Assurance

Refus injustifié de résiliation d’assurance : vos recours détaillés

Francois Hagege
Fondateur
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Assurance refusée : comment faire valoir son droit à la résiliation ?

Dans un système où la liberté contractuelle constitue un principe fondamental, le droit à la résiliation d’un contrat d’assurance par l’assuré est expressément encadré par la loi. Pourtant, dans la pratique, de nombreux assurés se heurtent à un refus injustifié de leur compagnie d’assurance, notamment en matière d’assurance auto, habitation ou moto.

Qu’il s’agisse d’une résiliation à l’échéance annuelle, d’une demande effectuée dans le cadre de la loi Hamon, ou encore d’un changement de situation prévu par l’article L113-16 du Code des assurances, l’assureur ne peut s’y opposer dès lors que les conditions légales sont remplies.

Ce comportement peut entraîner des prélèvements indus, voire priver l’assuré de ses droits. Dès lors, quels sont les recours à la disposition de l’assuré en cas de refus de résiliation par l’assureur ? L’analyse juridique de ce contentieux permet de clarifier les droits des assurés et les moyens d’action légaux disponibles.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Les textes légaux encadrant la résiliation
  3. Les cas légitimes de résiliation par l’assuré
  4. Les obligations de l’assureur en cas de résiliation valide
  5. Refus illégal de résiliation : que faire ?
  6. Les voies de recours à disposition de l’assuré
  7. FAQ

Les textes légaux encadrant la résiliation

Les fondements juridiques se trouvent principalement dans :

  • L’article L113-12 du Code des assurances, qui prévoit la possibilité de résilier un contrat à échéance annuelle, moyennant un préavis.
  • Les articles L113-15-1 et suivants du même code, introduits par la loi Hamon n°2014-344 du 17 mars 2014, qui permettent une résiliation à tout moment après la première année de souscription.
  • L’article L215-1 du Code de la consommation, issu de la loi Chatel, impose à l’assureur d’informer l’assuré de la possibilité de résilier son contrat, à l’approche de la date anniversaire.

Ces dispositifs sont d’ordre public. Leur application ne peut être écartée, ni par l’assureur, ni par l’assuré lui-même. Leur absence dans les conditions générales du contrat ne saurait justifier un refus de résiliation.

Les cas légitimes de résiliation par l’assuré

Résiliation à échéance

L’assuré peut, chaque année, résilier son contrat en respectant un préavis de deux mois avant la date d’échéance. Ce droit est garanti par l’article L113-12 du Code des assurances.

Résiliation hors échéance (Loi Hamon)

Dès la fin de la première année d’engagement, l’assuré peut résilier à tout moment, sans pénalité ni motif, conformément à l’article L113-15-2 du Code des assurances. La résiliation prend alors effet un mois après la réception de la demande par l’assureur.

Résiliation en cas de changement de situation

L’assuré peut aussi demander la résiliation dans les cas suivants :

  • Changement de domicile (assurance habitation),
  • Cession du véhicule assuré (assurance auto),
  • Augmentation injustifiée de la prime par l’assureur,
  • Modification substantielle du contrat sans accord de l’assuré.

Ces situations sont prévues par l’article L113-16 du Code des assurances. La résiliation prend effet un mois après notification.

Les obligations de l’assureur en cas de résiliation valide

Dès lors que la demande de résiliation respecte les conditions prévues par la loi, l’assureur est tenu d’y donner suite sans délai. Ce respect du formalisme légal engage plusieurs obligations impératives à sa charge, en vertu des articles L113-12 et suivants du Code des assurances.

1. Mettre fin immédiatement aux prélèvements futurs

L’assureur doit cesser tout prélèvement automatique relatif aux échéances à venir à compter de la date effective de la résiliation. La poursuite de ces prélèvements malgré une résiliation valide peut être qualifiée de prélèvement indu, pouvant justifier une demande en remboursement assortie d’intérêts légaux et, le cas échéant, de dommages et intérêts.

2. Rembourser la fraction de prime non consommée

Lorsque la prime annuelle a été réglée en une seule fois, l’assureur est tenu de rembourser la portion de prime correspondant à la période non couverte, c’est-à-dire celle s’étendant entre la date de résiliation effective et la date d’échéance initiale du contrat. Ce remboursement s’impose également dans le cadre d’une résiliation anticipée fondée sur la loi Hamon ou sur un changement de situation légitime (article L113-16 du Code des assurances).

3. Accuser réception de la résiliation

L’assureur doit accuser réception de la demande de résiliation dans un délai raisonnable, confirmant ainsi que la procédure est en cours et précisant la date de prise d’effet. Cette formalité garantit la transparence de la relation contractuelle et permet à l’assuré de suivre l’évolution de sa demande.

4. Respect du délai de résiliation prévu par la loi Hamon

Lorsque la résiliation intervient après la première année de contrat, dans le cadre de la loi Hamon, celle-ci prend effet un mois après réception de la demande par l’assureur (article L113-15-2 du Code des assurances). Pour sécuriser juridiquement la procédure, il est recommandé d’adresser la demande par lettre recommandée avec accusé de réception, ce qui permet de prouver la date certaine de réception et de faire courir le délai légal.

Le non-respect de ces obligations par l’assureur peut ouvrir droit à des actions en justice, notamment pour faire constater la résiliation, exiger le remboursement des sommes perçues à tort, et obtenir réparation du préjudice subi en application de l’article 1240 du Code civil.

Refus illégal de résiliation : que faire ?

Un refus de résiliation de la part de l’assureur, alors que l’assuré a respecté l’ensemble des conditions légales, constitue un comportement illicite au regard des dispositions du Code des assurances. Une telle situation n’est pas rare, et peut avoir plusieurs origines :

  • Une mauvaise foi manifeste de la compagnie, qui tente de dissuader l’assuré de faire valoir ses droits, voire de prolonger artificiellement la durée du contrat dans son propre intérêt financier.
  • Une interprétation erronée ou volontairement biaisée des délais de résiliation ou des motifs invoqués par l’assuré (par exemple, nier la réalité d’un déménagement ou d’une vente de véhicule).
  • Une résistance stratégique de l’assureur visant à ralentir le processus, parfois en exigeant des justificatifs injustifiés ou en prétendant que la demande est hors délai.

Face à ce type de pratiques, l’assuré dispose de plusieurs leviers d’action :

  1. La procédure amiable : Elle constitue une étape préalable recommandée. Il s’agit d’adresser à l’assureur une lettre de mise en cause par courrier recommandé avec accusé de réception, rappelant les textes applicables (notamment les articles L113-12 à L113-16 du Code des assurances et l’article L215-1 du Code de la consommation). Cette lettre doit exiger la résiliation immédiate du contrat et, le cas échéant, le remboursement des sommes perçues indûment. L’assuré doit conserver une preuve d’envoi et de réception de cette mise en cause.
  2. La procédure contentieuse : En cas de silence persistant, de refus express ou d’absence de remboursement, l’assuré peut engager une mise en demeure, puis saisir le juge des contentieux de la protection. Cette juridiction est compétente pour ordonner la résiliation, ordonner le remboursement de la prime trop perçue, condamner l’assureur au paiement d’intérêts de retard et éventuellement attribuer des dommages et intérêts sur le fondement de l’article 1240 du Code civil en cas de préjudice démontré.

Dans tous les cas, il est fortement conseillé à l’assuré de documenter précisément ses démarches (copies des courriers, captures des prélèvements bancaires, preuve du changement de situation, etc.) afin de disposer de pièces probantes solides en cas de contentieux.

L’assuré peut également solliciter l’aide d’un professionnel du droit, ou utiliser les ressources juridiques proposées sur defendstesdroits.fr pour renforcer ses chances de succès.

Les voies de recours à disposition de l’assuré

Recours amiable

  1. Lettre de mise en cause : elle permet de rappeler à l’assureur ses obligations et de demander l’exécution du droit de résiliation. Il est recommandé de l’adresser en recommandé avec accusé de réception.
  2. Lettre de mise en demeure : si l’assureur ne réagit pas sous huit jours, cette seconde lettre, plus ferme, marque le début d’un contentieux potentiel. Elle doit mentionner explicitement la volonté de saisir la justice.

Recours judiciaire

En l’absence de réponse ou en cas de refus persistant, l’assuré peut saisir :

  • Le juge des contentieux de la protection (ancien tribunal d’instance), compétent en matière de litiges liés aux contrats de consommation, pour obtenir :
    • La résiliation effective du contrat,
    • Le remboursement du trop-perçu,
    • Le paiement d’intérêts de retard,
    • Et, en cas de préjudice, des dommages et intérêts (article 1240 du Code civil).

Le délai pour agir est de cinq ans à compter du refus injustifié de résiliation (article 2224 du Code civil).

Conclusion

Face à un refus abusif de résiliation, il appartient à l’assuré d’agir avec rigueur en mobilisant les outils juridiques mis à sa disposition par le Code des assurances et le Code de la consommation. L’encadrement législatif issu notamment de la loi Chatel et de la loi Hamon vise à rétablir un équilibre entre professionnels de l’assurance et consommateurs.

Que ce soit dans le cadre d’une procédure amiable ou contentieuse, l’assuré dispose de moyens efficaces pour faire valoir ses droits, exiger la résiliation effective du contrat, obtenir le remboursement des sommes perçues indûment, et éventuellement engager la responsabilité contractuelle de l’assureur.

Pour maximiser ses chances, il est recommandé de s’appuyer sur une rédaction rigoureuse des courriers et de se faire accompagner par un professionnel du droit ou de consulter les ressources juridiques mises à disposition sur defendstesdroits.fr.

FAQ

1. Un assureur a-t-il le droit de refuser une demande de résiliation ?

Non, un assureur ne peut refuser une résiliation si l’assuré respecte les conditions prévues par la loi. Conformément à l’article L113-12 du Code des assurances, un contrat peut être résilié à chaque échéance annuelle par l’assuré, moyennant un préavis de deux mois. De plus, grâce à la loi Hamon (article L113-15-2 du même code), l’assuré peut, après un an de contrat, mettre fin à son assurance à tout moment sans justification, avec un délai de préavis d’un mois. Enfin, en cas de changement de situation (déménagement, vente du véhicule, modification des risques), l’article L113-16 permet également une résiliation hors échéance. Tout refus injustifié de l’assureur est contraire à ces obligations légales.

2. Quelles lois encadrent le droit de résilier une assurance ?

Le droit de résiliation des contrats d’assurance est protégé par plusieurs textes législatifs, notamment :

  • L’article L113-12 du Code des assurances : pour la résiliation à échéance annuelle.
  • La loi Chatel (article L215-1 du Code de la consommation) : elle oblige l’assureur à informer l’assuré de la date limite pour résilier, faute de quoi l’assuré peut résilier à tout moment.
  • La loi Hamon : permet à tout consommateur de résilier sans frais ni pénalités après la première année de contrat.
  • L’article L113-16 du Code des assurances : permet une résiliation anticipée en cas de changement de situation.

Ces textes étant d’ordre public, l’assureur ne peut ni les écarter ni y déroger, même si le contrat ne les mentionne pas.

3. Quels sont les recours en cas de refus illégal de résiliation ?

En cas de refus abusif, l’assuré peut engager plusieurs actions :

  1. Envoyer une lettre de mise en cause, rappelant les textes de loi applicables et exigeant l’exécution du droit à résiliation.
  2. Si aucune réponse n’est obtenue dans les 8 jours, adresser une mise en demeure par lettre recommandée avec accusé de réception, fondée sur les articles du Code des assurances et de la consommation.
  3. En l’absence de régularisation, saisir le juge des contentieux de la protection pour demander :
    • La résiliation judiciaire du contrat,
    • Le remboursement du trop-perçu,
    • Des dommages et intérêts pour le préjudice subi,
    • Le cas échéant, le paiement des intérêts de retard.

Le délai pour agir en justice est de 5 ans, en application de l’article 2224 du Code civil.

4. Comment prouver que l’assureur a bien reçu ma demande de résiliation ?

Pour que la demande soit opposable à l’assureur, il est impératif d’envoyer la lettre de résiliation en recommandé avec accusé de réception. Cette précaution permet de prouver la date de réception, ce qui fait courir le délai d’un mois prévu par la loi Hamon, ou celui applicable selon le type de résiliation (à échéance, suite à un changement de situation, etc.). En l’absence d’accusé de réception, l’assureur pourrait contester la validité ou la date de réception de la demande. Il est donc essentiel de conserver les justificatifs d’envoi et de réception.

5. L’assureur doit-il rembourser une partie de la prime après résiliation ?

Oui, si la prime annuelle a été réglée en une seule fois, l’assureur est tenu de rembourser la part de prime correspondant à la période non couverte par l’assurance, à compter de la date effective de résiliation. Ce remboursement s’impose dans le cadre d’une résiliation anticipée légale (loi Hamon, changement de situation, résiliation à échéance en bonne et due forme). Le refus de restituer les sommes indues expose l’assureur à des sanctions civiles, notamment le paiement d’intérêts de retard et, en cas de préjudice avéré, de dommages et intérêts. L’assuré peut alors en demander judiciairement la restitution en saisissant le tribunal compétent.

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