Dégradation du logement par le locataire : Quels recours ?

Jordan Alvarez
Editeur
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Dégradation du logement par le locataire : Quels recours pour le propriétaire ?

Lorsque des dégradations sont constatées dans un logement en cours de location, la question de la responsabilité se pose souvent. Est-ce au locataire ou au propriétaire de prendre en charge les réparations ? La réponse dépend de plusieurs facteurs, notamment la cause des dégradations et les obligations légales de chaque partie.

Négligence et manque d'entretien : la responsabilité du locataire

Le locataire a l'obligation de maintenir le logement en bon état pendant toute la durée de la location.

Cette obligation est prévue par l'article 7 de la loi du 6 juillet 1989, qui impose au locataire d'assurer l'entretien courant du logement et d'effectuer les réparations locatives nécessaires. Selon l'article 7(c), "le locataire est responsable des dégradations et pertes survenues pendant la durée du bail, sauf à prouver qu'elles ont eu lieu par cas de force majeure, par la faute du bailleur ou par le fait d'un tiers qu'il n'a pas introduit dans le logement".

Cela signifie que les dégradations causées par la négligence ou le manque d'entretien du locataire, telles que des trous ou des taches sur les murs, une porte enfoncée, une moquette brûlée ou un parquet abîmé, sont à la charge du locataire.

En outre, l'article 7(d) précise que le locataire est également responsable des dommages causés par les personnes qu'il héberge, invite, ou qui interviennent à sa demande, comme un artisan ou un autre professionnel mandaté pour réaliser des travaux.

Ainsi, toute dégradation commise par un tiers sous la responsabilité du locataire est imputable au locataire lui-même.

En cas de conflit concernant la responsabilité des dégradations, il incombe au locataire de prouver qu'il n'est pas à l'origine des dommages.

Par exemple, si une dégradation est due à une grosse réparation qui relève de la responsabilité du propriétaire, le locataire peut prouver que ces détériorations ne sont pas de son fait. Cette possibilité de se dégager de la responsabilité est en ligne avec l'article 1731 du Code civil, qui présume que le locataire a reçu le bien en bon état et doit le rendre tel à la fin du bail, à moins de prouver le contraire.

Vétusté : la responsabilité du propriétaire

Les dommages résultant de la vétusté, c'est-à-dire de l'usure naturelle due au temps et à l'utilisation normale du logement, sont à la charge du propriétaire. Selon l'article 1754 du Code civil, la vétusté est définie comme "l'état d'usure ou de détérioration résultant du temps ou de l'usage normal des matériaux et éléments d'équipement dont est constitué le logement".

Cela inclut, par exemple, les peintures dont la couleur a passé ou les revêtements de sols usés.

Même si ces réparations figurent sur la liste des réparations locatives établie par le décret n°87-712 du 26 août 1987, le propriétaire doit en assumer la responsabilité lorsqu'elles résultent de l'usure normale.

En effet, la loi considère que ces dégradations sont des conséquences inévitables du passage du temps, et non de la négligence du locataire.

Pour éviter les conflits concernant la vétusté, il est conseillé d'intégrer une grille de vétusté dans le contrat de location.

Cette grille, qui doit faire l'objet d'un accord collectif entre le propriétaire et le locataire, permet de définir la durée de vie théorique des matériaux et équipements du logement, ainsi qu'un coefficient de réduction annuel. Ces éléments sont utilisés pour ajuster les coûts de réparation en fonction de l'ancienneté des éléments concernés et du temps passé par le locataire dans le logement. En cas de litige, cette grille de vétusté offre une base objective pour déterminer la responsabilité de chaque partie et éviter des désaccords prolongés.

Cas de force majeure et cambriolage

Les dégradations causées par un cas de force majeure, comme une tempête, une inondation ou toute autre catastrophe naturelle, ne peuvent pas être imputées au locataire.

Selon l'article 1730 du Code civil, un cas de force majeure est un événement exceptionnel, imprévisible et irrésistible qui justifie l'exonération de la responsabilité d'une partie. Dans ce contexte, même si les réparations nécessaires figurent parmi les réparations locatives, le propriétaire doit en assumer la charge. Le locataire n'est pas tenu responsable des dommages causés par des circonstances qui échappent à son contrôle.

En cas de cambriolage, la situation est différente. Le locataire doit immédiatement contacter son assureur habitation pour déclarer les dommages subis. Selon le type de contrat d'assurance souscrit, l'assureur indiquera les démarches à suivre pour obtenir une indemnisation.

Les articles L113-2 et L113-3 du Code des assurances imposent au locataire de déclarer tout sinistre dans un délai de cinq jours ouvrés, sauf en cas de force majeure. Le locataire doit suivre les instructions de l'assureur, qui pourra demander des preuves des dommages, comme des photos ou des factures, pour évaluer le montant de l'indemnisation.

Que faire en cas de refus du locataire de prendre en charge les réparations ?

Si le locataire est responsable des dégradations et refuse de prendre en charge les réparations, le propriétaire dispose de plusieurs recours.

Conformément à l'article 22 de la loi du 6 juillet 1989, le propriétaire peut retenir tout ou partie du dépôt de garantie, dans la limite du montant des réparations nécessaires. Cette retenue doit toutefois être justifiée par des preuves des dommages, comme un état des lieux de sortie contradictoire, ainsi que par des devis ou des factures de réparations.

En cas d'absence d'état des lieux d'entrée ou de sortie, la présomption de responsabilité varie selon les circonstances.

Sans état des lieux d'entrée, l'article 1731 du Code civil présume que le locataire a reçu le logement en bon état et qu'il doit le restituer dans le même état, à moins qu'il ne prouve le contraire.

À l'inverse, sans état des lieux de sortie, le logement est présumé avoir été restitué en bon état, ce qui complique toute réclamation pour dégradation par le propriétaire.

Pour prévenir les litiges, il est essentiel de réaliser des états des lieux d'entrée et de sortie de manière rigoureuse et contradictoire, comme l'exige l'article 3-2 de la loi du 6 juillet 1989.

Ces états des lieux permettent de documenter l'état du logement à l'arrivée et au départ du locataire, fournissant ainsi des preuves claires en cas de désaccord sur les responsabilités en matière de dégradation. Un état des lieux bien réalisé protège à la fois le propriétaire et le locataire en cas de différend, en fournissant une base factuelle pour résoudre les conflits éventuels.

Conclusion

En matière de location, la gestion des dégradations peut rapidement devenir un sujet de contentieux entre propriétaire et locataire. Pour prévenir les conflits, il est crucial de bien comprendre les obligations légales de chaque partie et de s'assurer que toutes les démarches nécessaires, comme les états des lieux et l'intégration d'une grille de vétusté, sont effectuées correctement. Ainsi, en cas de dégradations, chacun saura précisément ce qu'il doit prendre en charge, en évitant les malentendus et les litiges.

FAQ : Dégradation du logement par le locataire - Questions fréquentes

1. Le locataire peut-il refuser de faire des réparations si les dommages sont causés par un tiers ?
Oui, le locataire peut refuser de faire des réparations si les dommages sont causés par un tiers qu'il n'a pas introduit dans le logement. Selon l'article 7 de la loi du 6 juillet 1989, le locataire n'est pas responsable des dégradations causées par des personnes extérieures à son foyer, sauf s'il les a introduites dans le logement. Dans ce cas, le locataire doit prouver que le tiers est à l'origine des dommages pour ne pas être tenu responsable.

2. Que se passe-t-il si un état des lieux n'a pas été effectué à la sortie du locataire ?
En l'absence d'état des lieux de sortie, le logement est présumé avoir été restitué en bon état par le locataire, conformément à l'article 1731 du Code civil. Cela signifie que le propriétaire ne peut pas réclamer des réparations pour des dégradations supposées, à moins qu'il ne puisse prouver que ces dégradations ont été causées par le locataire. Pour cette raison, il est fortement recommandé de réaliser un état des lieux de sortie pour éviter tout litige.

3. Le propriétaire peut-il exiger des réparations pour des dommages mineurs dus à l'usure normale ?
Non, le propriétaire ne peut pas exiger des réparations pour des dommages mineurs dus à l'usure normale du logement. Selon l'article 1754 du Code civil, les dégradations liées à la vétusté, comme la décoloration des peintures ou l'usure des revêtements de sol, sont à la charge du propriétaire. Ces dommages sont considérés comme une conséquence inévitable du temps et de l'utilisation normale du logement.

4. Quelle assurance couvre les dégradations en cas de cambriolage ?
En cas de cambriolage, le locataire doit se tourner vers son assurance habitation. Les articles L113-2 et L113-3 du Code des assurances précisent que le locataire doit déclarer le sinistre à son assureur dans un délai de cinq jours ouvrés. L'assureur indiquera ensuite les démarches à suivre pour obtenir une indemnisation en fonction du contrat souscrit. Le locataire doit fournir des preuves des dommages, comme des photos ou des factures, pour faciliter le processus de réclamation.

5. Que faire si le locataire refuse de payer pour les réparations après avoir causé des dégradations ?
Si le locataire refuse de payer pour les réparations après avoir causé des dégradations, le propriétaire peut retenir tout ou partie du dépôt de garantie, dans la limite du montant des réparations nécessaires, conformément à l'article 22 de la loi du 6 juillet 1989. Pour justifier cette retenue, le propriétaire doit fournir des preuves des dommages, telles que l'état des lieux de sortie et des devis ou factures de réparations. Si le litige persiste, le propriétaire peut saisir le tribunal d'instance pour obtenir une décision judiciaire.

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