Congés payés : Devez-vous avoir un minimum d'ancienneté pour les poser ?

Estelle Marant
Collaboratrice
2 minutes
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Congés payés : Devez-vous avoir un minimum d'ancienneté pour les poser ?

En France, les congés payés font partie intégrante des droits des salariés et sont régis par des règles précises prévues par le Code du travail. Cependant, une question revient fréquemment, notamment pour les nouveaux employés ou ceux en période d’essai : faut-il une ancienneté minimale pour poser des congés payés ? Cet article vous propose un tour d'horizon complet sur le sujet, en tenant compte des législations en vigueur et des particularités à connaître.

Le droit aux congés payés : une base légale

Tout salarié, quel que soit son contrat (CDI, CDD, intérim, etc.), a droit à des congés payés. Ces congés sont garantis par le Code du travail, plus précisément par l'article L. 3141-1. Ainsi, dès le premier jour d’embauche, un salarié commence à accumuler des droits à congés payés.

Chaque mois travaillé, un salarié acquiert en moyenne 2,5 jours ouvrables de congés payés. En conséquence, après 12 mois d’ancienneté, il bénéficie de 30 jours ouvrables, soit cinq semaines de congés payés par an.

L’accumulation des congés : pas de délai d’attente

Contrairement à certaines idées reçues, il n’est pas nécessaire d’attendre un certain nombre de mois ou d'années pour poser des congés payés. Les droits à congés commencent à s'accumuler dès l'embauche. En effet, la loi n’impose pas de condition d’ancienneté minimale pour bénéficier des congés payés. Cela signifie que, même un salarié nouvellement embauché commence immédiatement à gagner des jours de congés, à raison de 2,5 jours par mois.

Exemple : un salarié embauché en janvier pourra, dès le mois de juin, avoir acquis 15 jours ouvrables de congés payés (6 mois x 2,5 jours), qu'il pourra poser dans le cadre des périodes autorisées par l’employeur.

La période de référence : quand peut-on poser des congés payés ?

Le calcul des congés payés se fait en fonction d’une période dite de référence, qui s’étend généralement du 1er juin de l’année précédente au 31 mai de l’année en cours. Cela signifie que les congés acquis au cours de cette période sont en principe posables à partir du 1er juin de chaque année.

Toutefois, rien n'empêche l’employeur d’autoriser un salarié à prendre ses congés payés avant même la fin de la période de référence. C’est ce que l’on appelle parfois les congés par anticipation. Cette possibilité est laissée à la discrétion de l’employeur et doit être mentionnée dans le règlement intérieur ou le contrat de travail.

Congés payés et période d’essai : puis-je poser des congés pendant cette période ?

L’une des grandes interrogations des salariés récemment embauchés concerne la période d’essai. En effet, beaucoup se demandent s’il est possible de poser des congés payés durant cette période souvent délicate, où l’employeur et le salarié se testent mutuellement.

La réponse est positive : un salarié en période d’essai peut tout à fait poser des congés payés, dès lors qu’il a accumulé des droits suffisants. Toutefois, il est rare que cela soit conseillé, car l’employeur peut considérer cela comme un manque d’engagement ou de motivation. Poser des congés durant la période d’essai peut parfois être mal perçu, bien que cela soit légalement possible.

Les congés par anticipation : une exception

Les congés par anticipation permettent au salarié de prendre des jours de congés avant d'avoir accumulé suffisamment de droits. Cette mesure est possible uniquement si l'employeur l'accepte. Par exemple, un salarié embauché en septembre pourrait demander à poser une semaine de congé en décembre, alors même qu'il n'aurait théoriquement acquis que 7,5 jours de congés.

Cependant, l'employeur n'est pas tenu de répondre favorablement à une telle demande. La possibilité de prendre des congés par anticipation dépend du bon vouloir de l'employeur, et certains accords collectifs peuvent également prévoir des règles spécifiques sur ce point.

Y a-t-il des exceptions ? Le cas des contrats courts

Les salariés en contrat à durée déterminée (CDD), ou ceux qui travaillent de manière intermittente ou saisonnière, peuvent se poser des questions sur leurs droits en matière de congés payés. Contrairement aux idées reçues, ils bénéficient des mêmes droits que les salariés en CDI.

Pour les contrats de courte durée ou lorsque les congés ne peuvent pas être pris pendant le contrat, l'employeur verse au salarié une indemnité compensatrice de congés payés. Cette indemnité correspond à 10 % du total des rémunérations perçues pendant la durée du contrat. Elle permet de compenser l'impossibilité de prendre des jours de congés pendant la période d'emploi.

La fixation des dates de congés : un pouvoir partagé

Bien que les salariés aient le droit aux congés payés, la fixation des dates relève généralement du pouvoir de l'employeur. C’est ce dernier qui décide du moment où les congés peuvent être pris, tout en respectant certaines règles. L'article L. 3141-16 du Code du travail précise que l’employeur doit consulter les salariés sur leurs souhaits concernant les dates des congés, mais qu’il peut, en fonction des besoins de l’entreprise, imposer certaines périodes de prise de congés.

Ainsi, les salariés ne peuvent pas décider unilatéralement de partir en congé quand ils le souhaitent. Ils doivent obtenir l'accord de leur employeur, qui peut refuser ou décaler la prise de congés en fonction des impératifs de l'entreprise.

Cas particuliers : les congés payés et les arrêts de travail

Lorsqu'un salarié est en arrêt de travail (pour maladie, accident de travail, congé maternité, etc.), les règles d’acquisition des congés payés peuvent varier. Jusqu’en 2012, les salariés en arrêt de travail devaient souvent attendre la reprise de leur poste pour acquérir de nouveaux droits à congés.

Toutefois, depuis la décision de la Cour de justice de l’Union européenne en 2012, et conformément à l'article L. 3141-5 du Code du travail, un salarié en arrêt de travail pour maladie ou accident de travail continue d’acquérir des droits à congés payés. Cela signifie qu'il accumule des jours de congés, même s'il est en arrêt longue durée. À son retour, il pourra poser ses congés comme n’importe quel autre salarié.

Les conséquences de l'ancienneté sur la prise de congés

Bien que l'ancienneté n'ait pas d'impact direct sur le droit de poser des congés payés, elle peut influencer certains avantages connexes. Par exemple, dans certaines entreprises, les salariés disposant d'une ancienneté importante peuvent bénéficier de jours de congés supplémentaires, appelés "jours d’ancienneté". Ces jours sont généralement prévus par des accords collectifs ou des conventions collectives spécifiques à l'entreprise ou au secteur d'activité.

Ainsi, un salarié travaillant depuis plus de cinq ans dans une même entreprise pourrait bénéficier de jours supplémentaires au-delà des 30 jours ouvrables classiques, en fonction de la politique interne.

Conclusion : Faut-il une ancienneté pour poser des congés payés ?

En résumé, aucun minimum d’ancienneté n’est requis pour poser des congés payés. Dès l’embauche, chaque salarié commence à accumuler des droits à congés à raison de 2,5 jours par mois, qu’il pourra poser dès qu'il en aura accumulé suffisamment, dans le respect des périodes fixées par l'employeur. Toutefois, des exceptions peuvent exister, notamment pour les congés par anticipation, qui nécessitent l’accord de l’employeur.

Le droit aux congés payés est un acquis fondamental pour tous les salariés, et il est important de connaître les règles précises qui encadrent leur accumulation et leur utilisation. N’hésitez pas à consulter un expert en droit du travail si vous avez des questions spécifiques sur la gestion de vos congés payés au sein de votre entreprise.

FAQ - Congés payés : Devez-vous avoir un minimum d'ancienneté pour les poser ?

Est-il nécessaire d’avoir un minimum d’ancienneté pour poser des congés payés ?
Non, aucun minimum d'ancienneté n’est requis pour poser des congés payés. Dès l’embauche, vous commencez à accumuler des jours de congés à raison de 2,5 jours ouvrables par mois, que vous pouvez poser dès que vous en avez suffisamment acquis, sous réserve de l’accord de votre employeur.

Puis-je poser des congés payés durant ma période d’essai ?
Oui, un salarié peut poser des congés payés pendant la période d'essai, à condition d'avoir accumulé des droits suffisants. Cependant, il est préférable de bien évaluer le contexte, car cela pourrait être mal perçu par l’employeur.

Que se passe-t-il si je n’ai pas encore acquis assez de jours pour poser des congés ?
Dans ce cas, vous pouvez demander des congés par anticipation, mais cela nécessite l’accord de votre employeur. Cette option n'est pas automatique et dépend de la politique interne de l'entreprise.

Un salarié en CDD ou intérimaire a-t-il droit aux congés payés ?
Oui, les salariés en CDD ou en intérim bénéficient des mêmes droits que les salariés en CDI. Si le salarié ne peut pas prendre ses congés pendant son contrat, il reçoit une indemnité compensatrice de congés payés, équivalente à 10 % de sa rémunération brute totale.

Mon employeur peut-il m’imposer de prendre mes congés à certaines périodes ?
Oui, l’employeur peut imposer ou restreindre les périodes de prise de congés payés, en fonction des besoins de l’entreprise. Cependant, il doit respecter un délai de prévenance et consulter les salariés pour établir le calendrier des congés.

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