Travail

Variole du singe en entreprise : quelles actions prendre face à un salarié infecté ?

Francois Hagege
Fondateur
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Comment gérer un cas de variole du singe parmi vos employés ?

Sommaire

  1. Introduction
  2. Caractéristiques du virus Mpox
  3. Les phases de développement de l'infection
  4. Comment réagir face à un salarié infecté ?
  5. Solutions pour maintenir l'activité pendant l'isolement
  6. Mesures de prévention et protocoles à renforcer dans l’entreprise
  7. FAQ

Avec la réémergence de la variole du singe (également connue sous le nom de virus Mpox) en France, les entreprises doivent se préparer à gérer de manière proactive tout cas potentiel parmi leurs salariés. Bien que l'incidence reste faible comparée à d'autres maladies infectieuses, la capacité du virus à se transmettre facilement, notamment en milieu professionnel, nécessite la mise en place de mesures sanitaires strictes.

En tant qu'employeur, vous avez l'obligation légale de garantir la sécurité et la santé de vos employés (article L. 4121-1 du Code du travail), ce qui implique non seulement une gestion rapide des cas de contamination, mais aussi une prévention efficace pour éviter toute propagation du virus au sein de vos équipes.

Quelles sont les caractéristiques du virus Mpox ?

Le virus Mpox, plus communément appelé variole du singe ou Monkeypox, est une infection virale zoonotique, c’est-à-dire qu’elle se transmet de l’animal à l’homme, principalement par des rongeurs ou d’autres mammifères, mais également entre êtres humains par contact direct avec les lésions cutanées, les fluides corporels ou des objets contaminés (vêtements, linge de lit, vaisselle, etc.).

Les manifestations cliniques principales du virus se traduisent par l’apparition de lésions cutanées douloureuses, sous forme de vésicules remplies de liquide. Ces vésicules peuvent apparaître sur différentes parties du corps, notamment sur le visage, dans les zones ano-génitales, ainsi que sur les extrémités comme les paumes des mains et les plantes des pieds.

Ces vésicules finissent par former des croûtes avant de cicatriser complètement. La présence de ces vésicules peut être particulièrement douloureuse et invalidante pour les personnes infectées.

En outre, les personnes infectées peuvent également présenter d'autres symptômes secondaires tels que :

  • Des épisodes de fièvre, souvent accompagnés de frissons ;
  • Des douleurs musculaires et articulaires, similaires à des courbatures ;
  • Des maux de tête persistants ;
  • Un gonflement des ganglions lymphatiques (sous la mâchoire, dans le cou ou dans l’aine), qui peut également devenir douloureux.

Ces symptômes sont caractéristiques de l'évolution du virus Mpox et nécessitent une vigilance particulière pour éviter la contamination d’autres individus, notamment au sein d’un environnement professionnel.

Le respect des mesures sanitaires et des gestes barrières est donc essentiel afin de limiter la propagation du virus.

Les phases de développement de l’infection

L’évolution de l’infection par le virus Mpox suit généralement trois phases distinctes :

  1. Période d’incubation : Cette phase dure entre 5 et 21 jours après l’exposition au virus. Pendant cette période, la personne infectée ne présente généralement pas de symptômes visibles, mais elle est déjà porteuse du virus.
    C’est une période critique car, bien que l'individu ne soit pas encore symptomatique, il peut commencer à être contagieux, en particulier s'il entre en contact direct avec des matériaux contaminés ou d'autres personnes.
  2. Phase aiguë : Cette phase débute avec l'apparition des premiers symptômes visibles et graves, tels que la fièvre, les maux de tête, et l’éruption de lésions cutanées. Ces symptômes apparaissent généralement durant 1 à 3 jours et peuvent s’accompagner de fatigue intense, de douleurs musculaires et articulaires, et d’un gonflement des ganglions lymphatiques.
    Les lésions cutanées, qui sont souvent douloureuses, commencent à se former sous forme de vésicules remplies de liquide.
  3. Phase de récupération : Cette dernière phase survient après la disparition des symptômes aigus. Elle dure généralement entre 2 à 4 semaines, selon la gravité des lésions et la réponse immunitaire de la personne infectée. Les vésicules se dessèchent progressivement et forment des croûtes avant de cicatriser complètement.
    La durée de cette phase peut varier, et dans certains cas, elle peut être prolongée si les lésions sont particulièrement profondes ou si le système immunitaire du patient est affaibli. Durant cette période, il est primordial de maintenir un isolement strict afin de prévenir toute nouvelle contamination.

Cette progression en trois étapes permet de comprendre la manière dont le virus affecte l'organisme et l’importance des mesures de prévention à chaque étape, notamment en entreprise.

Quelle réponse apporter en cas de détection d’un cas positif dans vos équipes ?

Lorsqu’un de vos salariés est diagnostiqué positif au virus Mpox, votre responsabilité légale en tant qu'employeur est immédiatement engagée, en vertu de l’obligation de sécurité prévue par l’article L. 4121-1 du Code du travail.

Cette disposition impose à l’employeur de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité et la protection de la santé physique et mentale des travailleurs. Face à une telle situation, il est impératif de réagir rapidement pour protéger l’ensemble des employés tout en respectant les droits de la personne infectée.

Procédure d'isolement et premières actions à mettre en œuvre

Dès que vous avez connaissance d’un cas de variole du singe au sein de votre entreprise, il est important de mettre en œuvre un isolement immédiat du salarié concerné. Celui-ci doit être retiré des locaux sans délai et encouragé à retourner à son domicile.

Une fois à domicile, il devra consulter son médecin traitant ou se rendre dans un centre gratuit d'information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) afin de confirmer le diagnostic et recevoir des conseils médicaux adaptés.

Durée de l'isolement

L’isolement à domicile doit être observé pendant une période minimale de 21 jours, conformément aux recommandations sanitaires en vigueur. Cette période peut être prolongée si les lésions de la personne infectée ne sont pas complètement cicatrisées à l’issue de ces 21 jours. Le salarié doit également prévenir ses contacts récents pour limiter la propagation du virus.

Durant cette période, il est essentiel de respecter des gestes barrières stricts au domicile, tels que :

  • Éviter tout contact physique avec d'autres personnes, même au sein du foyer ;
  • Porter un masque chirurgical en présence d'autres individus ;
  • Désinfecter régulièrement les surfaces touchées ;
  • Laver fréquemment les mains avec du savon ou du gel hydroalcoolique.

Cette période d'isolement doit être prise très au sérieux pour éviter une contamination de masse, surtout en milieu professionnel. Il est de votre devoir de veiller à ce que les salariés soient informés et protégés de manière adéquate.

Solutions pour maintenir l'activité durant l'isolement

Pendant la période d'isolement liée à l'infection par le virus Mpox, plusieurs options s'offrent à l'employeur pour maintenir la continuité de l'activité tout en respectant les droits du salarié.

La première solution consiste à recourir au télétravail, si l'état de santé du salarié le permet. En effet, si les symptômes ne sont pas trop invalidants, le salarié peut continuer à travailler à distance, conformément aux accords de télétravail ou aux règles internes en vigueur dans l’entreprise.

Le télétravail permet au salarié de rester productif tout en respectant les mesures d’isolement nécessaires pour éviter la propagation du virus. L'employeur doit veiller à mettre à disposition les outils et ressources nécessaires pour permettre au salarié de continuer ses missions depuis chez lui.

Recours à l'arrêt de travail

Si le salarié infecté n'est pas en mesure de télétravailler en raison de la gravité de ses symptômes, il doit alors être placé en arrêt de travail. Cet arrêt entraîne la suspension de son contrat de travail, conformément à l'article L. 1226-1 du Code du travail, qui précise que l’employé bénéficie d’une protection spécifique en cas de maladie.

Durant cette période, le salarié est dispensé de ses obligations professionnelles et peut se concentrer sur sa guérison.

L'employeur doit par conséquent s'assurer de respecter les droits du salarié, notamment en ce qui concerne le maintien de salaire, le droit à l'arrêt maladie et les formalités administratives associées.

Il est aussi essentiel d'organiser la répartition temporaire des tâches ou de mettre en place un remplacement pour assurer la continuité des activités de l'entreprise durant l'absence du salarié.

Ces mesures permettent de minimiser l'impact de l'isolement sur le fonctionnement de l’entreprise tout en garantissant que le salarié bénéficie des soins et du repos nécessaires pour sa récupération.

Mesures de prévention et protocoles à renforcer dans l’entreprise

Afin de limiter les risques de propagation du virus Mpox au sein de l’entreprise, il est essentiel de mettre en place et de renforcer les protocoles sanitaires.

Ces mesures sont non seulement indispensables pour protéger les employés, mais elles permettent également d’assurer la continuité des activités en minimisant le risque de contamination.

L'une des solutions de prévention consiste en la vaccination des personnes à risque avec le vaccin MVA-BN (également connu sous le nom d'Imvanex ou Jynneos).

Ce vaccin est recommandé pour les personnes particulièrement exposées, comme certains professionnels de santé ou ceux en contact direct avec des publics vulnérables. Toutefois, la vaccination seule ne suffit pas ; elle doit être accompagnée d'une stricte application des gestes barrières.

Prévention au sein de l'équipe

Pour prévenir efficacement la propagation du virus Mpox au sein de l’entreprise, il est impératif de mettre en œuvre les mesures suivantes :

  • Informer les salariés : Il est nécessaire que l'ensemble des employés soit informé sur les symptômes du virus, les moyens de transmission, et les comportements à adopter en cas de suspicion d’infection. Des formations ou des communications régulières doivent être organisées pour que chacun soit bien conscient des risques et des actions à entreprendre.
  • Renforcer l'hygiène des locaux : La désinfection régulière des surfaces partagées (poignées de portes, bureaux, espaces communs) doit être intensifiée. Il est recommandé d’utiliser des produits virucides efficaces pour limiter la survie du virus sur les surfaces.
  • Port du masque obligatoire : Dans les lieux clos ou partagés, le port du masque doit être rendu obligatoire, surtout si la distanciation physique ne peut pas être respectée. Cette mesure est essentielle pour éviter la transmission du virus par voie respiratoire ou par contact avec des surfaces contaminées.
  • Encourager l’hygiène personnelle : En plus des mesures d’hygiène collective, il est important d’encourager les salariés à adopter des gestes barrières individuels, comme le lavage fréquent des mains avec du savon ou du gel hydroalcoolique, et éviter de se toucher le visage.

Ces mesures de prévention sont indispensables pour protéger non seulement les salariés, mais aussi leurs familles et leurs contacts extérieurs. Elles permettent de limiter les interruptions de l’activité de l’entreprise tout en garantissant un environnement de travail plus sécurisé et sain.

Conclusion

La gestion d’un cas de variole du singe au sein de votre entreprise requiert une vigilance accrue et une réaction rapide pour protéger l’ensemble de vos salariés.

En tant qu’employeur, il est essentiel de mettre en place des protocoles sanitaires renforcés, de veiller à l’isolement immédiat du salarié infecté, et d’organiser le télétravail ou l’arrêt de travail selon son état de santé.

En parallèle, la prévention reste votre meilleur atout pour limiter la propagation du virus, notamment à travers la vaccination des personnes à risque, l’application des gestes barrières et la sensibilisation de vos équipes. Ces mesures, non seulement obligatoires au regard de la loi, sont également indispensables pour assurer la continuité de l’activité tout en garantissant un environnement de travail sûr et sain.

FAQ

1. Qu'est-ce que la variole du singe (Mpox) et comment se transmet-elle en entreprise ?
La variole du singe, aussi connue sous le nom de virus Mpox, est une infection virale qui se transmet principalement par contact direct avec des lésions cutanées infectées, des fluides corporels, ou des objets contaminés tels que des vêtements, du linge de lit, ou de la vaisselle. En entreprise, la transmission peut se produire si un salarié infecté entre en contact avec ses collègues ou partage des espaces ou équipements communs sans précautions adéquates. Le virus peut également se transmettre par des aérosols, surtout en cas de contacts rapprochés dans des lieux fermés.

2. Comment réagir si un salarié est diagnostiqué positif au virus Mpox ?
Lorsqu'un employé est testé positif à la variole du singe, l'employeur doit immédiatement le retirer de l'environnement de travail pour éviter toute contamination supplémentaire. Le salarié doit être isolé et conseillé de consulter son médecin traitant ou un centre de dépistage pour confirmer le diagnostic. L’isolement à domicile est impératif et doit durer au moins 21 jours à partir de l’apparition des symptômes. Si les lésions cutanées ne sont pas complètement cicatrisées à la fin de cette période, l'isolement doit être prolongé jusqu'à leur guérison totale. De plus, le salarié doit informer ses contacts récents pour qu'ils puissent se surveiller et éventuellement se faire vacciner.

3. Quelles mesures de prévention peuvent être mises en place en entreprise pour éviter la propagation du virus Mpox ?
L'employeur doit renforcer les mesures sanitaires pour éviter toute propagation du virus Mpox en entreprise. Parmi les actions prioritaires :

  • Informer les employés sur les symptômes et la transmission du virus, ainsi que les gestes à adopter en cas de suspicion de contamination ;
  • Mettre en place un protocole de désinfection régulière des surfaces partagées et des zones communes ;
  • Imposer le port du masque dans les espaces clos ou lorsque la distanciation sociale n'est pas possible ;
  • Fournir des produits désinfectants, notamment du gel hydroalcoolique, et encourager les salariés à se laver fréquemment les mains.

4. Le télétravail est-il obligatoire pour un salarié infecté par la variole du singe ?
Si l’état de santé du salarié lui permet de continuer à travailler, le télétravail doit être mis en place pendant toute la durée de l’isolement. Cela permet de garantir à la fois la sécurité des autres employés et la continuité des missions. Si le salarié est trop affecté par les symptômes, il devra être placé en arrêt maladie, ce qui suspendra temporairement son contrat de travail conformément à l'article L. 1226-1 du Code du travail.

5. Existe-t-il un vaccin contre la variole du singe et est-il recommandé en entreprise ?
Oui, le vaccin MVA-BN (Imvanex ou Jynneos) est disponible et recommandé pour les personnes à risque, notamment celles en contact fréquent avec des individus potentiellement infectés. Ce vaccin n'est pas encore généralisé à toute la population, mais les autorités de santé, comme la Haute Autorité de Santé (HAS), recommandent une vaccination préventive pour les groupes les plus exposés, tels que les professionnels de santé ou les personnes travaillant dans des environnements à haut risque. Il est également conseillé aux salariés ayant été en contact étroit avec un cas confirmé de se faire vacciner rapidement, idéalement dans les 14 jours suivant l'exposition.

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