Responsabilité médicale : Que faire en cas d'erreur d’un professionnel de santé ?

Jordan Alvarez
Editeur
3 minutes
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Erreur médicale : Comment engager la responsabilité d’un professionnel de santé ?

L'erreur médicale peut avoir des conséquences graves pour les patients et leurs proches.

Dans certaines situations, ces erreurs peuvent engager la responsabilité du professionnel de santé ou de l'établissement médical concerné.

Cependant, il est essentiel de comprendre que toute erreur médicale ne constitue pas nécessairement une faute médicale justifiant une indemnisation. Pour que la responsabilité du professionnel de santé soit engagée, plusieurs critères doivent être remplis.

Sommaire :

  • Introduction
  • Qu'est-ce qu'une faute médicale ?
  • Les différents types d'erreurs médicales
  • Les recours en cas d'erreur médicale
  • FAQ : Informations complémentaires
  • Conclusion
  • Qu'est-ce qu'une faute médicale ?

    La notion de faute médicale est au cœur de la responsabilité des professionnels de santé. Ce concept repose sur le principe selon lequel un médecin est tenu de fournir des soins attentifs et conformes aux normes médicales en vigueur.

    Ce principe a été clairement établi par la jurisprudence, notamment par l'arrêt Mercier de la Cour de cassation en date du 20 mai 1936. Cet arrêt a reconnu la nature contractuelle de la responsabilité médicale, stipulant que le médecin a une obligation de moyens et non de résultat.

    Concrètement, cela signifie que le médecin doit mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour soigner le patient de manière consciencieuse et attentive, mais il n’est pas tenu de garantir la guérison.

    La responsabilité médicale du praticien est engagée si une faute est commise, causant un dommage au patient, à condition qu'un lien de causalité soit établi entre la faute et le dommage. Ce cadre juridique est également renforcé par les dispositions de la loi n° 2002-303 du 4 mars 2002, dite loi Kouchner, qui précise les conditions de la responsabilité médicale dans le Code de la santé publique à l'article L. 1142-1.

    Ainsi, pour qu’une erreur médicale engage la responsabilité du praticien, il faut prouver que le dommage subi par le patient est bien la conséquence directe d’une faute imputable au médecin ou à l’établissement de santé. Sans cette démonstration, il est difficile d'obtenir une indemnisation pour les préjudices subis.

    Les différents types d'erreurs médicales

    Les erreurs médicales peuvent être classées en plusieurs catégories, chacune ayant des implications spécifiques pour la responsabilité du professionnel de santé.

    La première catégorie est celle de la faute technique.

    Ce type d'erreur résulte d'un manquement aux règles de l'art médical, qui sont les normes et pratiques généralement acceptées dans la profession.

    Une faute technique peut se manifester de plusieurs manières, comme par une erreur de diagnostic, une faute dans la réalisation d'un acte médical, ou encore le choix d'un traitement inapproprié. Par exemple, si un médecin omet de diagnostiquer une maladie grave qui aurait dû être identifiée lors des examens standard, sa responsabilité pourrait être engagée pour faute technique.

    La deuxième catégorie est la faute contre l'humanisme.

    Cette faute concerne les manquements éthiques dans la relation entre le soignant et le patient.

    Un exemple classique de faute contre l'humanisme est l'absence de consentement éclairé avant de procéder à un acte médical.

    Le Code de déontologie médicale impose au médecin de recueillir le consentement libre et éclairé du patient après l'avoir informé des risques, des avantages, et des alternatives possibles à l'intervention. Si un acte médical est pratiqué sans ce consentement, le médecin peut voir sa responsabilité engagée pour violation des droits du patient.

    Enfin, le défaut d'information constitue une autre forme d'erreur médicale. Le médecin a une obligation légale d'informer son patient des risques liés à une intervention, des effets secondaires potentiels, et des alternatives thérapeutiques.

    Cette obligation d'information est inscrite dans les articles L. 1111-2 et suivants du Code de la santé publique.

    En cas de manquement à cette obligation, même si l'acte médical est techniquement bien réalisé, la responsabilité du médecin peut être engagée. Cela signifie que le patient a le droit d'être informé de manière claire et complète pour pouvoir consentir de manière éclairée à l'acte médical. Si ce n'est pas le cas, le médecin pourrait être tenu responsable des conséquences de cette insuffisance d'information.

    Les recours en cas d'erreur médicale

    Si vous pensez avoir été victime d'une erreur médicale, plusieurs voies de recours sont disponibles pour faire valoir vos droits et obtenir réparation.

    La première option est le recours amiable, qui consiste à tenter de résoudre le litige sans passer par la voie judiciaire. Cela peut être fait en sollicitant une expertise médicale indépendante, qui évalue les faits et les éventuelles fautes commises.

    Ce type de recours est souvent privilégié car il permet de trouver une solution plus rapide et moins coûteuse qu'une procédure judiciaire.

    Si le recours amiable n'aboutit pas ou si la situation l'exige, vous pouvez opter pour un recours judiciaire.

    Le choix du tribunal dépend du type d'établissement ou de professionnel impliqué. Si l'erreur médicale provient d'une clinique privée ou d'un médecin exerçant en libéral, il faudra saisir le tribunal judiciaire.

    En revanche, si l'erreur est imputable à un hôpital public ou à un praticien du secteur public, le tribunal administratif sera compétent. Le délai pour agir en justice est de dix ans à compter de la consolidation du dommage, c'est-à-dire du moment où l'état de santé du patient est considéré comme stabilisé.

    En complément de ces recours, la loi du 4 mars 2002, dite loi Kouchner, a instauré une procédure spécifique d’indemnisation pour les victimes de fautes médicales.

    Ce mécanisme permet d'obtenir réparation sans passer par les tribunaux, ce qui peut être particulièrement avantageux dans des situations comme les infections nosocomiales ou les accidents médicaux graves. Cette procédure offre une alternative efficace pour les patients qui souhaitent obtenir une indemnisation rapide et équitable, tout en évitant les contraintes d'un procès.

    FAQ :

    1. Quelles sont les obligations spécifiques d'un médecin en matière de suivi post-opératoire ?

    Le médecin a une obligation de suivi post-opératoire pour s'assurer que le patient récupère correctement après une intervention chirurgicale. Cette obligation inclut la surveillance des complications potentielles, l'ajustement du traitement en cas de besoin, et la fourniture d'informations continues au patient sur son état de santé. En cas de manquement à cette obligation, le médecin peut voir sa responsabilité engagée si le patient subit un dommage lié à un défaut de suivi.

    2. Quels recours sont disponibles si une erreur médicale survient à l'étranger ?

    Si une erreur médicale survient à l'étranger, les recours peuvent être plus complexes en raison des différences entre les systèmes juridiques. Cependant, il est possible d'engager des poursuites dans le pays où l'erreur a eu lieu, ou parfois dans le pays de résidence du patient, selon les conventions internationales. Il est recommandé de consulter un avocat spécialisé en droit international pour évaluer les options disponibles.

    3. Est-il possible d'obtenir une indemnisation en cas de faute médicale sans prouver une faute spécifique du médecin ?

    Oui, dans certains cas, notamment pour les infections nosocomiales ou les accidents médicaux graves, il est possible d'obtenir une indemnisation sans avoir à prouver une faute spécifique du médecin. La loi Kouchner de 2002 a mis en place un mécanisme d'indemnisation basé sur la solidarité nationale, permettant aux patients d'être indemnisés même en l'absence de faute démontrable, dès lors que le dommage est grave et imprévu.

    4. Comment se déroule une expertise médicale indépendante en cas de litige pour faute médicale ?

    Lorsqu'un patient demande une expertise médicale indépendante, un expert, souvent désigné par le tribunal, examine le dossier médical, rencontre le patient, et peut solliciter des examens complémentaires. L'expert rédige ensuite un rapport détaillant ses conclusions sur la présence ou non d'une faute médicale et sur les dommages subis. Ce rapport est essentiel pour orienter la suite des recours, que ce soit à l'amiable ou devant un tribunal.

    5. Quels sont les délais de prescription pour agir en cas d'erreur médicale constatée plusieurs années après l'intervention ?

    Le délai de prescription pour agir en cas d'erreur médicale est généralement de dix ans à compter de la consolidation du dommage. Toutefois, si l'erreur n'est découverte que plusieurs années après l'intervention, le délai commence à courir à partir de la date à laquelle le patient prend conscience du lien entre le dommage et l'erreur médicale.

    Conclusion

    L'erreur médicale engage parfois la responsabilité des professionnels de santé, mais pas systématiquement.

    Pour obtenir réparation, il est essentiel de prouver la faute, le dommage, et le lien de causalité. Les victimes disposent de plusieurs recours pour faire valoir leurs droits, qu'il s'agisse de procédures amiables, judiciaires, ou de recours spécifiques prévus par la loi.

    N'hésitez pas à nous contacter sur DefendsTesDroits.fr pour obtenir des conseils personnalisés et engager les démarches nécessaires.

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