Quelles sont les garanties légales lors de l’achat d’une voiture d’occasion ?

Estelle Marant
Collaboratrice
2 minutes
Partager

Achat d’une voiture d’occasion : Quelles garanties légales vous protègent ?

L’achat d’une voiture d’occasion, qu’il soit réalisé auprès d’un professionnel ou d’un particulier, peut être avantageux tout en comportant des risques. Pour sécuriser cette transaction, plusieurs garanties légales sont prévues par la législation française.

Ces protections, définies par le Code de la consommation et le Code civil, couvrent principalement la conformité du véhicule et la présence éventuelle de vices cachés. Dans cet article, nous vous détaillons ces garanties légales, leur champ d’application, et les recours possibles en cas de litige.

1. Les différents types de garanties légales

Lors de l’achat d’une voiture d’occasion, deux garanties légales majeures s’appliquent automatiquement : la garantie légale de conformité et la garantie contre les vices cachés. Ces protections diffèrent selon que vous achetez votre véhicule auprès d’un professionnel ou d’un particulier.

1.1 La garantie légale de conformité

La garantie légale de conformité, prévue à l’article L.217-4 du Code de la consommation, s’applique lorsque vous achetez un véhicule auprès d’un professionnel. Elle oblige le vendeur à livrer un bien conforme au contrat de vente. Cette garantie est valable pendant deux ans à compter de la remise du véhicule.

En pratique, cela signifie que la voiture doit correspondre à la description qui vous a été fournie et être en état de rouler sans défaut majeur. Si le véhicule présente un problème de fonctionnement dans les deux ans suivant l’achat, vous pouvez exiger une réparation ou un remplacement, ou à défaut, une réduction de prix ou une annulation de la vente. À noter que cette garantie ne s’applique pas pour les transactions entre particuliers.

Exemple pratique :

Si vous achetez une voiture d’occasion auprès d’un concessionnaire et que le moteur tombe en panne trois mois après l’achat sans raison apparente, le vendeur est tenu de réparer la voiture ou de vous proposer un remboursement partiel ou total. Cela ne sera pas le cas si le véhicule a été vendu « en l’état » par un particulier, sauf en cas de vice caché.

1.2 La garantie contre les vices cachés

La garantie contre les vices cachés, prévue à l’article 1641 du Code civil, s’applique aussi bien pour les transactions entre particuliers qu’entre un professionnel et un consommateur. Un vice caché est un défaut qui rend le véhicule impropre à l’usage auquel il est destiné, ou qui diminue tellement son utilisation que vous n’auriez pas acheté la voiture, ou en auriez donné un prix inférieur, si vous aviez été informé du défaut.

Cette garantie couvre les défauts qui ne sont pas apparents au moment de l’achat et qui se révèlent après coup. Elle s’étend sur une durée de deux ans à partir de la découverte du vice, mais il est possible de réclamer une compensation jusqu’à cinq ans après l’achat. Contrairement à la garantie de conformité, celle-ci nécessite de prouver que le défaut était présent au moment de la vente.

Exemple pratique :

Si vous découvrez, six mois après l’achat d’une voiture, que le châssis présente des traces de corrosion grave qui n’étaient pas visibles lors de l’achat et qui rendent le véhicule dangereux, vous pouvez demander l’annulation de la vente ou une réduction du prix, à condition de prouver que la corrosion existait déjà avant la transaction.

2. Les obligations du vendeur professionnel

En achetant une voiture d’occasion auprès d’un professionnel, vous bénéficiez d'une meilleure protection, car le vendeur est soumis à des obligations renforcées. En plus des garanties légales, un professionnel est tenu d’informer clairement l’acheteur sur l’état du véhicule, son kilométrage, son historique d’entretien, et les éventuels accidents qu’il a pu subir. Il doit également vous remettre un certificat de situation administrative, prouvant que la voiture n’est pas gagée.

Si ces obligations ne sont pas respectées, vous pouvez vous tourner vers la justice pour obtenir réparation. Le professionnel engage sa responsabilité en cas d’informations trompeuses ou d’omissions importantes.

Les recours en cas de non-respect des obligations :
  • L’action en garantie de conformité : si la voiture ne correspond pas à la description faite par le vendeur, vous pouvez invoquer cette garantie dans les deux ans suivant la vente.
  • L’action en garantie des vices cachés : si un défaut caché apparaît après l’achat, vous avez deux ans pour le signaler à partir de sa découverte, et jusqu’à cinq ans pour agir en justice.

3. Que faire en cas de litige ?

Si vous rencontrez un problème avec votre voiture d’occasion et que le vendeur refuse d’assumer ses responsabilités, plusieurs solutions s’offrent à vous.

3.1 Tentative de résolution à l’amiable

La première étape consiste à essayer de régler le litige à l’amiable avec le vendeur. Envoyez-lui une lettre recommandée avec accusé de réception dans laquelle vous exposez clairement le problème et demandez réparation, en vous basant sur les garanties légales en vigueur. Il est conseillé d’appuyer votre demande avec des preuves, telles que des factures, des expertises ou des photos du défaut.

3.2 Saisir un médiateur

Si aucune solution amiable n’est trouvée, vous pouvez saisir un médiateur de la consommation. Ce professionnel indépendant cherchera à trouver un compromis acceptable pour les deux parties. Ce recours est gratuit et relativement rapide, et peut éviter une procédure judiciaire.

3.3 Action en justice

En dernier recours, si le vendeur refuse toujours d’assumer ses obligations, vous pouvez porter l’affaire devant un tribunal compétent, généralement le tribunal d’instance ou le tribunal de grande instance en fonction du montant en jeu. Vous devrez prouver l’existence du vice ou de la non-conformité. Il est fortement recommandé de se faire accompagner d’un avocat spécialisé en droit de la consommation.

4. Conclusion

L’achat d’une voiture d’occasion, même s’il est courant, peut exposer à des risques non négligeables. Heureusement, le cadre légal français est solide et protège les consommateurs, que vous achetiez auprès d’un professionnel ou d’un particulier. La garantie légale de conformité et la garantie contre les vices cachés offrent des protections efficaces, mais il est crucial de connaître vos droits et d’agir rapidement en cas de problème. N’hésitez pas à vous entourer de professionnels du droit si vous rencontrez des difficultés.

FAQ - achat d’un véhicule d’occasion : quelles garanties ?

1. Quelle est la différence entre une garantie légale et une garantie commerciale ?
La garantie légale (de conformité et contre les vices cachés) est une protection prévue par la loi, dont l’application est obligatoire. Elle s’applique automatiquement dès l’achat du véhicule et ne peut être exclue. En revanche, la garantie commerciale est une garantie supplémentaire offerte par le vendeur ou le constructeur. Elle est généralement plus longue que la garantie légale et peut couvrir des éléments spécifiques (comme certaines pièces ou l’assistance). Cette garantie est souvent payante ou incluse dans une offre promotionnelle.

2. Que se passe-t-il si j’achète une voiture d’occasion avec un contrôle technique périmé ?
Lors de l'achat d'une voiture d'occasion, si le véhicule a plus de 4 ans, le vendeur est tenu de fournir un contrôle technique valide, effectué moins de 6 mois avant la vente (article R323-25 du Code de la route). Si vous achetez une voiture avec un contrôle technique périmé, vous pouvez exiger du vendeur qu'il réalise le contrôle à ses frais. En cas de refus ou de non-respect, vous pouvez annuler la vente.

3. Peut-on invoquer une garantie légale sur un véhicule acheté en l’état ?
Oui, même si un véhicule est vendu "en l’état", la garantie contre les vices cachés s’applique toujours (article 1643 du Code civil). Cela signifie que si vous découvrez un défaut majeur qui n’était pas apparent lors de la vente, vous pouvez demander réparation. Cependant, cette mention "en l’état" peut indiquer que le vendeur souhaite exclure une partie de sa responsabilité, notamment pour les défauts visibles lors de l’achat.

4. Combien de temps ai-je pour signaler un vice caché après avoir acheté une voiture d’occasion ?
Vous avez un délai de deux ans à partir du moment où vous découvrez le vice pour engager une action en justice contre le vendeur (article 1648 du Code civil). Néanmoins, cette action doit être intentée dans les cinq ans suivant la date d’achat. Au-delà de ce délai, il sera difficile de prouver que le défaut existait au moment de la vente.

5. Quelles sont les protections spécifiques lors d'un achat auprès d’un mandataire automobile ?
Les mandataires automobiles sont des intermédiaires qui achètent des véhicules à l’étranger pour les revendre en France. Ils sont tenus des mêmes obligations que les concessionnaires, à savoir : fournir des informations claires sur l’état du véhicule, respecter la garantie légale de conformité et contre les vices cachés. En plus, vous devez vous assurer que le véhicule est bien immatriculé en France et que le certificat de conformité européenne est fourni.

6. Puis-je me rétracter après l’achat d’une voiture d’occasion ?
Le droit de rétractation de 14 jours ne s’applique pas aux ventes de voitures d’occasion réalisées en face à face avec un particulier ou un professionnel (vente en magasin). Toutefois, si l'achat a été effectué en ligne, à distance ou suite à un démarchage à domicile, vous pouvez bénéficier du droit de rétractation dans les 14 jours suivant la livraison du véhicule, conformément à l’article L221-18 du Code de la consommation.

7. Que faire si l’ancien propriétaire n’a pas réalisé les démarches d’immatriculation ?
L’ancien propriétaire est responsable de déclarer la vente du véhicule à la préfecture. Vous disposez ensuite d’un délai d’un mois pour faire immatriculer le véhicule à votre nom (article R322-5 du Code de la route). Si l’ancien propriétaire n’a pas respecté ses obligations, cela pourrait compliquer vos démarches, mais vous pouvez toujours les effectuer en ligne via le site de l’Agence Nationale des Titres Sécurisés (ANTS).

8. Un particulier peut-il être tenu de fournir une facture lors de la vente d'une voiture d’occasion ?
En principe, un particulier n'est pas obligé de fournir une facture lors de la vente d'une voiture d’occasion. Cependant, il est vivement recommandé de rédiger une attestation de vente ou un certificat de cession, qui précise les termes de l’accord, le prix et la date de la vente, pour éviter tout litige ultérieur.

9. Quels sont les recours si la voiture achetée est volée ou gagée ?
Avant d’acheter une voiture d’occasion, vous devez vous assurer que le véhicule n’est pas gagé ou volé. Vous pouvez obtenir cette information grâce au certificat de non-gage ou certificat de situation administrative, que le vendeur est censé vous remettre. Si vous découvrez après l’achat que la voiture est gagée, vous pouvez demander l’annulation de la vente. Si le véhicule est volé, il sera saisi par les autorités et vous devrez engager des poursuites contre le vendeur.

10. Que faire si le vendeur refuse de réparer un défaut couvert par la garantie légale ?
Si le vendeur refuse de procéder à la réparation d’un défaut couvert par la garantie légale, commencez par lui envoyer une lettre recommandée avec accusé de réception, rappelant vos droits. Si aucune solution n’est trouvée, vous pouvez saisir un médiateur de la consommation ou, en dernier recours, porter l’affaire devant un tribunal compétent (tribunal judiciaire ou de proximité, selon le montant en litige).

Vous avez un problème juridique ?

Contactez-nous

Retrouvez-nous sur les réseaux !

Retrouvez nos vidéos tous les jours, sur nos réseaux sociaux, pour éviter les arnaques du quotidien ensemble !