Travail dissimulé : Que risque votre employeur ?

Estelle Marant
Collaboratrice
3 minutes
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Travail au noir : quels sont les risques pour le salarié et l’employeur ? Quelles sont les sanctions encourues ?

En tant qu’employeur ou salarié, le travail au noir peut sembler tentant pour économiser sur les charges sociales et fiscales. Cependant, cette pratique présente de nombreux risques et peut entraîner des sanctions sévères en cas de contrôle. Cet article détaille les conséquences pour les employeurs et les salariés, ainsi que les sanctions encourues.

Sommaire

  1. Qu’est-ce que le travail au noir ? Qui est concerné ?
  2. Sanctions du travail au noir pour les employeurs
  3. Sanctions pénales
  4. Sanctions administratives
  5. Redressement des cotisations sociales
  6. Travail au noir : les risques pour le salarié
  7. Conclusion
  8. FAQ

Qu’est-ce que le travail au noir ? Qui est concerné ?

Le travail dissimulé, couramment appelé travail au noir, consiste à ne pas déclarer l’emploi d’une personne rémunérée aux administrations concernées (Urssaf, impôts, assurance maladie, Caf, Pôle emploi…). Cette pratique peut être observée dans les entreprises comme dans les services à domicile (garde d’enfants, petits travaux, etc.). En ne déclarant pas ces activités, employeurs et employés évitent de payer les cotisations sociales et fiscales obligatoires.

Sanctions du travail au noir pour les employeurs

Les employeurs qui recourent au travail dissimulé s'exposent à des risques importants, notamment des sanctions pénales et administratives.

Sanctions pénales

En cas de contrôle, l'employeur risque une sanction pénale pour travail dissimulé. Ces sanctions sont sévères et varient selon la gravité et les circonstances de l’infraction.

Peines principales

  • Emprisonnement et amende : L'employeur peut être condamné jusqu'à 3 ans d’emprisonnement et à une amende de 45 000 euros. Ces sanctions reflètent la gravité de la fraude sociale et fiscale que représente le travail dissimulé.

Cas aggravés

Certaines circonstances aggravent les sanctions :

  • Travail de personnes vulnérables : Si le travail dissimulé concerne une personne mineure, vulnérable ou dépendante, la peine peut être portée à 5 ans d’emprisonnement et à une amende de 75 000 euros. Cette aggravation vise à protéger les personnes les plus susceptibles d'être exploitées.
  • Emploi d’étrangers sans permis de travail : Employer des étrangers sans permis de travail entraîne les mêmes peines aggravées de 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. Cette disposition vise à lutter contre l’exploitation des travailleurs sans-papiers.

Peines complémentaires

En plus des peines principales, l’employeur peut se voir infliger des sanctions complémentaires qui ont un impact direct sur son activité professionnelle :

  • Interdiction d’exercer une activité professionnelle : L'employeur peut être interdit d’exercer son activité professionnelle pendant une durée maximale de 5 ans. Cette sanction vise à empêcher l’employeur de récidiver.
  • Interdiction d’accéder aux marchés publics : Pour une durée de 5 ans, l’employeur peut être exclu de toute participation aux marchés publics, ce qui peut avoir des conséquences significatives sur son activité économique.
  • Confiscation de matériel professionnel : Le matériel utilisé pour l’exercice du travail illégal peut être confisqué, ce qui peut entraver l’activité de l’entreprise. La confiscation peut aussi s’étendre aux produits du travail dissimulé.
  • Publication du jugement : Le jugement peut être publié dans les journaux et sur le site internet du ministère du Travail. Cette mesure de publicité vise à dissuader d'autres employeurs de recourir au travail dissimulé en exposant les contrevenants publiquement.

Ces sanctions pénales et complémentaires illustrent la volonté des pouvoirs publics de lutter efficacement contre le travail dissimulé, en rendant les conséquences particulièrement lourdes pour les employeurs fautifs

Sanctions administratives

Les sanctions administratives sont indépendantes des sanctions pénales et peuvent inclure :

  • Remboursement des aides publiques perçues lors des 12 derniers mois.
  • Suppression des aides publiques pendant 5 ans.
  • Interdiction d’accéder aux marchés publics pendant 5 ans.
  • Fermeture administrative de l’établissement pour 3 mois maximum, décidée par le préfet avec confiscation du matériel professionnel.

Redressement des cotisations sociales

Lorsque l'employeur recourt au travail dissimulé, il échappe au paiement des cotisations sociales qui financent la sécurité sociale, l'assurance maladie, les allocations familiales et les retraites. En cas de contrôle, l’employeur doit régulariser ces cotisations non payées avec des majorations, selon des barèmes précis fixés par la loi.

Régularisation des cotisations

L’employeur doit s’acquitter des cotisations sociales non payées pour toute la période durant laquelle le travail au noir a été pratiqué. Cette régularisation est calculée sur une base forfaitaire, et les montants à payer sont augmentés de majorations en fonction de la gravité de la situation.

Montants de base et majorations

  • Base forfaitaire standard : Le montant du redressement est calculé sur une base forfaitaire de 11 592 euros par salarié concerné. Cette somme est ensuite majorée de 25 %.
    • Exemple : Pour un employé dissimulé, l’employeur devra payer 11 592 euros + 25 %, soit un total de 14 490 euros.
  • Cas aggravés : Si l'employeur a employé plusieurs personnes, des mineurs, des personnes vulnérables, ou a commis ce délit en bande organisée, la base forfaitaire est augmentée à 18 547 euros par salarié, majorée de 40 %.
    • Exemple : Pour un employé dissimulé dans ces conditions, l’employeur devra payer 18 547 euros + 40 %, soit un total de 25 965,80 euros.

Majorations pour récidive

En cas de récidive dans les cinq années suivant un premier redressement, les taux de majoration sont encore plus élevés :

  • Majorations après une première infraction : Si l’employeur récidive après avoir déjà été sanctionné, la majoration pour la deuxième infraction peut atteindre :
    • 45 % si la majoration du premier redressement était de 25 %.
    • 60 % si la majoration du premier redressement était de 40 %.
    • Exemple : Si un employeur récidiviste avait une majoration initiale de 25 % sur une base forfaitaire de 11 592 euros, la nouvelle majoration de 45 % s'appliquera, ce qui signifie qu'il devra payer 11 592 euros + 45 %, soit un total de 16 808,40 euros par salarié concerné.

Délai de paiement

L'employeur dispose d'un délai de cinq ans pour régler le redressement des cotisations. Si le paiement ou la présentation d’un calendrier de paiement est effectué dans les 30 jours suivant la notification, le taux de majoration est réduit de 10 points.

Conséquences financières

Le redressement des cotisations sociales peut représenter une charge financière très lourde pour l’employeur, particulièrement en cas de récidive ou de situations aggravantes. La mise en conformité avec les obligations sociales et fiscales est donc essentielle pour éviter des sanctions financières sévères.

Travail au noir : les risques pour le salarié

Les risques pour les salariés travaillant au noir sont moins importants que pour les employeurs, mais ils existent tout de même. Travailler sans être déclaré peut avoir des conséquences financières et juridiques significatives pour le salarié.

Remboursement des prestations sociales ou des allocations chômage

Un salarié non déclaré ne peut pas déclarer ses revenus officiels, ce qui peut fausser son éligibilité aux prestations sociales telles que le RSA (Revenu de Solidarité Active) et les allocations logement, ainsi qu'aux allocations chômage. En cas de découverte du travail dissimulé, les administrations publiques (CAF, Pôle emploi, etc.) peuvent réévaluer la situation du salarié et exiger le remboursement des sommes perçues indûment.

  • Remboursement des prestations : Le salarié devra rembourser les prestations sociales (comme le RSA ou les allocations logement) qu'il a reçues à tort. Ce remboursement peut inclure des pénalités financières pour retard ou fraude.
  • Remboursement des allocations chômage : Si le salarié a perçu des allocations chômage en parallèle de son activité non déclarée, il devra rembourser ces sommes à Pôle emploi, souvent avec des intérêts de retard.

Sanctions complémentaires par la CAF ou Pôle emploi

En cas de fraude avérée liée au travail au noir, les organismes tels que la CAF (Caisse d'Allocations Familiales) et Pôle emploi peuvent imposer des sanctions supplémentaires au salarié fraudeur :

  • Inscription sur la base nationale fraude des CAF : Le salarié peut être inscrit sur cette base pendant 3 ans, ce qui rendra plus difficile toute tentative de fraude future.
  • Assignation en justice : En cas de fraude aux allocations familiales, le salarié peut être assigné en justice et risquer jusqu'à 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.
  • Radiation et suppression des allocations chômage : En cas de fraude aux allocations chômage, le salarié peut être radié de la liste des demandeurs d’emploi pour une durée de 6 à 12 mois et se voir supprimer ses allocations chômage. De plus, il peut encourir jusqu'à 2 ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.

Conséquences financières et juridiques

  • Absence de protection sociale : Travailler au noir signifie également que le salarié n'est pas couvert par les systèmes de protection sociale. En cas de maladie, d'accident du travail, ou de besoin de chômage, le salarié ne pourra pas bénéficier des indemnisations ou protections habituelles.
    • Chômage : Le salarié ne cotise pas à l’assurance chômage, donc aucune période de travail non déclarée ne compte pour l’obtention de droits au chômage.
    • Retraite : Les périodes de travail au noir ne sont pas prises en compte pour le calcul des droits à la retraite, ce qui peut entraîner une réduction significative de la pension de retraite future.
    • Assurance maladie : En cas de maladie, le salarié ne pourra pas bénéficier des remboursements des soins médicaux ou des indemnités journalières prévues par l’assurance maladie.

Absence de couverture sociale

Un salarié non déclaré n’a pas de couverture sociale. En cas de maladie, d’accident du travail, ou de chômage, il ne bénéficie d’aucune protection :

  • Chômage : Pas de cotisation à l’assurance chômage, pas de droits au chômage.
  • Retraite : Les périodes de travail au noir ne sont pas comptabilisées pour la retraite.
  • Maladie : Pas de couverture médicale en cas de maladie.

Conclusion

Le travail au noir peut sembler une solution attrayante pour économiser sur les charges sociales et fiscales, mais les risques sont considérables pour les employeurs et les salariés. Les sanctions pénales, administratives, et les risques financiers en cas d’accident de travail ou de contrôle sont lourds. Il est crucial de respecter les lois du travail pour éviter ces conséquences et garantir une protection sociale à tous les salariés.

Pour plus d’informations sur vos droits et obligations, consultez notre site DefendsTesDroits.

FAQ Supplémentaire

1. Quels sont les risques financiers pour un salarié en cas de travail au noir ?Les salariés travaillant au noir risquent des remboursements de prestations sociales ou d’allocations chômage perçues indûment, assortis de pénalités financières. En cas de découverte de travail dissimulé, ils peuvent également devoir rembourser des impôts et perdre des droits futurs à des prestations sociales.

2. Comment un salarié peut-il se protéger contre les risques du travail au noir ?Pour se protéger, un salarié doit toujours s’assurer que son emploi est déclaré aux administrations concernées (Urssaf, impôts, assurance maladie, Caf, Pôle emploi…). Le salarié peut vérifier auprès de ces organismes si ses cotisations sont bien versées et s’il est couvert par les assurances sociales.

3. Quelle est la procédure en cas de litige pour travail au noir ?En cas de litige, le salarié peut saisir le conseil des prud’hommes pour demander la régularisation de sa situation et le paiement des salaires dus. Il peut également solliciter l’inspection du travail pour signaler les pratiques illégales de l’employeur.

4. Quelles sont les conséquences sur la retraite pour un salarié travaillant au noir ?Les périodes de travail non déclarées ne sont pas prises en compte pour le calcul des droits à la retraite. Cela peut entraîner une réduction significative de la pension de retraite future, car le salarié ne cotise pas pour ces périodes de travail.

5. Que faire si un salarié souhaite régulariser sa situation après avoir travaillé au noir ?Le salarié peut informer son employeur de son souhait d’être déclaré. Si l’employeur refuse, le salarié peut se tourner vers les syndicats, l’inspection du travail ou saisir les prud’hommes pour obtenir la régularisation de sa situation. Des services de médiation peuvent également aider à trouver une solution amiable.

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