Pénal

Recours au commandement de payer : étapes clés pour protéger vos droits

Estelle Marant
Collaboratrice
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Loyers impayés : comment utiliser le commandement de payer efficacement

Le commandement de payer constitue une étape clé dans le cadre de litiges locatifs ou de recouvrement de créances. Cet acte juridique, souvent méconnu du grand public, permet au créancier de formaliser sa demande de paiement auprès d'un débiteur défaillant, tout en ouvrant la voie à une éventuelle procédure judiciaire.

En matière locative, il joue un rôle déterminant pour protéger les droits des bailleurs face aux impayés de loyers.
À travers cet article, nous explorons les principes juridiques, la procédure de mise en œuvre et les conséquences liées au commandement de payer, en nous appuyant sur les textes législatifs applicables, tels que la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Qu'est-ce qu'un commandement de payer ?
  3. Comment réclamer des loyers impayés ?
  4. Commandement de payer : contenu obligatoire
  5. Délivrance du commandement de payer
  6. Que faire si les loyers restent impayés ?
  7. FAQ
  8. Conclusion

Qu'est-ce qu'un commandement de payer ?

Le commandement de payer (CP) est un acte juridique officiel, rédigé et signifié par un commissaire de justice (anciennement huissier de justice), destiné à sommé un débiteur de régler sa dette.
Cet outil, formalisé par la loi, constitue une étape primordiale dans les procédures de recouvrement, notamment dans deux situations principales :

  1. Les créances de droit commun : Dans ce cas, le créancier doit être en possession d'un titre exécutoire, c'est-à-dire un document juridique attestant de l'existence d'une créance certaine, liquide (chiffrée avec précision) et exigible (payable immédiatement). Ce type de créance peut concerner des dettes commerciales, personnelles ou contractuelles.
  2. Les litiges locatifs : Le commandement de payer intervient fréquemment lorsqu’un locataire ne respecte pas son obligation de payer ses loyers ou charges locatives. Ce manquement active alors la clause résolutoire prévue dans le contrat de bail, permettant au bailleur d’entamer des démarches en vue de résilier le bail.

Conformément à l’article 24 de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989, tout commandement de payer visant une clause résolutoire doit détailler précisément les arriérés mois par mois. Cette transparence vise à informer clairement le locataire des sommes dues et à lui laisser une dernière chance de régulariser sa situation.

Si le locataire ne s'acquitte pas de ses dettes dans un délai de deux mois après la réception du commandement, le bailleur peut engager une procédure judiciaire pour obtenir :

  • La résolution du bail, mettant fin au contrat de location ;
  • La condamnation du locataire au paiement des sommes dues, y compris les frais de procédure et les éventuels dommages-intérêts ;
  • L'expulsion effective des occupants, sauf pendant la période de la trêve hivernale (du 1er novembre au 31 mars, sauf cas particuliers).

Le commandement de payer est donc un outil essentiel pour formaliser la mise en demeure et ouvrir la voie à une éventuelle procédure judiciaire, en respectant les droits de chacune des parties.

Comment réclamer des loyers impayés ?

Étape préalable : Tentative amiable

Avant de recourir à un commandement de payer, une résolution amiable est possible. Le bailleur peut envoyer au locataire :

  1. Des lettres de relance ;
  2. Une mise en demeure par lettre recommandée avec accusé de réception, octroyant un délai de 8 jours pour régulariser la situation.

En cas d'accord, un plan d’apurement peut être établi, conformément à la loi ALUR n° 2014-366 du 24 mars 2014, permettant d’échelonner la dette sur une durée maximale de trois ans. Si le locataire ne respecte pas les échéances, le juge des contentieux de la protection peut être saisi.

Commandement de payer : contenu obligatoire

Pour être juridiquement valide, le commandement de payer doit inclure, selon l’article 137 de la loi n° 2018-1021, les mentions suivantes :

  • Le délai de deux mois pour régler les arriérés ;
  • Le montant mensuel des loyers et charges ;
  • Un détail précis de la dette ;
  • Une avertissement des conséquences judiciaires en cas de non-paiement ;
  • La possibilité de saisir le fonds de solidarité pour le logement (FSL) ;
  • La possibilité de demander un délai de grâce.

Délivrance du commandement de payer

  1. Rédaction : Le commandement doit être rédigé par un commissaire de justice ou un avocat spécialisé.
  2. Signification : Seul un commissaire de justice peut le signifier au débiteur et, le cas échéant, à la caution sous un délai de 15 jours après la notification initiale.

Que faire si les loyers restent impayés ?

Lorsque le délai de deux mois suivant la signification du commandement de payer est écoulé et que le locataire n’a pas régularisé sa situation, le bailleur peut engager des démarches plus formelles pour récupérer les sommes dues et libérer le logement.
Voici les actions envisageables :

  1. Saisir le tribunal judiciaire
    Le bailleur peut demander au tribunal judiciaire compétent de constater la résiliation du bail en vertu de la clause résolutoire. Cette saisine vise à obtenir :
    • Une condamnation judiciaire du locataire pour le paiement des loyers et charges impayés, ainsi que des éventuels frais annexes (intérêts de retard, dommages-intérêts, frais de justice) ;
    • Une décision autorisant l’expulsion des occupants du logement.
  2. Faire exécuter la décision par un commissaire de justice
    Une fois le jugement rendu, le commissaire de justice (ancien huissier) peut être chargé de procéder à l’exécution forcée de la décision. Cela inclut la signification du jugement au locataire et, en cas d’expulsion, la mise en œuvre effective de celle-ci dans le respect des délais légaux et de la réglementation, notamment pendant la trêve hivernale.
  3. Cas particulier : paiement partiel avant la fin du délai
    Si le locataire procède à un paiement partiel de sa dette avant la fin du délai de deux mois, la procédure est temporairement suspendue. Cependant, cela ne met pas fin au commandement de payer. La procédure pourra être relancée si :
    • Le locataire cesse à nouveau de payer ses loyers ;
    • Les conditions initiales du bail, y compris l’apurement complet de la dette, ne sont pas respectées.

En résumé, le bailleur dispose de recours juridiques solides pour gérer les impayés de loyers, mais chaque étape nécessite le respect strict des procédures légales pour garantir leur recevabilité et éviter des contentieux prolongés. La consultation d’un avocat spécialisé ou d’un commissaire de justice est fortement recommandée pour accompagner ces démarches.

Conclusion

Le commandement de payer est une procédure encadrée par le droit qui protège autant les droits des créanciers que ceux des débiteurs. Il s'inscrit dans un cadre légal rigoureux, visant à trouver une solution rapide et efficace face aux situations d’impayés.

Comprendre ses mécanismes, ses délais et ses obligations est essentiel pour agir en conformité avec la loi et éviter des contentieux inutiles. Pour approfondir vos connaissances ou bénéficier d'un accompagnement dans vos démarches, rendez-vous sur defendstesdroits.fr.

FAQ :

1. Qu'est-ce qu'un commandement de payer et dans quelles situations s'applique-t-il ?

Le commandement de payer est un acte juridique formel, rédigé et signifié par un commissaire de justice, destiné à ordonner à un débiteur de régler une dette impayée. Cet outil s'applique dans deux cas principaux :

  • Les créances de droit commun, lorsque le créancier possède un titre exécutoire établissant une créance certaine, liquide et exigible.
  • Les litiges locatifs, en cas d'impayés de loyers ou charges, activant la clause résolutoire du bail.
    Conformément à l’article 24 de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989, le commandement de payer est une étape préalable obligatoire avant toute procédure d’expulsion pour impayés.

2. Que doit contenir un commandement de payer pour être valable juridiquement ?

Pour être juridiquement valide, le commandement de payer doit inclure les mentions suivantes, sous peine de nullité, conformément à la loi n° 2018-1021 du 23 novembre 2018 :

  • Le montant exact des loyers et charges impayés, détaillé mois par mois.
  • Une mention précisant que le locataire dispose d’un délai de deux mois pour régler la dette.
  • L'avertissement qu'à défaut de paiement, une procédure judiciaire pourra être engagée, pouvant aboutir à la résiliation du bail et à l’expulsion.
  • L’adresse du fonds de solidarité pour le logement (FSL), que le locataire peut contacter pour une aide financière.
  • La possibilité de demander un délai de grâce auprès du tribunal compétent, sur le fondement de l’article 1343-5 du Code civil.

3. Comment le commandement de payer est-il délivré et par qui ?

Le commandement de payer est un acte officiel qui doit être :

  1. Rédigé par un commissaire de justice ou un avocat spécialisé.
  2. Signifié exclusivement par un commissaire de justice au locataire débiteur.
  3. Notifié à la caution, le cas échéant, dans un délai de 15 jours suivant la signification au locataire, comme stipulé par l’article 24 de la loi n° 89-462.
    La délivrance par un officier ministériel garantit la conformité légale de la procédure et la recevabilité devant le tribunal.

4. Que se passe-t-il si le locataire ne paie pas dans les deux mois impartis ?

Si le locataire ne règle pas ses dettes dans le délai légal de deux mois, le bailleur peut :

  • Saisir le tribunal judiciaire pour demander la résiliation du bail et obtenir un jugement autorisant l’expulsion.
  • Faire exécuter cette décision par un commissaire de justice, dans le respect des délais et des conditions légales (par exemple, la suspension des expulsions pendant la trêve hivernale).
    Il est important de noter qu’en cas de paiement partiel pendant le délai de deux mois, la procédure est suspendue temporairement, mais elle peut être relancée si le locataire cesse à nouveau de payer.

5. Existe-t-il des alternatives au commandement de payer pour récupérer les loyers impayés ?

Avant de recourir au commandement de payer, des solutions amiables peuvent être envisagées :

  • Envoi de lettres de relance pour rappeler les montants impayés.
  • Une mise en demeure formelle par lettre recommandée avec accusé de réception.
  • La mise en place d’un plan d’apurement permettant d’étaler le remboursement de la dette sur une durée maximale de trois ans, comme prévu par la loi ALUR n° 2014-366.

Ces alternatives permettent souvent de régler le différend sans passer par une procédure judiciaire, économisant ainsi du temps et des frais pour les deux parties. Toutefois, en cas d’échec des démarches amiables, le commandement de payer reste la voie légale pour protéger les intérêts du bailleur.

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