Quels recours en cas de rupture de période d’essai après un arrêt maladie ?

Estelle Marant
Collaboratrice
3 minutes
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Fin de période d’essai après un arrêt maladie : quels recours pour le salarié ?

La période d’essai est une étape clé pour le salarié, permettant de valider l’adéquation entre son poste et ses compétences. Cependant, lorsque cette période est interrompue par un arrêt maladie, cela peut soulever des questions sur les droits du salarié et les possibilités de recours. Que faire si l’employeur décide de mettre fin à la période d’essai juste après un arrêt maladie ? Quels sont les droits et recours dont dispose le salarié dans cette situation délicate ? Cet article vous guide à travers les recours possibles pour les salariés.

1. La période d’essai : rappel des droits du salarié

La période d’essai est un mécanisme qui permet à l’employeur de tester les compétences du salarié dans son nouveau poste. De son côté, le salarié évalue si le poste correspond à ses attentes. Cette période est encadrée par des règles précises qui protègent aussi bien l’employeur que le salarié.

Article L. 1221-20 du Code du travail : La durée de la période d’essai dépend de la catégorie professionnelle du salarié. En règle générale, elle varie :

  • De 2 mois pour les ouvriers et employés,
  • À 3 mois pour les agents de maîtrise et techniciens,
  • Et jusqu’à 4 mois pour les cadres.

Pendant cette période, l’employeur peut décider de rompre le contrat de travail sans avoir à fournir de justification précise. Toutefois, cette rupture doit respecter un délai de prévenance, et le salarié bénéficie de certaines protections, notamment en matière de non-discrimination.

2. Arrêt maladie et période d’essai : quels sont les droits du salarié ?

Lorsqu’un salarié tombe malade pendant sa période d’essai, il bénéficie des mêmes droits que tout autre salarié. Cela signifie que son état de santé ne peut pas être utilisé contre lui, en particulier lorsqu’il s’agit d’une éventuelle rupture de la période d’essai. L’une des protections clés dont dispose le salarié dans ce contexte est la protection contre le licenciement discriminatoire fondé sur l’état de santé.

La législation française prévoit que toute décision de rupture de contrat de travail, même pendant la période d’essai, qui serait fondée sur l’état de santé du salarié, serait considérée comme une discrimination. Cette protection permet au salarié de contester la rupture si celle-ci semble liée à son arrêt maladie.

Suspension de la période d’essai : un principe protecteur

Lorsque le salarié est en arrêt maladie pendant sa période d’essai, celle-ci est automatiquement suspendue. Cela signifie que les jours d’absence pour maladie ne sont pas décomptés dans la durée de la période d’essai. Par exemple, si un salarié a une période d’essai de deux mois et qu’il est en arrêt maladie pendant deux semaines, sa période d’essai sera prolongée de deux semaines après son retour.

Article L. 1221-25 du Code du travail : Ce texte précise que la période d’essai est prolongée lorsque le contrat de travail est suspendu pour cause de maladie. Cela garantit que le salarié bénéficie du temps nécessaire pour prouver ses compétences, sans que l’arrêt maladie n’entrave son évaluation. Cette disposition permet d’assurer que le salarié ne soit pas pénalisé pour des raisons de santé, et qu’il dispose du temps complet initialement prévu pour sa période d’essai.

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3. Rupture de la période d’essai après un arrêt maladie : quels recours pour le salarié ?

Si, à la suite d’un arrêt maladie, un salarié constate que son employeur met fin à la période d’essai, il est naturel de s’interroger sur les véritables raisons de cette décision. La période d’essai offre une certaine liberté à l’employeur pour rompre le contrat sans motif particulier, mais cette liberté n’est pas absolue. Elle est encadrée par des règles strictes, notamment celles qui concernent la non-discrimination.

Le Code du travail, via son article L. 1132-1, interdit expressément toute mesure discriminatoire fondée sur l’état de santé. Cela signifie que l’employeur ne peut pas mettre fin à la période d’essai d’un salarié uniquement parce qu’il a été en arrêt maladie. Une telle rupture serait illégale et constituerait une discrimination.

En cas de rupture de période d’essai juste après un arrêt maladie, il est important de bien examiner les raisons invoquées par l’employeur. Si le salarié soupçonne que cette rupture est liée à son état de santé, il peut entamer des démarches pour contester cette décision.

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4. Les recours du salarié en cas de rupture abusive de la période d’essai

Lorsqu’un salarié estime que la rupture de sa période d’essai est abusive et qu’elle est liée à son arrêt maladie, il dispose de plusieurs moyens pour faire valoir ses droits.

a. Saisir le conseil de prud’hommes

Le principal recours du salarié consiste à saisir le conseil de prud’hommes. Cette juridiction est compétente pour juger les litiges liés au contrat de travail, y compris la rupture de la période d’essai. Si le salarié pense que la rupture est liée à son état de santé, il peut contester cette décision devant le conseil de prud’hommes.

La charge de la preuve repose sur l’employeur, qui devra démontrer que la rupture de la période d’essai est justifiée par des motifs légitimes, comme des performances insuffisantes ou un comportement inapproprié, et non par l’absence pour maladie. En cas de doute, le conseil de prud’hommes peut considérer que la rupture est discriminatoire.

Un arrêt de la Cour de cassation du 9 novembre 2016 a ainsi reconnu qu'une rupture de période d’essai liée à un arrêt maladie pouvait être discriminatoire, si l’employeur n’était pas capable de prouver que la rupture reposait sur d’autres raisons objectives (Cass. soc., 9 nov. 2016, n° 15-14.665).

Si vous envisagez de contester une rupture abusive de votre période d’essai, vous pouvez nous poser toutes vos questions sur defendstesdroits.fr pour savoir comment préparer votre dossier.

b. Demander des dommages et intérêts

Lorsque la rupture de la période d’essai est jugée abusive par le conseil de prud’hommes, le salarié peut obtenir des dommages et intérêts. Ces indemnités servent à compenser le préjudice subi par le salarié, que ce soit la perte de salaire, le manque à gagner, ou encore les difficultés à retrouver un emploi.

Le montant des dommages et intérêts est évalué en fonction du préjudice réel subi par le salarié, mais il peut aussi prendre en compte des aspects moraux comme l’impact psychologique de cette rupture.

c. Réintégration dans l’entreprise

Dans certains cas, lorsque la rupture est déclarée nulle en raison de son caractère discriminatoire, le salarié peut demander à être réintégré dans l’entreprise. Toutefois, cette option est peu courante dans le cadre de la rupture d’une période d’essai, mais elle est plus fréquemment utilisée dans les cas de licenciement abusif.

5. Conseils pour les salariés en cas de rupture de période d’essai après un arrêt maladie

Pour les salariés, il est essentiel de connaître leurs droits afin de contester une rupture abusive. Voici quelques conseils pratiques pour les salariés qui se trouvent dans cette situation :

  • Conserver toutes les communications écrites : En cas de contestation, il est crucial de garder une trace des communications avec l’employeur, notamment les échanges sur la prolongation de la période d’essai ou les évaluations effectuées avant l’arrêt maladie.
  • Documenter la période d’essai : Le salarié peut également demander à son employeur des évaluations écrites de ses performances pendant la période d’essai. Cela permettra de démontrer qu’il n’y a pas de lien entre la rupture et l’absence pour maladie.
  • Consulter un avocat spécialisé : En cas de doute, il est recommandé de consulter un avocat spécialisé en droit du travail. Ce dernier pourra conseiller le salarié sur la meilleure stratégie à adopter et l’accompagner dans ses démarches devant le conseil de prud’hommes.

Conclusion : recours des salariés après une rupture de période d’essai liée à un arrêt maladie

La fin de période d’essai après un arrêt maladie est un sujet sensible pour les salariés. Si l’employeur a le droit de mettre fin à la période d’essai, il ne peut le faire pour des raisons discriminatoires liées à l’état de santé du salarié. Les salariés ont des recours juridiques pour contester une rupture abusive, notamment en saisissant le conseil de prud’hommes et en demandant des dommages et intérêts.

Il est essentiel pour les salariés de connaître leurs droits et de s’assurer que la rupture de la période d’essai est justifiée par des motifs professionnels valables

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