Vos droits et moyens de réclamation

Estelle Marant
Collaboratrice
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Comment réagir à un achat de contrefaçon sur internet ? Vos recours

L’achat de produits contrefaits en ligne est un phénomène de plus en plus courant avec la montée en puissance des marketplaces et sites de vente. La contrefaçon, autrefois limitée aux grandes marques de luxe, touche désormais des secteurs variés : vêtements, accessoires, cosmétiques, produits alimentaires, jouets, et même des médicaments.

Les risques associés à ces produits sont multiples et peuvent mettre en danger non seulement le consommateur mais également la sécurité publique.

Dans cette situation, un acheteur involontaire d’un produit contrefait doit connaître les recours juridiques à sa disposition pour se protéger et faire valoir ses droits contre le vendeur. Quelles sont les démarches possibles en cas de réception d'un produit imité, et quels textes de loi peuvent soutenir l’acheteur dans son action ?

Sommaire

  1. Introduction
  2. Achat d’un produit contrefait : risques pour l’acheteur et obligations légales
  3. Dangers pour la santé et la sécurité
  4. Démarches pour signaler une contrefaçon
  5. Recours possibles contre le vendeur
  6. Responsabilité des marketplaces
  7. FAQ

Achat d’un produit contrefait : Risques pour l’acheteur et obligations légales

L’acquisition d’un bien contrefait présente des risques considérables pour l’acheteur, allant au-delà de la simple perte financière. En effet, cela peut engager la responsabilité pénale de l’acheteur, notamment si ce dernier conserve sciemment le produit contrefait.

Selon les articles L335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle, la possession d’un produit contrefait expose l'acheteur à une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à trois ans et à une amende de 300 000 euros.

Ces sanctions sont prévues pour dissuader l'achat de produits contrefaits et protéger les droits de propriété intellectuelle des marques. En outre, le détenteur de la marque contrefaite peut réclamer des dommages et intérêts pour compenser le préjudice subi, ajoutant ainsi un risque financier supplémentaire pour l'acheteur.

Dangers pour la santé et la sécurité

Les produits contrefaits présentent souvent des risques pour la santé et la sécurité des consommateurs. En effet, ils sont souvent fabriqués avec des matériaux de qualité inférieure ou dans des conditions ne respectant pas les normes de sécurité.

Par exemple, les médicaments contrefaits peuvent contenir des substances nocives, voire inefficaces, ce qui représente un danger grave pour la santé publique. De même, certains cosmétiques contrefaits peuvent provoquer des irritations cutanées, des réactions allergiques, voire des infections. Les jouets contrefaits fabriqués sans contrôle de qualité peuvent également constituer une menace sérieuse pour les enfants.

L’article L421-3 du Code de la consommation impose que tout produit mis en vente sur le marché respecte des normes de sécurité strictes.

Ce texte vise à protéger les consommateurs contre les produits dangereux et à assurer leur sécurité. Il est donc essentiel pour l’acheteur de rester vigilant et de signaler tout produit suspect. En cas de doute sur la conformité d'un produit, il est recommandé de le signaler aux autorités compétentes, comme la DGCCRF ou la douane, pour éviter tout risque pour la santé et contribuer à la lutte contre la contrefaçon.

Quelles démarches pour signaler une contrefaçon ?

Signaler la contrefaçon est une étape essentielle pour l’acheteur qui souhaite se protéger contre des poursuites potentielles et contribuer à la lutte contre la vente de produits contrefaits. Plusieurs démarches sont recommandées pour garantir une action efficace :

  1. Porter plainte auprès de la police ou de la gendarmerie
    Déposer une plainte permet de notifier officiellement les autorités de l’infraction constatée. Cette démarche crée une trace légale, documentant que l’acheteur a agi de bonne foi et qu’il prend des mesures contre le vendeur frauduleux.
  2. Saisir la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF)
    La DGCCRF est compétente pour lancer des enquêtes sur les produits contrefaits et, si nécessaire, pour sanctionner le vendeur. Cette administration a le pouvoir d'agir contre les pratiques commerciales trompeuses et de défendre les droits des consommateurs. En contactant la DGCCRF, l’acheteur aide à renforcer la surveillance et la répression des fraudes.
  3. Informer la douane
    La douane joue un rôle clé dans la lutte contre la contrefaçon, surtout pour les produits importés. Elle peut saisir et détruire les marchandises contrefaites afin de limiter leur diffusion sur le marché. Cette démarche est particulièrement efficace pour les produits venant de l’étranger, car elle permet une intervention rapide pour stopper les articles dès leur arrivée sur le territoire.
  4. Notifier la marque concernée
    L’acheteur peut également signaler les faits directement à la marque détentrice des droits de propriété intellectuelle, en passant par son service juridique. Cela permet à la marque de poursuivre le vendeur frauduleux et de demander, le cas échéant, des dommages et intérêts pour préjudice subi. En informant la marque, l’acheteur contribue à mobiliser les acteurs économiques concernés pour freiner la prolifération des contrefaçons.

Ces actions permettent à l’acheteur de se décharger de sa responsabilité et de s’assurer que des mesures soient prises pour réduire la circulation des produits contrefaits.

Recours possibles contre le vendeur

Lorsqu’un achat contrefait est effectué en ligne, il est possible pour l’acheteur de se retourner contre le vendeur, notamment pour tromperie (article L213-1 du Code de la consommation). Les recours incluent :

1. Le droit de rétractation

En vertu de l’article L221-18 du Code de la consommation, le consommateur dispose de 14 jours pour se rétracter de tout achat en ligne. Ce droit permet d'annuler la vente et d'obtenir le remboursement du bien ainsi que des frais de livraison associés.

2. La mise en cause et mise en demeure

En cas de litige persistant avec le vendeur, il est recommandé d'envoyer une lettre de mise en cause. Celle-ci expose les faits et rappelle au vendeur son obligation de respecter les termes de la vente. Si le vendeur ne répond pas favorablement dans les délais requis, une mise en demeure (article 1344 du Code civil) peut être adressée, assortie d’une demande formelle de réparation.

3. Procédure judiciaire

Si le vendeur persiste dans son refus de collaborer, l'acheteur peut saisir le Tribunal compétent. Une assignation en justice peut être déposée, citant notamment les articles L121-2 et suivants du Code de la consommation qui régissent les pratiques commerciales déloyales. Le juge pourra alors condamner le vendeur à rembourser les montants engagés par l'acheteur et, le cas échéant, à verser des dommages et intérêts.

Responsabilité des marketplaces

Certaines marketplaces en ligne, comme les grandes plateformes de vente, cherchent à décliner toute responsabilité pour les produits vendus par des tiers. Elles considèrent souvent leur rôle comme celui d'un intermédiaire neutre, mettant en relation des vendeurs indépendants et des acheteurs sans garantie directe de la conformité des produits proposés. Cette position permet aux plateformes de limiter leur responsabilité juridique, renvoyant l'acheteur vers le vendeur pour la gestion directe des litiges liés à la contrefaçon ou aux produits non conformes.

Cependant, les marketplaces ne sont pas exemptes de toute responsabilité. Selon les articles L111-1 et L121-1 du Code de la consommation, les plateformes doivent garantir une information transparente aux consommateurs, y compris sur l'identité du vendeur et l'origine des produits. Ainsi, en cas de manquement à leur devoir de vigilance ou si elles ne mettent pas en place les mécanismes de contrôle nécessaires, elles peuvent être tenues responsables pour avoir favorisé ou toléré la vente de produits contrefaits.

Les obligations de contrôle des marketplaces sont d’autant plus importantes que la vente de produits contrefaits porte atteinte aux droits des consommateurs et des marques.

Lorsque les plateformes sont informées de la présence de produits contrefaits sur leur site, elles ont un devoir d’agir rapidement pour retirer ces annonces. En cas de négligence, elles risquent de se voir poursuivies pour complicité de contrefaçon, encourant des sanctions civiles et financières.

En résumé, même si les marketplaces tentent de se positionner en simples intermédiaires, elles doivent assumer certaines responsabilités pour la protection des acheteurs et la lutte contre la contrefaçon.

Conclusion

En somme, l’achat de produits contrefaits en ligne expose les consommateurs à des risques financiers, légaux, et sanitaires importants, au-delà de la simple déception liée à un produit non conforme. Il est donc essentiel pour chaque acheteur de reconnaître les signes de la contrefaçon, de connaître ses droits et les démarches à entreprendre en cas de litige. En exploitant les recours juridiques disponibles – que ce soit à travers le droit de rétractation, la mise en cause, ou même la procédure judiciaire – l’acheteur peut non seulement obtenir réparation, mais aussi contribuer à limiter la circulation des produits frauduleux. Quant aux marketplaces, elles doivent assumer leurs responsabilités et veiller à la protection des consommateurs contre ces pratiques illicites.

FAQ

1. Quels sont les risques légaux pour un acheteur de produits contrefaits en ligne ?
Acheter un produit contrefait en ligne entraîne de graves risques légaux pour l’acheteur, même s’il est souvent victime d’un vendeur frauduleux. En vertu des articles L335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle, la détention d’un produit contrefait peut être sanctionnée par une peine de trois ans d’emprisonnement et une amende de 300 000 euros. En outre, si le détenteur de la marque est informé de la contrefaçon, il peut exiger des dommages et intérêts pour compenser le préjudice subi. Le caractère pénal de ces sanctions montre l’importance de la protection des droits de propriété intellectuelle. En cas de bonne foi, l’acheteur peut réduire sa responsabilité en signalant le produit aux autorités compétentes, mais cela n’élimine pas complètement les risques.

2. Quels dangers les produits contrefaits présentent-ils pour la santé et la sécurité des consommateurs ?
Les produits contrefaits représentent un véritable risque sanitaire en raison de leur fabrication souvent douteuse. Les médicaments contrefaits, par exemple, peuvent contenir des substances toxiques ou inefficaces qui mettent en danger la santé publique, tandis que certains cosmétiques contrefaits peuvent causer des réactions allergiques graves ou des irritations de la peau. Les jouets contrefaits, parfois fabriqués sans respecter les normes de sécurité, peuvent présenter des pièces détachables ou des composants nocifs pour les enfants. En France, l’article L421-3 du Code de la consommation impose que tout produit vendu respecte les normes de sécurité en vigueur pour protéger les consommateurs contre ces risques. Le non-respect de ces normes expose le vendeur à des sanctions et engage sa responsabilité, tandis que l'acheteur est encouragé à signaler tout produit suspect pour limiter les dangers.

3. Quels sont les recours disponibles pour un acheteur victime de contrefaçon ?
Un acheteur trompé par la contrefaçon dispose de plusieurs recours juridiques pour obtenir réparation. En premier lieu, il peut exercer son droit de rétractation, prévu par l'article L221-18 du Code de la consommation, qui lui permet d’annuler la vente dans les 14 jours suivant la réception du produit et d’obtenir un remboursement intégral. Ensuite, l’acheteur peut engager une procédure amiable en envoyant une mise en cause au vendeur, précisant les faits et demandant réparation. Si le vendeur ne répond pas, l’acheteur peut envoyer une mise en demeure accompagnée d’un rappel de ses obligations légales. En dernier recours, l’acheteur peut saisir le Tribunal compétent pour contraindre le vendeur à rembourser le montant du produit et, dans certains cas, à payer des dommages et intérêts pour préjudice subi.

4. Comment signaler un produit contrefait reçu après un achat en ligne ?
Signaler un produit contrefait est une démarche essentielle pour l’acheteur souhaitant se prémunir contre des poursuites et contribuer à la lutte contre la contrefaçon. Il peut d'abord porter plainte auprès de la police ou de la gendarmerie, ce qui crée une trace officielle de l’incident et permet aux autorités d’ouvrir une enquête. Ensuite, l’acheteur peut saisir la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes), qui a le pouvoir de sanctionner le vendeur et d’enquêter sur les pratiques commerciales frauduleuses. Pour les produits importés, contacter la douane est recommandé, car elle peut saisir et détruire les marchandises contrefaites. Enfin, signaler la contrefaçon directement à la marque concernée permet à cette dernière de se retourner contre le vendeur et de prendre des mesures pour protéger ses droits de propriété intellectuelle.

5. Les marketplaces sont-elles responsables des produits contrefaits vendus sur leurs plateformes ?
Les marketplaces en ligne, comme les grandes plateformes de vente, cherchent souvent à limiter leur responsabilité pour les produits vendus par des tiers, se définissant comme des intermédiaires. Toutefois, en vertu des articles L111-1 et L121-1 du Code de la consommation, les marketplaces ont l’obligation de garantir une transparence quant à l’identité des vendeurs et l’origine des produits proposés. Si une marketplace ne met pas en place des mécanismes de contrôle adéquats pour limiter la vente de produits contrefaits, elle peut être tenue responsable pour complicité de contrefaçon, surtout si elle continue à afficher des annonces après notification d’irrégularités. Dans ce cas, la marketplace s’expose à des sanctions civiles et pénales, pouvant inclure des amendes et des dommages et intérêts. Pour l’acheteur, il est essentiel de vérifier les informations de chaque vendeur et de se méfier des offres particulièrement attractives qui peuvent dissimuler des contrefaçons.

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