Mon employeur ne me donne pas de travail : que faire ?
Que faire si votre employeur ne vous attribue pas de travail ? Les recours légaux
Il arrive que certains employeurs, délibérément ou par négligence, n’assignent pas de travail à leurs salariés.
Que vous vous retrouviez sans tâches à accomplir ou que celles-ci soient sans intérêt et loin de correspondre à votre poste, cela peut rapidement devenir une source de frustration.
Pire encore, cela peut affecter votre carrière et votre bien-être au travail. Mais sachez que ce type de situation n’est pas normal, ni acceptable, et que le droit du travail vous protège. Voici les solutions pour contester cette situation et connaître vos recours.
Les obligations de l’employeur en matière de travail
Dans le cadre d’un contrat de travail, l’employeur et le salarié sont tenus par un certain nombre d’obligations.
En tant que salarié, vous êtes engagé pour exécuter une mission précise, comme détaillée dans votre contrat. L’employeur, de son côté, doit vous fournir le travail convenu et respecter vos qualifications. Cela fait partie de l’obligation de bonne foi dans l’exécution du contrat de travail.
Bien que le Code du travail ne mentionne pas explicitement cette obligation de fournir du travail, la jurisprudence l'a clairement établie.
En effet, la Cour de cassation a jugé à plusieurs reprises que l'employeur doit garantir la fourniture effective de tâches correspondant au poste du salarié. Ne pas le faire expose l’employeur à des sanctions.
Le fondement juridique de l’obligation de fournir du travail
L’article 1103 du Code civil impose la force obligatoire des contrats, ce qui signifie que les parties, une fois engagées dans une relation contractuelle, doivent en respecter les termes. Cela inclut pour l'employeur l’obligation de fournir les missions mentionnées dans le contrat de travail. De plus, l’article 1194 du Code civil précise que les contrats doivent être exécutés de bonne foi, renforçant ainsi l’importance de cette obligation.
Si votre employeur vous laisse sans travail, cela peut constituer une faute contractuelle, ouvrant droit à des dommages-intérêts pour le préjudice subi.
Les risques pour le salarié en cas d'inaction
Si votre employeur vous demande de rester sans activité, il est essentiel de ne pas accepter passivement cette situation.
Ne pas contester cette absence de travail peut nuire à votre carrière et à vos perspectives d’évolution professionnelle. De plus, une longue période sans tâches à accomplir peut être perçue comme un désinvestissement de votre part, ce qui peut être préjudiciable en cas de restructuration ou d’évaluation professionnelle.
Attention aux risques d’abandon de poste
Si votre employeur vous demande de ne pas venir au travail sans justification, ne suivez pas cette consigne.
En effet, ne pas vous rendre au travail, même sur ordre verbal de votre employeur, peut être interprété comme un abandon de poste, et donc comme une démission présumée. Cela pourrait entraîner la perte de vos droits au chômage et à des indemnités de départ.
Que faire si vous n’avez plus de travail ?
Si vous êtes confronté à une situation où l’on ne vous attribue plus de tâches, ou si celles-ci sont sans intérêt, vous pouvez agir.
Voici les recours à votre disposition pour faire valoir vos droits et rétablir une situation de travail normale.
1. Prenez contact avec votre employeur
La première étape consiste à communiquer avec votre employeur. Il peut s’agir d’une simple erreur d’organisation ou d’un problème temporaire. Demandez une réunion pour discuter de la situation et clarifier vos missions. Profitez de cette opportunité pour rappeler les termes de votre contrat de travail et vos responsabilités professionnelles.
Si aucune solution n’est trouvée ou si votre employeur ne donne pas suite à votre demande, il est temps de passer à des actions plus formelles.
2. Faites un recours interne
Si la situation perdure et que votre employeur ne prend aucune mesure pour vous donner du travail, vous pouvez formaliser la situation par un courrier recommandé. Dans ce courrier, exposez la situation, rappelez vos droits en tant que salarié, et demandez à ce que des mesures soient prises pour vous fournir du travail correspondant à vos qualifications.
Ce courrier servira de preuve en cas de contentieux ultérieur et vous protégera si l’employeur tente de vous accuser d’inaction ou d’abandon de poste.
3. Prenez acte de la rupture du contrat de travail
Si, malgré vos efforts pour résoudre la situation, l’employeur ne vous donne toujours pas de travail, vous pouvez envisager de prendre acte de la rupture de votre contrat de travail. Cette procédure permet au salarié de rompre unilatéralement son contrat en raison de fautes graves commises par l’employeur. Ici, la faute serait l'absence persistante de travail.
Une fois cette décision prise, vous devrez saisir le Conseil de prud’hommes pour que celui-ci juge si la prise d’acte est justifiée. Si le Prud'homme vous donne raison, cette prise d’acte sera assimilée à un licenciement sans cause réelle et sérieuse, ce qui vous donnera droit aux indemnités de licenciement et éventuellement à des dommages-intérêts.
4. Saisissez le Conseil de prud’hommes
Si vous ne souhaitez pas aller jusqu’à la rupture de votre contrat, vous pouvez saisir le Conseil de prud’hommes afin de faire reconnaître que votre employeur ne respecte pas ses obligations contractuelles. Vous pourrez demander :
- La reprise normale de votre travail.
- Des dommages-intérêts pour préjudice subi.
Le Conseil pourra statuer sur la faute de l’employeur et vous accorder une compensation pour le manque à gagner et la dévalorisation professionnelle subie.
Quels risques pour l’employeur en cas d’inaction ?
Un employeur qui ne fournit pas de travail à ses salariés risque de graves sanctions.
En plus des dommages-intérêts qu’il pourrait être amené à payer, il peut également subir un contrôle des autorités compétentes. Le non-respect des obligations contractuelles est souvent considéré comme une faute grave, ce qui peut entraîner des pénalités pour l’entreprise.
De plus, si plusieurs salariés sont concernés, l’entreprise peut être accusée de pratiques abusives ou de mise au placard systématique, ce qui peut porter atteinte à sa réputation et générer des litiges collectifs.
Conclusion
Si votre employeur ne vous donne pas de travail ou vous assigne des tâches dévalorisantes, sachez que vous avez des recours pour défendre vos droits.
Ne laissez pas la situation s'enliser et prenez les mesures nécessaires pour contester ce comportement. Que ce soit par le biais d’une communication directe, d’une action en justice ou d’une prise d’acte de rupture, vous pouvez obtenir la reconnaissance de votre préjudice et faire respecter vos droits en tant que salarié.
N'oubliez pas que le Conseil de prud’hommes est là pour vous protéger en cas de non-respect des obligations contractuelles par votre employeur. Faites valoir vos droits et assurez-vous que votre travail est respecté, tant dans sa forme que dans son contenu.
FAQ :
1. Mon employeur ne me donne pas de travail, puis-je tout de même percevoir mon salaire ?
Oui, même si votre employeur ne vous confie pas de travail, vous avez toujours droit à votre rémunération. En vertu du principe de subordination, tant que vous êtes disponible pour travailler, vous devez être payé. L'employeur ne peut pas utiliser l'absence de tâches comme excuse pour ne pas vous verser votre salaire. C'est une violation des obligations contractuelles qui peut entraîner des pénalités en cas de litige devant le Conseil de prud'hommes.
2. Que faire si mon employeur me donne uniquement des tâches dévalorisantes ?
Si votre employeur vous assigne des tâches dévalorisantes ou éloignées de vos compétences professionnelles, vous pouvez le contester en invoquant le principe de qualification professionnelle. Vous avez le droit de réclamer que vos tâches correspondent à votre contrat de travail et à vos qualifications. Si l’employeur persiste, cela peut constituer une forme de harcèlement moral ou de mise à l'écart, ouvrant droit à des recours juridiques.
3. Combien de temps dois-je attendre avant de pouvoir saisir les prud’hommes ?
Il n’y a pas de délai minimal avant de pouvoir saisir le Conseil de prud’hommes. Toutefois, il est recommandé d’avoir documenté votre situation, par exemple en envoyant un courrier à votre employeur pour signaler le problème. Si, après plusieurs tentatives de résolution interne, la situation ne change pas, vous pouvez immédiatement saisir le Conseil pour faire valoir vos droits. Le Conseil pourra juger s’il y a eu faute de l’employeur.
4. Est-ce que je peux demander une indemnisation pour préjudice moral ?
Oui, vous pouvez demander une indemnisation pour préjudice moral si l'absence de travail vous cause un stress, une perte de motivation ou un isolement professionnel. La jurisprudence a reconnu que le fait de ne pas donner de travail ou d'attribuer des tâches insignifiantes peut entraîner un préjudice moral, donnant droit à une compensation financière.
5. Puis-je négocier une rupture conventionnelle dans ce cas ?
Si la relation avec votre employeur devient difficile à cause de l'absence de travail, vous pouvez essayer de négocier une rupture conventionnelle. Cette procédure permet de mettre fin à votre contrat de manière amiable, avec des indemnités et l'accès à l'allocation chômage. Une rupture conventionnelle est souvent plus rapide et moins conflictuelle qu’un licenciement ou une prise d’acte, tout en vous offrant une sécurité financière.
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