Travail

Quels sont vos droits en matière d'indemnités de licenciement ?

Francois Hagege
Fondateur
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Licenciement : comment calculer votre indemnité selon la loi ?

Sommaire

  1. Introduction
  2. Conditions pour obtenir une indemnité de licenciement
  3. Calcul de l’indemnité de licenciement
  4. Fiscalité des indemnités de licenciement
  5. Indemnité supra-légale : comment obtenir plus que l’indemnité légale
  6. Cumul des indemnités de licenciement
  7. FAQ

Quelles sont les conditions pour obtenir une indemnité de licenciement ?

L'indemnité de licenciement est un droit ouvert au salarié sous certaines conditions strictes. Voici les principales :

  1. Contrat à durée indéterminée (CDI) : Le salarié doit avoir signé un CDI avec l'employeur. Les salariés en CDD, sauf exception, ne peuvent pas prétendre à cette indemnité (article L. 1234-9 du Code du travail).
  2. Licenciement pour motif personnel ou économique :
    • En cas de licenciement pour motif personnel (faute, inaptitude, insuffisance professionnelle), le salarié a droit à une indemnité, à l'exception des cas de faute grave ou lourde.
    • En cas de licenciement économique, une indemnité est également due, sauf en cas de force majeure liée à la cessation de l'entreprise (article L. 1234-10 du Code du travail).
  3. Ancienneté minimale : Le salarié doit justifier d'une ancienneté continue de 8 mois au sein de l'entreprise au moment de la notification du licenciement (article L. 1234-9 du Code du travail).

Si un salarié décède pendant la procédure de licenciement, l'indemnité due sera versée à ses ayants droit.

Comment calculer l’indemnité de licenciement ?

Le calcul de l’indemnité de licenciement suit une méthode précise, définie par la loi (articles R. 1234-1 et suivants du Code du travail). Voici les étapes à suivre :

Salaire de référence

Le salaire de référence est déterminé en prenant en compte le montant le plus élevé parmi les deux options suivantes :

  • La moyenne des 12 derniers mois précédant la rupture du contrat de travail.
  • ⅓ des 3 derniers mois de salaire, avec l'ajout de ⅟12 du montant d'une prime annuelle éventuelle à chacun de ces mois, si applicable.

Montant de l’indemnité

L’indemnité de licenciement est calculée en fonction de l’ancienneté du salarié dans l’entreprise :

  • Pour les 10 premières années d’ancienneté, l’indemnité est égale à ¼ de mois de salaire par année d’ancienneté.
  • À partir de la 11ᵉ année, l’indemnité s’élève à ⅓ de mois de salaire par année supplémentaire.

Si l’ancienneté n’est pas complète, une fraction d'année sera prise en compte au prorata des mois travaillés. Cela permet de calculer précisément l’indemnité due en cas d’ancienneté partielle sur une année donnée.

Exemple de calcul

Un salarié ayant une rémunération brute de 2 000 € et une ancienneté de 18 ans et 3 mois recevra une indemnité minimale calculée ainsi :

  • Pour les 10 premières années :
    2 000 x ¼ x 10 = 5 000 €
  • Pour les 8 années suivantes :
    2 000 x ⅓ x 8 = 5 333,33 €
  • Pour les 3 mois supplémentaires :
    2 000 x ⅓ x ¼ = 166,67 €

L'indemnité totale sera donc de 10 500 €.

Les indemnités de licenciement sont-elles imposables ?

Les indemnités de licenciement sont partiellement exonérées d'impôt sur le revenu, mais cette exonération est soumise à certaines limites fixées par le Code général des impôts (article 80 duodecies).

L'exonération vise à compenser, dans une certaine mesure, la perte d'emploi du salarié. Voici les trois principales options permettant de déterminer le montant exonéré :

  1. Le montant de l'indemnité légale ou conventionnelle :
    Ce montant correspond à l'indemnité minimum prévue soit par la loi, soit par la convention collective applicable. Ce montant est toujours exonéré d’impôt.
  2. Le double de la rémunération brute annuelle perçue l’année précédant le licenciement :
    Cette option permet de calculer l’exonération en fonction de la rémunération du salarié. Le montant exonéré ne peut pas dépasser le double du salaire brut annuel, avec un plafond fixé à 278 208 € pour les indemnités versées en 2024.
  3. La moitié de l'indemnité perçue :
    Le salarié peut également bénéficier d'une exonération sur la moitié du montant total de l’indemnité perçue, toujours dans la limite de 278 208 €. Ainsi, si le montant total de l’indemnité dépasse cette limite, le salarié sera imposé sur le surplus.

Si le licenciement est réalisé dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), les indemnités versées au salarié sont totalement exonérées d'impôt sur le revenu.

Cela signifie que, dans le cadre de ce type de licenciement économique, aucune partie de l'indemnité n'est soumise à l’impôt.

Cotisations sociales

Les indemnités de licenciement bénéficient également d'une exonération de cotisations sociales dans certaines limites prévues par l’article L. 242-1 7° du Code de la sécurité sociale. Les règles sont les suivantes :

  • Si l'indemnité perçue est inférieure à 463 680 €, elle est exonérée de cotisations sociales dans sa totalité.
  • Si l’indemnité dépasse 463 680 €, le montant excédant cette somme sera soumis aux cotisations sociales.

Cela permet de limiter l’impact des charges sociales pour les salariés recevant des montants significatifs, sauf dans le cas de très grosses indemnités où l'exonération est partielle.

CSG et CRDS

Les indemnités de licenciement sont également soumises aux règles de CSG (Contribution Sociale Généralisée) et de CRDS (Contribution au Remboursement de la Dette Sociale), mais là encore, des exonérations s’appliquent dans certaines conditions :

  • Les indemnités inférieures à 463 680 € sont exonérées de CSG et de CRDS dans la limite du plus faible des deux montants suivants :
    • Le montant de l'indemnité légale ou conventionnelle due au salarié.
    • Le montant de l'indemnité exonérée de cotisations sociales.

Cependant, si l’indemnité perçue dépasse ce plafond de 463 680 €, la CSG et la CRDS seront dues sur l’excédent.

Ces exonérations fiscales et sociales visent à limiter l'impact des charges financières sur les salariés licenciés, notamment en fonction des montants perçus et du cadre dans lequel le licenciement intervient (économique, personnel, PSE, etc.).

Le Code du travail et le Code général des impôts offrent ainsi plusieurs possibilités de réduction de la charge fiscale et sociale sur ces indemnités, ce qui est particulièrement important pour les salariés ayant une ancienneté importante ou bénéficiant d'une indemnité supra-légale.

Est-il possible d’obtenir plus que l’indemnité légale ?

Il est en effet possible pour un salarié licencié d’obtenir une indemnité supérieure à celle prévue par la loi, appelée indemnité supra-légale. Cette indemnité peut être obtenue dans plusieurs situations.

1. Convention collective ou accord collectif

Lorsque le salarié est soumis à une convention collective ou un accord collectif qui prévoient des conditions plus avantageuses que celles fixées par le Code du travail, ces dispositions priment.

Par exemple, certaines conventions collectives peuvent prévoir des montants d'indemnités de licenciement plus élevés ou des conditions plus favorables pour les salariés avec une ancienneté importante.

2. Négociation avec l’employeur

Dans le cadre d’une négociation entre le salarié et l’employeur, notamment lors d’une transaction, il est souvent possible de convenir d’une indemnité supérieure à l’indemnité légale.

Cette transaction permet de mettre fin à tout différend entre les deux parties et, dans ce cadre, l'employeur peut être disposé à offrir une indemnité supra-légale afin d’éviter un contentieux plus long et coûteux.

Ce type d’accord est fréquent lorsque le salarié accepte de ne pas saisir le Conseil de prud’hommes en échange d’une compensation financière plus importante.

3. Licenciement abusif ou irrégulier

Lorsque le licenciement est jugé abusif, sans cause réelle et sérieuse, ou qu’il ne respecte pas les règles légales de procédure, le salarié peut saisir le Conseil de prud’hommes.

Si ce dernier constate l'irrégularité du licenciement, il peut condamner l’employeur à verser une indemnité pour licenciement abusif. Cette indemnité vient en supplément de l’indemnité légale de licenciement.

Conformément à l'article L. 1235-3 du Code du travail, modifié par l'ordonnance n° 2017-1387, le montant de l'indemnité pour licenciement sans cause réelle et sérieuse est encadré par un barème.

Ce barème prévoit des montants plancher et plafond qui varient en fonction de l’ancienneté du salarié et du nombre de salariés dans l’entreprise. Plus l’ancienneté est élevée, plus l’indemnité potentielle pour licenciement abusif est importante.

Conclusion

En conclusion, l'indemnité de licenciement est un droit essentiel pour les salariés en CDI, soumis à des conditions strictes et à des règles de calcul précises.

Bien que le montant minimum soit encadré par la loi, il est tout à fait possible d'obtenir une indemnité plus favorable grâce à des conventions collectives, des négociations individuelles ou en cas de licenciement abusif. Il est important pour chaque salarié de connaître ses droits et d'envisager toutes les options disponibles pour maximiser les compensations en cas de rupture de contrat.

FAQ

1. Quelles sont les conditions pour bénéficier d’une indemnité de licenciement ?

Pour prétendre à une indemnité de licenciement, plusieurs conditions doivent être remplies :

  • Le salarié doit être en contrat à durée indéterminée (CDI).
  • Le licenciement ne doit pas être motivé par une faute grave ou lourde, sauf si c’est pour un motif économique ou pour d'autres raisons personnelles.
  • Une ancienneté minimale de 8 mois dans l’entreprise est requise à la date de notification du licenciement (article L. 1234-9 du Code du travail). En résumé, les salariés en CDD ou ayant une ancienneté insuffisante ne peuvent pas bénéficier de cette indemnité.

2. Comment se calcule l’indemnité de licenciement ?

Le calcul de l’indemnité est fonction de la rémunération brute et de l’ancienneté du salarié. Le montant est calculé à partir du salaire de référence, défini par la moyenne des 12 derniers mois ou des ⅓ des 3 derniers mois de salaire. L’indemnité est ensuite calculée ainsi :

  • ¼ de mois de salaire par année d’ancienneté pour les 10 premières années.
  • ⅓ de mois de salaire par année au-delà de 10 ans. L’ancienneté incomplète est prise en compte au prorata des mois travaillés, assurant une indemnité juste pour tous les salariés.

3. L’indemnité de licenciement est-elle imposable ?

L’indemnité de licenciement bénéficie d’une exonération partielle d’impôt sur le revenu, dans la limite du plus avantageux des trois critères suivants (article 80 duodecies du Code général des impôts) :

  • Le montant de l'indemnité légale ou conventionnelle.
  • Le double du salaire annuel brut de l’année précédant le licenciement, avec un plafond de 278 208 € pour 2024.
  • La moitié de l’indemnité perçue, toujours dans la limite du plafond.Les indemnités versées dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) sont entièrement exonérées d’impôt.

4. Qu’est-ce qu’une indemnité supra-légale et comment l’obtenir ?

L’indemnité supra-légale est une compensation supérieure à l’indemnité légale. Elle peut être obtenue dans les cas suivants :

  • Si une convention collective ou un accord collectif prévoit des conditions plus favorables.
  • Par une négociation avec l’employeur, souvent dans le cadre d’une transaction pour éviter un litige.
  • En cas de licenciement abusif, le Conseil de prud’hommes peut condamner l’employeur à verser une indemnité supplémentaire pour licenciement sans cause réelle et sérieuse (article L. 1235-3 du Code du travail).

5. Peut-on cumuler l’indemnité de licenciement avec d’autres indemnités ?

Oui, l’indemnité de licenciement est cumulable avec certaines autres indemnités telles que :

  • L’indemnité compensatrice de congés payés.
  • L’indemnité compensatrice de préavis en cas de dispense d’exécution de celui-ci.
  • Une indemnité pour clause de non-concurrence, si cette dernière est prévue dans le contrat de travail.

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