Travail

Quand l'ennui professionnel mène à l'épuisement, que faire ?

Francois Hagege
Fondateur
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Fatigue mentale et ennui au travail : vos recours

Le bore-out est un phénomène encore trop souvent méconnu, bien qu'il touche de plus en plus de salariés dans les entreprises. Contrairement au burn-out, qui découle d’une surcharge de travail, le bore-out se manifeste par un ennui profond et une absence de stimulation au travail.

Cet état de sous-occupation peut entraîner un mal-être professionnel considérable, affectant à la fois la santé mentale et physique des employés. Dans cet article, nous explorerons les causes du bore-out, ses symptômes, ainsi que les solutions pour y remédier efficacement et retrouver la motivation au travail.

Sommaire

  1. Comprendre le bore-out : Définition et différences avec le burn-out et le brown-out
  2. Les causes principales du bore-out en entreprise
  3. Quels sont les signes et symptômes du bore-out ?
  4. Comment combattre le bore-out ?
  5. FAQ

Qu’est-ce que le bore-out ? Quelles sont les différences avec le burn-out et le brown-out ?

Le bore-out, également appelé "syndrome d’épuisement professionnel par ennui", survient lorsque l’employé est confronté à une sous-charge de travail ou à des tâches répétitives et peu stimulantes.

Contrairement au burn-out, qui découle d’un excès de travail et de pression, le bore-out est lié à une sous-occupation, entraînant un épuisement psychologique similaire. Le brown-out, quant à lui, résulte d'une perte de sens au travail, l'employé ne comprenant plus la finalité de ses tâches.

Les conséquences du bore-out sont tout aussi graves que celles du burn-out : stress, dépression, perte d'estime de soi. Selon l'arrêt de la Cour d'appel de Paris du 2 juin 2020, les agissements répétés d'un employeur ayant mis un salarié dans une situation de bore-out peuvent être reconnus comme du harcèlement moral, ouvrant droit à des dommages-intérêts pour le salarié concerné.

Quelles sont les causes du bore-out ?

Les causes du bore-out sont multiples et profondément ancrées dans les conditions de travail.

Ces situations sont souvent sous-estimées par les employeurs, mais elles peuvent avoir un impact considérable sur la motivation et la santé mentale des salariés. Voici les principales causes détaillées :

  • Sur-qualification : Lorsque l'employé se retrouve à effectuer des tâches qui ne correspondent pas à ses qualifications, un décalage se crée entre ses compétences et les missions qui lui sont attribuées. Ce déséquilibre génère une frustration croissante, car l'individu a l'impression de rétrograder dans son parcours professionnel. Par exemple, un ingénieur affecté à des tâches administratives sans enjeu particulier peut rapidement ressentir un profond sentiment de dévalorisation.
  • Sous-utilisation des compétences : Une entreprise qui n'exploite pas les talents et capacités de ses employés risque de provoquer chez eux un sentiment de perte de sens. L'individu peut se sentir délaissé et percevoir son travail comme inutile. La motivation s'érode progressivement, car l'absence de défis limite la capacité à se sentir accompli professionnellement. Cela est particulièrement vrai dans les environnements où les compétences techniques et créatives ne sont pas sollicitées, comme lorsqu'un graphiste ne travaille que sur des projets mineurs sans opportunité d'innovation.
  • Manque de défis professionnels : Le rythme répétitif et monotone de certaines tâches peut rapidement engendrer un ennui profond. Les employés confrontés à un manque de variété dans leurs missions se sentent rapidement découragés. Ce manque de stimulation mentale est l'une des causes les plus fréquentes du bore-out. Un poste où l'initiative et la prise de décision sont limitées, où les missions sont standardisées sans possibilité de sortir des sentiers battus, peut créer une véritable lassitude professionnelle.
  • Absence de reconnaissance : Le manque de retour ou de valorisation de la part de la hiérarchie est une cause majeure du bore-out. Lorsque l'employé n'obtient aucune forme de reconnaissance, qu'elle soit verbale, financière, ou symbolique (comme une promotion ou une distinction), il peut perdre la motivation à s'investir dans son travail. L’absence de feedback sur le travail accompli conduit souvent à un sentiment de désengagement. Un salarié qui se voit constamment ignoré, malgré ses efforts, est susceptible de développer un fort ressentiment envers l'organisation.
  • Mise au placard : La mise au placard est une situation où l'employeur restreint délibérément les responsabilités de l’employé, en lui retirant des missions significatives. Cela peut être interprété comme une forme de harcèlement moral, car l'individu est exclu des projets importants, et ses compétences ne sont plus reconnues ni sollicitées. La mise au placard crée une situation de marginalisation progressive, où l'employé est isolé et voit son rôle dans l'entreprise se réduire à des tâches sans enjeu.
  • Absence d'évolution professionnelle : Sans perspective d’évolution, un salarié peut se sentir coincé dans une situation professionnelle stagnante. L'absence de promotions, de formations, ou de nouveaux défis empêche l'employé de se projeter dans l'avenir. Cette stagnation provoque souvent un blocage dans le développement personnel et professionnel. Un individu qui n’entrevoit aucune opportunité d'avancement, ni de renforcement de ses compétences, est susceptible de tomber dans un profond désespoir quant à sa carrière.

Ces facteurs, qu’ils soient isolés ou combinés, créent un environnement de travail toxique où le salarié devient de plus en plus démotivé. À long terme, cela peut engendrer un désengagement complet et même mener à la dépression. Sans intervention appropriée de l’employeur ou de la hiérarchie, le salarié peut se retrouver dans une spirale négative qui affecte non seulement sa santé mentale, mais aussi sa productivité et sa relation avec l’entreprise.

Quels sont les signes et symptômes du bore-out ?

Le bore-out se manifeste par une série de symptômes qui impactent la vie professionnelle et personnelle des employés touchés. Ces signes, bien qu’ils puissent varier d’une personne à l’autre, révèlent généralement un malaise profond au travail. Voici les principaux symptômes :

  • Baisse de productivité : L'employé met de plus en plus de temps à réaliser des tâches simples, car il n’y trouve plus d’intérêt ou de stimulation intellectuelle. Cette baisse de productivité est souvent liée à un manque de motivation et à un sentiment d’inutilité. Le salarié devient également moins proactif, préférant rester passif face à ses missions.
  • Sentiment de honte : L'absence de performance et de contribution significative au sein de l’entreprise génère un sentiment de honte. L’employé prend conscience de sa sous-performance, ce qui affecte sa confiance en soi. Il devient de plus en plus difficile pour lui de prendre des décisions, par crainte de l'échec ou de la critique.
  • Désengagement : Le salarié perd tout intérêt pour les activités de l'entreprise. Il ne se sent plus concerné par les objectifs et ne participe plus aux projets avec le même enthousiasme qu’auparavant. Ce désengagement se traduit par un retrait progressif de la vie professionnelle et une absence d’implication dans les initiatives de l’entreprise.
  • Isolement social : La crainte d’être jugé par ses collègues ou par la hiérarchie conduit l’employé à se retirer des interactions sociales au travail. Il évite les discussions de groupe, les réunions, et préfère rester à l’écart pour cacher son malaise. Cet isolement aggrave le sentiment de dévalorisation et peut accentuer la dépression.
  • Multiplication des erreurs : Même les tâches les plus simples deviennent complexes et sources d’erreurs. L'employé, démotivé et distrait, commet des fautes fréquentes, ce qui renforce le sentiment de manque de compétence et de frustration. Ces erreurs récurrentes peuvent aussi affecter sa relation avec ses collègues et son employeur.
  • Stress et dépression : L'ennui au travail provoque un état de stress chronique. L’employé se sent piégé dans une situation qu’il ne contrôle pas, ce qui alimente son anxiété. À long terme, ce stress non résolu peut évoluer en dépression, entraînant un mal-être profond qui affecte non seulement la sphère professionnelle, mais aussi la vie personnelle.

Ces symptômes doivent être pris au sérieux, car ils peuvent conduire à des conséquences graves, tant pour l’employé que pour l’entreprise.

Une intervention rapide, incluant un dialogue ouvert avec la hiérarchie et des actions concrètes pour remédier à la situation, est nécessaire pour éviter que le salarié ne tombe dans une spirale de dépression et de démotivation.

Comment combattre le bore-out ?

Le bore-out, ou syndrome d'épuisement professionnel lié à l'ennui, nécessite une réponse rapide et adaptée afin d'éviter une détérioration de la santé mentale et physique de l'employé. Si aucune mesure n'est prise, ce mal-être peut entraîner une baisse significative de la productivité et un désengagement total. Plusieurs solutions peuvent être envisagées pour lutter contre le bore-out.

Il est primordial d’exprimer ses préoccupations. Parler à son supérieur hiérarchique pour expliquer clairement le manque de stimulation ressenti au travail est une première étape importante.

En effet, beaucoup de managers ne perçoivent pas la sous-utilisation des compétences de leurs employés. Une discussion constructive peut permettre de réévaluer les missions confiées et d’adapter les tâches pour mieux correspondre aux attentes et compétences de l’employé. Il ne faut pas hésiter à proposer des solutions concrètes lors de cet échange.

En parallèle, il est possible de demander des responsabilités supplémentaires. Si l'employé dispose de temps libre, il peut proposer de prendre en charge de nouvelles initiatives ou de gérer des projets supplémentaires.

Cela permet de raviver la motivation en se sentant davantage utile et impliqué dans des missions stimulantes. Cette prise d'initiative montre également à l’employeur une réelle volonté d’implication et peut ouvrir la porte à des opportunités intéressantes.

Une autre solution consiste à explorer les perspectives professionnelles internes. L'employé peut se renseigner sur les postes vacants au sein de l’entreprise et voir si certaines opportunités pourraient mieux correspondre à ses aspirations.

Un changement de poste, même au sein de la même organisation, peut suffire à relancer l'intérêt et à surmonter l'ennui au travail. Cette démarche proactive montre également que l'employé cherche à évoluer et à se dépasser dans un nouvel environnement.

Si, malgré tous les efforts, la situation ne s’améliore pas, il est possible d’envisager de rechercher de nouvelles opportunités professionnelles. Parfois, le bore-out est le signe qu’un changement d’entreprise est nécessaire pour trouver un environnement de travail plus stimulant et mieux adapté aux compétences de l'employé. Un nouvel emploi peut offrir des défis professionnels plus en accord avec les aspirations et permettre de retrouver une motivation perdue.

Dans ce contexte, il ne faut pas hésiter à recourir aux représentants du personnel. Les délégués syndicaux ou les membres du CSE (Comité Social et Économique) sont des interlocuteurs clés pour défendre les droits des salariés. Ils peuvent jouer un rôle de médiateur en relayant les préoccupations de l’employé à la direction et en proposant des aménagements de travail pour améliorer la situation. Ils peuvent également accompagner l’employé dans la mise en place de solutions concrètes et adaptées.

En parallèle de la vie professionnelle, il est conseillé de se tourner vers des activités extérieures. Investir du temps dans des loisirs ou des projets personnels peut permettre de compenser le vide ressenti au travail.

Ces activités valorisantes contribuent à l'équilibre psychologique et permettent de réduire le stress lié au bore-out. Qu'il s'agisse de sport, de bénévolat ou d'apprentissage de nouvelles compétences, ces activités offrent une forme de réalisation personnelle qui peut atténuer les effets négatifs du bore-out.

Dans les cas où les symptômes deviennent sévères, il est recommandé de consulter la médecine du travail. Un médecin du travail ou un médecin traitant est en mesure d’évaluer les répercussions du bore-out sur la santé de l'employé et de proposer des solutions, comme des modifications d’horaires, un changement de mission, ou un aménagement de poste.

Cette démarche médicale permet de prévenir une dégradation plus importante de la santé mentale et physique.

Enfin, si aucune solution interne n’est envisageable, l’employé peut envisager une prise d'acte de la rupture de son contrat de travail aux torts de l'employeur. Cette décision, bien que radicale, peut être justifiée en cas de manquements graves de la part de l'employeur, notamment lorsqu'il est responsable de la situation de mise au placard ou de sous-occupation.

La prise d’acte permet à l’employé de quitter l’entreprise tout en ouvrant la voie à un contentieux pour obtenir des dommages-intérêts. Ce recours est particulièrement adapté dans les situations où le harcèlement moral est avéré, comme cela a été reconnu dans l’arrêt de la Cour d’appel de Paris de juin 2020, qui a qualifié le bore-out de harcèlement moral.

Conclusion

Il est essentiel de ne pas sous-estimer les effets dévastateurs du bore-out sur la santé mentale et physique des salariés. Les solutions pour lutter contre ce mal-être passent par une démarche proactive, à la fois personnelle et professionnelle.

En abordant la situation avec transparence et en prenant des initiatives pour sortir de cette spirale de démotivation, l'employé peut retrouver une place valorisante au sein de l’entreprise. Dans les cas les plus graves, des recours existent pour faire valoir ses droits et rétablir un environnement de travail sain et équilibré.

FAQ :

1. Qu'est-ce que le bore-out et comment se distingue-t-il du burn-out et du brown-out ?

Le bore-out est un phénomène de sous-charge de travail, où l'employé, souvent qualifié, se retrouve à effectuer des tâches répétitives ou en-dessous de ses compétences. Ce manque de stimulation intellectuelle et professionnelle conduit à un sentiment d’inutilité et d’épuisement mental. Contrairement au burn-out, où l’épuisement est causé par une surcharge de travail, le bore-out est provoqué par un ennui profond et une absence de défis. Le brown-out, quant à lui, résulte d'une perte de sens dans les tâches effectuées : l'employé ne comprend plus l’utilité de son travail, ce qui crée un fort désengagement. Tous trois peuvent avoir des conséquences graves sur la santé mentale et physique du salarié, avec des risques de stress chronique et de dépression.

2. Quels sont les symptômes du bore-out et comment les identifier clairement ?

Les symptômes du bore-out se manifestent par un ensemble de signes qui affectent la performance et le bien-être de l’employé :

  • Baisse de productivité : L'employé met beaucoup plus de temps à réaliser des tâches simples, manquant de motivation et d'intérêt pour son travail.
  • Sentiment de honte : Conscient de sa sous-performance, il développe une perte de confiance en soi et une difficulté à prendre des décisions.
  • Isolement social : L’employé se retire progressivement des interactions sociales, craignant d’être jugé par ses collègues pour son manque d’implication ou ses erreurs répétées.
  • Désengagement : Il ne trouve plus aucun intérêt dans les objectifs de l’entreprise et perd toute motivation à participer aux projets.
  • Multiplication des erreurs : Des fautes apparaissent même dans des tâches qui étaient auparavant maîtrisées, aggravant son mal-être.
  • Stress et dépression : L’accumulation d'ennui, d'isolement et de sous-performance génère un stress chronique, qui peut conduire à une dépression si aucune intervention n'est effectuée.

Il est important de détecter ces signaux rapidement, car ils peuvent empirer et impacter durablement la santé mentale de l’employé.

3. Quelles sont les principales causes du bore-out dans un environnement professionnel ?

Le bore-out est généralement causé par un désalignement entre les compétences d’un employé et les tâches qui lui sont confiées. Parmi les principales causes, on retrouve :

  • Sur-qualification : L’employé se sent dévalorisé car il effectue des tâches bien en-dessous de ses compétences et qualifications, ce qui crée une frustration et un sentiment de perte de temps.
  • Sous-utilisation des compétences : Les talents et capacités professionnelles de l'employé ne sont pas exploités à leur juste valeur, ce qui génère une perte de sens dans le travail quotidien.
  • Manque de défis professionnels : Des tâches répétitives, sans stimulation intellectuelle, peuvent créer un profond sentiment d’ennui. L'absence de défis ou d'opportunités de croissance rend le travail monotone.
  • Absence de reconnaissance : L'employé ne reçoit ni valorisation ni feedback positif pour son travail, ce qui accentue son sentiment d’inutilité.
  • Mise au placard : L’employeur diminue délibérément la charge de travail de l’employé, l'excluant des projets importants, ce qui peut s'apparenter à du harcèlement moral. La jurisprudence reconnaît d’ailleurs que la mise au placard, comme l’a décidé la Cour d'appel de Paris en juin 2020, peut constituer du harcèlement moral, ouvrant la voie à des dommages-intérêts pour le salarié victime.

4. Quelles actions un employé peut-il entreprendre pour sortir du bore-out ?

Il est primordial pour l'employé de réagir rapidement afin d’éviter une dégradation plus importante de sa situation. Voici quelques pistes pour surmonter le bore-out :

  • Exprimer ses préoccupations : Il est important d’en parler à son supérieur hiérarchique ou à son manager. L’employé peut signaler qu’il se sent sous-employé et proposer des solutions comme la réévaluation de ses missions.
  • Demander des responsabilités supplémentaires : Si l’employé a du temps libre et se sent peu sollicité, il peut proposer de prendre en charge des projets supplémentaires ou des responsabilités qui correspondent mieux à ses compétences. Cela permet de redonner du sens et de la motivation à son travail.
  • Explorer des perspectives professionnelles internes : Rechercher des postes vacants au sein de l’entreprise peut permettre de trouver une position plus stimulante. Si un poste correspond mieux à ses aspirations, l’employé peut en parler à son supérieur pour montrer son intérêt à évoluer.
  • Se tourner vers des activités extérieures : En dehors du travail, il est essentiel de trouver un équilibre en s’investissant dans des loisirs ou des projets personnels valorisants, ce qui peut aider à atténuer les effets du bore-out.
  • Recourir aux représentants du personnel : Les délégués syndicaux ou les membres du CSE peuvent être des interlocuteurs clés pour défendre les droits du salarié et demander des ajustements ou des solutions pour améliorer les conditions de travail.

5. Que faire si l’employeur ne prend aucune mesure pour résoudre le bore-out ?

Si, malgré les démarches effectuées, l'employeur ne prend aucune mesure pour améliorer la situation, l'employé peut envisager des actions plus formelles :

  • Consulter la médecine du travail : Un médecin du travail peut évaluer la situation, identifier l'impact du bore-out sur la santé de l'employé et recommander des aménagements au poste de travail, voire une réduction des heures de travail.
  • Prendre acte de la rupture du contrat de travail : En dernier recours, si l'employeur persiste à ignorer le bore-out, l’employé peut prendre acte de la rupture du contrat de travail aux torts de l’employeur. Cela signifie quitter l'entreprise en invoquant des manquements graves, comme la mise au placard ou l'absence de prise en charge du bien-être de l’employé. Ce type de rupture peut donner lieu à des dommages-intérêts, notamment si le harcèlement moral est reconnu par le juge.

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