Travail

Retards et absences liés à la neige : ce que dit la loi

Estelle Marant
Collaboratrice
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Intempéries : comment gérer travail et rémunération en cas de neige

Chaque année, l’arrivée de la neige et du verglas perturbe la vie quotidienne de nombreux travailleurs. Routes impraticables, transports en commun interrompus, dangers liés aux intempéries : ces situations exceptionnelles soulèvent des questions importantes sur les droits des salariés et les obligations des employeurs. Pouvez-vous être sanctionné en cas de retard ou d’absence ?

Votre salaire peut-il être impacté ? Quelles solutions sont envisageables, comme le télétravail ou l’exercice du droit de retrait ? Cet article fait le point sur les règles applicables et les dispositifs prévus par le Code du travail, afin de vous aider à mieux comprendre vos droits dans ces circonstances particulières.

Sommaire :

  1. Introduction
  2. Vos droits en cas d’absence ou de retard lié à la neige
  3. Impact de l’absence ou du retard sur la rémunération
  4. Possibilité d’aménagement des horaires de travail
  5. Recours au télétravail en cas d’intempéries
  6. Exercice du droit de retrait face à des conditions dangereuses
  7. FAQ

Quels sont vos droits si vous ne pouvez pas vous rendre au travail à cause de la neige ?

Force majeure et impossibilité de se rendre au travail

La neige est considérée comme un cas de force majeure lorsqu’elle est imprévisible, insurmontable et indépendante de votre volonté. Ainsi, si vous ne pouvez pas vous rendre au travail en raison de routes impraticables ou de l’interruption des transports en commun, votre absence ne peut pas être sanctionnée.

Cependant, il est impératif d’informer immédiatement votre employeur. À défaut, vous pourriez être accusé de manquement à votre obligation de loyauté.

Bonne foi exigée

Si vous habitez à proximité de votre lieu de travail ou si les conditions de transport restent acceptables, vous devez tout de même faire preuve de bonne foi. Un refus injustifié de travailler pourrait entraîner des sanctions disciplinaires, conformément à l’article L1331-1 du Code du travail.

Votre rémunération peut-elle être impactée en cas d’absence ou de retard ?

Retenue sur salaire

En cas d’absence ou de retard, votre employeur est en droit d’effectuer une retenue proportionnelle à la durée de l’absence, à condition qu’aucune disposition spécifique ne prévoit autrement.

Cette retenue doit être strictement encadrée et respecter les termes de l’article L3245-1 du Code du travail, qui impose que toute déduction soit en lien direct avec les heures non travaillées. Cette pratique exclut tout abus ou pénalisation excessive.

Dispositions plus favorables

Certaines conventions collectives ou accords collectifs peuvent offrir des conditions plus avantageuses aux salariés. Ces dispositions peuvent inclure un maintien intégral du salaire en cas d’intempéries qualifiées de force majeure, comme le prévoit le cadre général du Code du travail.

De plus, si l’employeur décide de vous placer en chômage partiel pour faire face aux intempéries, vous serez éligible à une indemnité d’activité partielle, calculée conformément à l’article R5122-1 du Code du travail. Cette indemnité permet de garantir une rémunération minimale malgré l’interruption de l’activité.

Dispositif "chômage intempéries"

Pour les salariés du bâtiment et des travaux publics (BTP), il existe un mécanisme spécifique appelé "chômage intempéries", prévu par l’accord national du 31 janvier 1968. Ce dispositif oblige l’employeur à indemniser les salariés lorsque les conditions météorologiques empêchent toute activité professionnelle. L’indemnisation vise à compenser intégralement ou partiellement la perte de salaire pendant cette période d’arrêt forcé.

Ce mécanisme est strictement encadré et financé par une cotisation patronale spécifique, qui assure une prise en charge adaptée aux réalités climatiques des métiers du BTP.

Points essentiels à retenir

  • Obligation de justification : Pour toute retenue, l’employeur doit apporter une justification claire et respecter les limites imposées par le Code du travail.
  • Recherche de solutions alternatives : En cas d’imprévus climatiques, privilégiez une discussion avec votre employeur pour explorer des alternatives, comme le télétravail ou un aménagement des horaires, afin de limiter l’impact financier.

En résumé, la législation offre un équilibre entre les droits des salariés et les contraintes des employeurs, tout en prévoyant des mécanismes adaptés aux cas spécifiques d’intempéries.

Pouvez-vous demander un aménagement de vos horaires de travail ?

Il est possible de négocier avec votre employeur un aménagement temporaire de vos horaires, notamment pour éviter les périodes les plus critiques sur les routes. En cas d’accord, ces ajustements peuvent inclure :

  • Une récupération des heures non travaillées.
  • Une imputation de l’absence sur vos jours de congés ou de RTT .

L’employeur peut également organiser une récupération collective des heures perdues, sous réserve de respecter les formalités prévues à l’article L3121-50 du Code du travail.

Le recours au télétravail est-il envisageable ?

Une solution face aux intempéries

En période d’intempéries, le télétravail peut être un outil efficace pour garantir la continuité de l’activité de l’entreprise tout en protégeant les salariés. Lorsqu’il devient difficile, voire impossible, de se rendre sur le lieu de travail en raison des conditions climatiques, l’employeur et le salarié peuvent convenir de cette organisation de travail exceptionnelle.

Une mise en œuvre simplifiée en cas de force majeure

Selon l’article L1222-11 du Code du travail, le télétravail peut être mis en place sans besoin de modifier le contrat de travail, dès lors qu’il s’agit d’une mesure rendue nécessaire par des circonstances exceptionnelles, telles que des événements de force majeure.

La force majeure est définie par son caractère imprévisible, irrésistible et extérieur, ce qui inclut les conditions climatiques extrêmes comme la neige ou le verglas.

Conditions à respecter

  • Décision unilatérale de l’employeur ou accord bilatéral : L’employeur peut proposer le télétravail de manière unilatérale, ou cela peut être convenu d’un commun accord avec le salarié.
  • Caractère temporaire : Le télétravail ainsi instauré doit être limité à la durée de l'événement perturbateur. Une prolongation non justifiée pourrait nécessiter un avenant au contrat de travail.
  • Outils de travail : L'employeur doit s'assurer que le salarié dispose des outils nécessaires pour télétravailler efficacement (ordinateur, connexion Internet, accès sécurisé aux outils de l’entreprise). Les frais éventuels engagés par le salarié peuvent, dans certains cas, être pris en charge par l’employeur.

Les bénéfices pour les deux parties

Pour le salarié, le télétravail permet de concilier sécurité et continuité d’activité, tout en évitant des retenues sur salaire liées à des absences. Pour l’employeur, il garantit la productivité et évite un arrêt complet des activités de l’entreprise, même dans des conditions climatiques difficiles.

En conclusion, le recours au télétravail en cas d’intempéries est une option légale, souple et bénéfique, qui s’inscrit pleinement dans les dispositions du Code du travail. Pour que cette solution soit pleinement efficace, une bonne communication entre l’employeur et le salarié reste primordiale.

Pouvez-vous exercer votre droit de retrait ?

Le droit de retrait  permet au salarié de se retirer d’une situation de travail qu’il juge dangereuse, notamment en cas d’exposition au froid extrême ou à des conditions climatiques inadaptées.

Ce droit s’applique surtout dans les métiers à risques, tels que ceux du BTP. Cependant, il doit être exercé de manière légitime et justifiée par un danger grave et imminent.

L’employeur a une obligation renforcée de sécurité et doit prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger ses salariés, en concertation avec le Comité social et économique (CSE).

En cas de désaccord avec votre employeur ou si vos droits ne sont pas respectés, vous pouvez obtenir des conseils juridiques sur defendstesdroits.fr, votre partenaire pour faire valoir vos droits au travail.

Conclusion

En période de neige et d'intempéries, il est essentiel de connaître vos droits et obligations afin de garantir une relation équilibrée avec votre employeur tout en protégeant votre emploi.

Informer rapidement votre employeur, adopter une attitude de bonne foi et explorer les solutions telles que le télétravail ou l’aménagement des horaires sont des clés pour naviguer ces situations sereinement.

Si des litiges subsistent, n’hésitez pas à faire appel à des ressources fiables comme defendstesdroits.fr pour obtenir des conseils juridiques adaptés à votre situation.

FAQ :

1. Puis-je être sanctionné si je ne peux pas me rendre au travail à cause de la neige ?
Non, vous ne pouvez pas être sanctionné si votre absence ou retard est directement lié à des conditions climatiques exceptionnelles, comme la neige ou le verglas. Ces situations sont reconnues comme des cas de force majeure, définis par leur caractère imprévisible, irrésistible et indépendant de votre volonté. Cependant, il est impératif d’informer votre employeur dès que possible. En revanche, si vous avez la possibilité de vous rendre au travail sans risque majeur et que vous ne le faites pas, vous pourriez être considéré de mauvaise foi, ce qui peut entraîner des sanctions disciplinaires.

2. Mon employeur peut-il déduire une partie de mon salaire si je suis absent en raison de la neige ?
Oui, en principe, votre employeur peut opérer une retenue proportionnelle à la durée de votre absence, sauf dispositions spécifiques dans votre contrat ou votre convention collective. Cette retenue est légale si elle respecte les termes de l’article L3245-1 du Code du travail, qui impose que toute déduction soit justifiée et équitable. Cependant, des exceptions existent :

  • Chômage partiel : Si votre employeur décide de vous placer en chômage partiel, vous aurez droit à une indemnité d’activité partielle prévue par l’article R5122-1 du Code du travail.
  • Chômage intempéries : Dans le secteur du BTP, l’employeur doit indemniser les salariés selon les dispositions spécifiques du dispositif "chômage intempéries".
    Vérifiez les accords collectifs applicables à votre entreprise, car certains prévoient un maintien de salaire en cas de force majeure.

3. Puis-je demander un aménagement de mes horaires en raison des intempéries ?
Oui, vous pouvez solliciter un aménagement temporaire de vos horaires pour éviter les heures les plus critiques sur les routes enneigées ou verglacées. Par exemple :

  • Arriver plus tard le matin ou partir plus tôt le soir.
  • Proposer une récupération des heures manquées pour éviter une retenue sur salaire.
  • Imputer les absences sur vos jours de congés payés ou vos jours de RTT, avec l’accord de votre employeur.
    Ces ajustements, prévus par les articles L3121-44 et suivants du Code du travail, permettent de limiter l’impact des intempéries tout en respectant les impératifs professionnels.

4. Le télétravail est-il une solution envisageable en cas de neige ?
Oui, le télétravail est une solution légale et pratique en cas d’intempéries rendant le déplacement domicile-travail dangereux ou impossible. L’article L1222-11 du Code du travail autorise l’employeur à instaurer temporairement le télétravail pour faire face à une situation de force majeure. Aucun avenant au contrat n’est requis si cette mesure est limitée dans le temps. Toutefois, l’employeur doit s’assurer que vous disposez des outils nécessaires pour travailler à distance (ordinateur, connexion Internet) et garantir la sécurité de vos données.

5. Puis-je exercer mon droit de retrait si les conditions climatiques mettent ma sécurité en danger ?
Oui, vous pouvez exercer votre droit de retrait si vous estimez que les conditions de travail vous exposent à un danger grave et imminent. Cela inclut des situations climatiques extrêmes, telles que le travail en extérieur par grand froid ou sur des routes verglacées non sécurisées. L’article L4131-1 du Code du travail protège les salariés dans ces cas, mais ce droit doit être exercé avec discernement.
L’employeur a une obligation de sécurité renforcée et doit prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger ses salariés, en consultant le Comité social et économique (CSE) et le médecin du travail si nécessaire.

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